Déficitaire, en manque de passagers, privé de vols commerciaux, l'aéroport de Saint-Etienne est à la peine. Depuis plusieurs années, la question de sa viabilité se pose. Un nouveau plan de relance vient d'être proposé.
En arrivant dans le hall, ce qui peut surprendre c'est le silence et ces immenses comptoirs désertés. Depuis 2017, plus aucun vol commercial ne se pose sur la piste de l'aéroport de Saint-Etienne-Bouthéon. Pourtant, l'activité se poursuit. Quelques avions se posent quand même : ceux de la Sécurité civile, ceux de certains chefs d'entreprise, et ceux de certaines équipes de foot. Avec 25.000 mouvements par an, on est loin des 800.000 nécessaires pour atteindre l'équilibre. C'est là tout l'enjeu.
Un déficit qui se creuse
Stoppés depuis 2017, les vols commerciaux ne faisaient plus recette. Pourtant, selon certains Ligériens, il y a une période où l'on venait "prendre l'avion à Sainté pour aller en Tunisie, au Maroc ou en Grèce, c'était pratique".
Les recettes n'étant plus au rendez-vous, c'est à coups de subventions publiques que l'aéroport a pu survivre. Un syndicat mixte composé du Département de la Loire, de la métropole de Saint-Etienne et de la Chambre de commerce et d'industrie (la CCI) aura tenté le tout pour le tout. Mais le déficit ne cesse de s'alourdir. Pour 2023 il s'annonce salé : 1,5 million d'euros. Des élus d'opposition posent la question du rapport coût/bénéfices pour les collectivités.
"On invente un concept d'aéroport sans avion"
Plusieurs solutions ont été envisagées pour sauver l'aéroport. Avion taxi, fret, troisième piste de l'aéroport voisin de Lyon-Saint-Exupéry, "mais ces pistes se sont refermées les unes après les autres" selon Pierrick Courbon, conseiller départemental (PS) de la Loire.
A l'heure de la transition écologique, on maintient sous perfusion d'argent public cet aéroport. C'est un combat d'arrière garde. L'avenir serait de se battre pour sécuriser une ligne directe avec l'aéroport de Saint-Exupéry.
Pierrick Courbon, conseiller départemental (PS) de la Loire
Un accès aérien fondamental
Pour la directrice de l'aéroport le discours est différent. Elle plaide pour une desserte par voie aérienne de la métropole. D'abord pour son utilité sanitaire (avec les transferts d'organes par exemple), et pour l'attractivité économique du territoire. Elle espère relancer l'attractivité de l'aéroport en réalisant des investissements.
Il faut travailler sur l'infrastructure multi-activités, à la fois avec l'aviation commerciale mais aussi les activités "bord de pistes" comme la maintenance ou les services.
Stéphanie Manuguerra, directrice de l'aéroport Saint-Etienne Bouthéon
Très prochainement, un hangar (de 1700m²) sera construit en bord de piste, il pourra accueillir un centre de formation, des ateliers de maintenance et même une start-up spécialisée dans l'avion électrique. Un travail sur l'aviation d'affaire sera mené, comme sur le service aux entreprises. Le plan de relance prévoit des liaisons difficiles à atteindre en train comme Nantes, Brest ou Toulouse.
Le but étant de maintenir un minimum d'activité sur le site.
"Faire redécoller l'activité"
Un premier vol charter va redécoller pour le week-end de la Pentecôte, à destination de Palma. 189 passagers sont attendus. Un deuxième vol pourrait décoller en octobre prochain à destination de Rhodes (en Grèce) cette fois. D'autres plans de vol sont à l'étude pour l'année prochaine. Philippe Gaillard est installé depuis bientôt treize ans sur le site même de l'aéroport. Les vols commerciaux, lui, il veut y croire.
Il y a une demande. Beaucoup de clients veulent partir d'ici. 10 minutes après s'être garé, on est au comptoir d'enregistrement. 15 minutes après, on est en salle d'embarquement. En 1/2h on est prêt à décoller !
Philippe Gaillard, agent de voyage "Vitamine Vacances"
Pour certains Ligériens interrogés, le retour des vols commerciaux serait bienvenu. Beaucoup expriment leur lassitude. Pour prendre l'avion, ils doivent se rendre à Lyon, l'aéroport le plus proche. Situé à 75 kilomètres de là, le trajet peut s'avérer compliqué en cas de bouchons sur les routes. Au risque de passer plus de temps en voiture que dans l'avion.