Après le mouvement de grève du 13 décembre dernier, les livreurs de repas stéphanois (70 sur environ 200) ont remporté leur bras de fer contre Uber Eats. Ce dernier vient de s’engager à les rémunérer selon un horaire minimum garanti.
Ces augmentations étaient revendiquées par des livreurs qui disaient ne plus pouvoir tenir dans la situation actuelle où le temps de travail quotidien est passé de huit à une quinzaine d’heures, pour gagner la même chose. Désormais, la plateforme Uber Eats accordera 10 euros pour les courses comprises entre 11 h 30 et 12 h 30 à condition que deux livraisons au moins soient effectuées. Idem pour la soirée : 12 euros pour la tranche 19 h – 21 h. Pour eux, cela ne suffira pas : au-delà de ce minimum horaire, ils demandent un prix plancher par livraison. Ils le considèrent entre 4 et 5 euros. Pierre, fortement mobilisé avec une bonne soixantaine de collègues, est content, fier de ce qu’ils ont réussi à faire. « On n’y croyait pas du tout, on ne pensait pas qu’ils allaient répondre. C’était inespéré, mais maintenant ça prend un tour différent. De plusieurs villes, on nous appelle pour nous demander comment faire la même chose.»
Mais le succès a un goût amer à St Etienne : «On avait plusieurs revendications, mais ça fait que 25 % de ce qu‘on veut. On veut la suppression du système de notes sur Uber Eats. Parce que la possibilité pour les clients de noter les livreurs, ça nous pénalise. Ce sont souvent les «pas contents» qui notent, pas ceux qui sont contents. Et on peut se retrouver déconnectés du jour au lendemain.»
Mouvement boule de neige
En attendant que des négociations se poursuivent, les livreurs stéphanois espèrent que le mouvement va s’amplifier et gagner d’autres villes. Le moyen pour tous de pouvoir faire plier les plateformes Uber Eats, Just Eats ou encore Deliveroo. Lors de leur action, les livreurs avaient fait part de leur très grande précarité. Et fustigé la baisse de leurs rémunérations, tombées en quelques mois de 1,60 le kilomètre à 90 centimes ! Des conditions de plus en plus dégradées alors qu’en tant qu’auto-entrepreneurs (pour la plupart), ils n’ont pas droit au chômage et doivent se payer eux-mêmes leur mutuelle. Sans compter qu’ils ne cotisent pas pour la retraite.
De nouvelles actions sous forme de grèves sont envisagées. Elles pourraient viser tout particulièrement la plateforme Deliveroo qui n’a pas cherché à joindre les acteurs du mouvement. "Nous le regrettons vivement", ne cache pas un autre participant à la grève. Dans les autres villes, les livreurs veulent débattre de ce type de mouvement. A Paris, Clermont, St-Chamond, Besançon, Lille, des actions pourraient voir le jour début janvier.