Tarare, Roanne ou L'Arbresle : foyers de radicalisation et terres de recrutement pour le djihad. Explications

Jérémie Choplin et Julien Bataille sont jugés par le tribunal correctionnel de Paris pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Les deux radicalisés étaient originaires de Tarare et Roanne. Ils étaient proches de Rachid Kassim, un djihadiste abattu en Irak.

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Julien Bataille, 42 ans, a grandi à Tarare, petite commune rurale de 11 000 habitants, dans le Rhône. Il est jugé devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, ce mardi 21 et mercredi 22 janvier pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Il jugé en même temps que Jérémie Choplin, 33 ans, un ligérien radicalisé. 
 
Basé à Roanne avant de rejoindre Dôle où il a été interpellé en 2016, Julien Bataille est soupçonné d'avoir converti plusieurs jeunes de la région. Lui-même a adhéré très tôt à l'Islam. C'était un jeune homme sans histoire selon le responsable de la mosquée de Tarare. Mais lorsque les premiers doutes sont apparus, il a été exclu du lieu de culte.
"Il avait des comportements plus salafistes, avec djellabas et barbe," selon Amar Bada, Président de l'association cultuelle de la mosquée de Tarare. "On avait tiré la sonnette d'alarme auprès de la gendarmerie, des services de renseignements généraux concernant M.Bataille," explique-t-il. Il a été fiché S. Outre les mosquées de Tarare et Roanne, il aurait côtoyé différentes mosquées de la région lyonnaise, comme celles de L'Arbresle ou de Bron.

Au même moment, à 40 km de Tarare, dans la Loire, Jérémie Choplin, 33 ans, sévissait dans la ville de Roanne. Ce prédicateur radicalisé est un enfant du pays. Il a été interpellé en 2016 alors qu'il sortait d'une mosquée. Pour Guven Bahar, secrétaire de l'association culturelle et cultuelle turque, il pourrait avoir cherché à recruter dans ce lieu de culte : "il a dû venir pour voir, pour surveiller, pour voir s'il pouvait faire quelque chose."

Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir eu des échanges avec un djihadiste originaire de Roanne, Rachid Kassim. Parti combattre dans la zone irako-syrienne, ce dernier a été abattu en Irak en 2017. De sinistre réputation, Rachid Kassim aurait inspiré plusieurs attentats en France dont la tuerie de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime. A Roanne et à Tarare, on cherche à oublier ce passé douloureux. 
 

Roanne, Tarare, L'Abresle ... foyer de djihadistes ?

Cela n'aurait rien d'étonnant à en croire Chems Akrouf, un ancien analyste de la Direction du renseignement militaire. "On sait que dans les petites communes ou les petites villes, lorsqu'il y a des gens en repli identitaire, ou en lien avec une idéologie islamiste ou djihadiste, ils ont tendance à utiliser des relais en local pour essayer d'identifier des gens susceptibles d'apporter du soutien logistique ou des candidats au djihad pour des passages à l'acte violent," explique-t-il.

Une information confirmée par David Vallat, un ancien djihadiste repenti. Il avait été recruté dans une ville moyenne de la région. Il va plus loin dans son interprétation du phénomène... "La vraie pauvreté aujourd'hui n'est pas dans les grands ensembles péri-urbains. Elle est à la campagne," explique David Vallat, "Pour peu que vous vous sentiez déclassé - objectivement ou de façon fantasmée - ça peut coller avec ce discours qui est un discours de rupture." Il précise : "le discours salafiste est un discours de rejet et de rupture de tout ce qui fonde nos valeurs".
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