Pour lutter contre l'insécurité, la ville de Roanne dans la Loire a choisi de développer son réseau de vidéosurveillance. Aujourd'hui, l'agglomération compte près de 400 caméras, un dispositif qui a fait ses preuves selon la municipalité.
Dans le centre de protection urbain (CPU) de Roanne, un mur d'écrans se dresse devant les fonctionnaires de police. Ici, sont surveillées les quelque 350 caméras de Roanne, 27 à Riorges et 25 autres disséminées dans l'agglomération.
Il y a autant de caméras à Roanne qu’à Saint-Etienne, qui compte cinq fois plus d’habitants. Avec 34 415 habitants, la ville même compte donc environ 1 caméra pour 98 habitants.
Un dispositif assumé par le maire, Yves Nicolin (anciennement LR, aujourd'hui sans étiquette) : "l'une des demandes de nos concitoyens c'est la sécurité et la tranquillité, ces caméras nous permettent de retrouver des auteurs de faits délictueux et cela permet de dissuader même si cela ne règle pas tout."
Quatre millions d'euros
Ces caméras ont coûté quatre millions d'euros depuis 2014 sur un budget annuel d'environ 70 millions selon l'élu local. Chaque année, 200 000 euros sont investis dans leur fonctionnement et dans l'ajout d'autres dispositifs. Selon le maire et président de l'agglomération, Roanne serait l'une des villes moyennes les moins touchées par la délinquance.
En 2022 la ville de Roanne avait vu augmenter les atteintes volontaires à l’intégrité physique de 14,3 % et la délinquance sur la voie publique de 16 %, selon l'ancienne préfète de la Loire.
"Il y a une tendance à la baisse du taux de criminalité.", confirme l'actuel préfet de la Loire, Alexandre Rochatte. Pourtant, il faudra attendre ce 8 février pour connaître les chiffres officiels. Une diminution observée également en raison de l'installation, en décembre 2023, d'une deuxième équipe de la brigade anticriminalité. La première avait été réinstaurée en en janvier 2023 par Gérald Darmanin, après trois ans d'absence.
Ces images font l’objet de 500 réquisitions du procureur chaque année, pour résoudre différentes enquêtes. Une quinzaine de nouvelles caméras, toutes infrarouges, seront bientôt installées dans les halls d’immeubles d’un bailleur social, très demandeur du dispositif.
Des insuffisances
Dans son rapport sur les polices municipales en 2020, la Cour des comptes avait éplingé au niveau national les insuffisances de la vidéosurveillance face à un coût exorbitant. Une analyse qui n'a peu évolué depuis le début des années 2000, au moment de l'essor de la vidéoprotection dans les communes.
En 2020, les magistrats pointaient une absence de corrélation entre ces dispositifs et le taux de criminalité. "Au vu des constats locaux résultant de l’analyse de l’échantillon de la présente enquête, aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation.", écrivent-ils.
La Cour des comptes encourageait à nouveau les municipalités à fournir une évaluation des résultats produits par la vidéoprotection, surtout car le sujet est sensible dans l'opinion publique.