Des professeurs contraints de démissionner du programme de lutte contre le harcèlement par manque de moyens

Depuis la rentrée 2024, le programme pHARe pour lutter contre le harcèlement scolaire s'intensifie. L'Éducation nationale forme maintenant ses personnels pour agir dans les établissements. Dans un collège à côté de Reims, les professeurs ont démissionné du programme faute de moyens financiers.

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Les établissements scolaires sont-ils assez armés pour lutter contre le harcèlement scolaire ? En France, 6% des collégiens seraient harcelés, selon une enquête nationale du gouvernement, publiée en 2023. Le 7 novembre 2024, journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, le président de la République avait déclaré "ne cédons rien", face à ce fléau.

Ce même jour, lors du conseil d'administration du collège La Source, à Rilly-la-Montagne (Marne), certains professeurs ont annoncé leur démission du programme pHARe, qui lutte contre le harcèlement scolaire. La raison : le manque de financement alloué à l'équipe éducative. Une information confirmée par le rectorat de Reims.

"Ils sont incapables de mettre les moyens financiers"

Depuis la rentrée 2024, le personnel de l’Éducation nationale est formé pour devenir des "équipes ressources" dans chaque établissement. Leur rôle est d'écouter les élèves victimes et de réagir au plus vite. En même temps, les élèves harceleurs sont sensibilisés à leurs actions pour changer leur comportement. Cette mission est principalement constituée de professeurs volontaires.

Quand les établissements signent la charte de ce programme, ils s'engagent entre autres à : former une équipe d’élèves-ambassadeurs, organiser 10 heures d’apprentissage annuelles pour les élèves du CP à la 3e et mettre en place un atelier de sensibilisation pour les familles et les parents.

Au collège La Source, ils étaient quatre : deux actifs et deux suppléants. "Cette démission est, à mon sens, la conséquence directe du manque de moyens et de reconnaissance pour l'exercice de ces missions cruciales", témoigne Mathieu Domon, élu représentant des parents d'élèves du collège, qui a assisté au Conseil d'administration. Il continue : "L'éducation nationale élabore des priorités nationales, dont le harcèlement fait partie, et en face, ils sont incapables de mettre les moyens financiers".

Faibles indemnités pour un fort investissement

Dans un courrier que Mathieu Domon a envoyé au rectorat et que nous avons pu consulter, il écrit : "Les Indemnités pour Missions Particulières (IMP) allouées aux personnels enseignants référents sont insuffisantes pour reconnaître l'ampleur et la complexité de cette mission". Une circulaire, en date d'aout 2021, stipule que la prévention du harcèlement doit bénéficier de moyens adaptés et d'une répartition budgétaire appropriée. Mais l'élu représentant des parents d'élèves du collège, alarmé par les conséquences de cette situation, dénonce les très faibles indemnités de ces professeurs par rapport à l'investissement exigé des personnels.

"La démission de ces référents compromet gravement le respect des obligations de l'établissement en matière de protection et de bien-être de nos enfants", souligne Mathieu Domon. La priorité nationale accordée à cette mission est en contradiction avec les moyens octroyés, créant un fossé entre les textes de loi et leur application dans les établissements. "Le soutien budgétaire insuffisant met en péril la continuité du programme pHARe et la capacité de notre établissement à prévenir efficacement le harcèlement scolaire", ajoute-t-il. Il conclut : "Cette situation accentue les risques de harcèlement scolaire. L’institution doit se remettre en question".

En cas de besoin, le numéro 3018 est disponible pour les victimes de harcèlement ou de cyberharcèlement.

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