Émeutes, catastrophes naturelles, pour les assureurs des communes, la facture s'allonge. Certains décident de résilier les contrats, d'autres augmentent les franchises, laissant des communes sans assurance. C'est le cas du Coteau dans la Loire qui a connu un violent épisode de grêle et se questionne sur son avenir.
Le mercredi 22 juin 2022, un violent orage de grêle a frappé le Roannais. Toitures percées, champs de maïs hachés, sécurisation en urgence, l'épisode météorologique a particulièrement frappé la commune du Coteau.
Plus d'assurance au 1ᵉʳ janvier
Un an et demi plus tard, la ville est toujours marquée. Le gymnase et la salle de spectacle vont être démolis. Au vu des réparations nécessaires et de leur coût, le choix a été fait de raser les deux bâtiments. Du côté de l'Espace des Marronniers, la salle de spectacle vieille d'une dizaine d'années, les travaux vont pouvoir bientôt commencer. "La commune en a eu pour trois millions et demi de dégâts, avec 500 000 € de reste à charge", calcule Sandra Creuzet-Taite, maire sans-étiquette du Coteau.
Problème, l'assureur a décidé de résilier unilatéralement le contrat et à partir de ce 1ᵉʳ janvier, la commune n'a plus d'assurance pour "les dommages au bien". Écoles, bâtiments associatifs, mairie, salles de sport, une cinquantaine de bâtiments communaux doivent être assurés sur la commune, mais aucun assureur ne s'est positionné suite à l'appel d’offres.
"Imaginez que dans six mois, j'ai un autre sinistre, comment on fait pour payer les réparations ? Si on a trois millions de dégâts et qu'on a un budget de fonctionnement d'environ 6 millions d'euros, comment peut-on payer ? Le budget de la collectivité peut-être en faillite."
Sandra Creuzet-Taite, maire sans-étiquette du Coteau
Des franchises qui augmentent
Si la commune bénéficie d'un sursis de six mois, puisque son ancienne assurance doit encore la couvrir, une solution doit être rapidement trouvée. "On a engagé une maîtrise d'ouvrage, qui a engagé une courtière en assurance pour nous trouver un assureur, mais ce sera à quel prix, s'inquiète l'élue. Notre peur, c'est de voir la franchise quadrupler ou quintupler."
Les problèmes d'assurance concernent plusieurs communes. Entre les émeutes, les catastrophes naturelles, les orages, la facture des travaux et réparation est colossale. Conséquence, les assurances n'hésitent plus à résilier unilatéralement leur contrat auprès des collectivités et les franchises explosent. "C'est une prise d'otage", s'exaspère la maire du Coteau.
Un problème national
En octobre 2023, une mission a été lancée par le gouvernement sur la question de l'assurance des communes, confiée à Alain Chrétien, maire de Vesoul et à Jean-Yves Dagès, ancien président de la fédération nationale Groupama. Lors du congrès des maires en novembre dernier, l'élu a tiré la sonnette d'alarme au micro de France bleu. "Il y a des assurances spécialisées dans les collectivités, qui aujourd'hui sont en train de se désengager massivement, les assureurs fuient les collectivités et ça ne peut pas continuer comme ça."
"Nous ne sommes pas des clients comme les autres. Quand on nous résilie un contrat, on empêche les véhicules d'astreinte de rouler, d'ouvrir les écoles, d'ouvrir les centres sociaux..."
Alain Chrétien, maire de Vesoul
Pour les communes, impossible de ne pas être assurées, en cas de sinistre, leur budget pourrait difficilement absorber le coût.