Selon l'avocat de Gilles Artigues, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau jouerait la montre dans l’affaire dite du "chantage à la sextape". Le procès pourrait ne pas se tenir avant les élections municipales de 2026.
Depuis deux ans, l’affaire agite la ville de Saint-Etienne. Le 26 août 2022, Médiapart révélait que des proches de Gaël Perdriau auraient piégé Gilles Artigues en payant un escort gay et en filmant cette rencontre à son insu. Des vidéos intimes compromettantes qui permettaient de le faire chanter et de brider ses ambitions politiques. L'ex-adjoint du maire Samy Kéfi-Jérôme, son ex-compagnon Gilles Rossary-Lenglet, ainsi que Pierre Gauttieri, ancien chef de cabinet du maire, ont été mis en cause aux côtés du maire.
Le 29 août 2022, Gilles Artigues avait porté plainte pour "chantage aggravé". Mais, deux ans après, le procès n’a pas eu lieu. Et Gaël Perdriau, mis en examen pour "chantage", mais aussi "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un chantage" et "détournement de fonds publics" est toujours à la tête de Saint-Etienne, bien que lâché par une partie de sa majorité.
D’après Maître André Buffard, l’avocat de Gilles Artigues, Gaël Perdriau fait en sorte de jouer la montre. Les avocats de l'édile ont ainsi fait de nombreuses demandes d’actes complémentaires. Le maire a également déposé plainte cet été pour "enregistrement à son insu et atteinte à sa vie privée", deux ans après les faits.
"Je ne vois même pas comment il peut encore espérer être réélu"
"Le dossier est terminé, simplement les avocats du maire ont déposé un certain nombre de demandes d’actes pour retarder l’échéance. Elles ont été, pour la plupart, refusées par les juges d’instruction. On est en présence de gens qui jouent la montre, et qui se disent qu’ils peuvent peut-être tenir jusqu’en 2026" estime Maître André Buffard.
"Je ne vois même pas, dans le contexte actuel, comment il peut encore espérer être réélu maire. Il est mis en examen pour des faits extrêmement graves. J’ai un peu de mal à comprendre la logique de la défense de Gaël Perdriau qui, d’une part, reconnaît avoir tenu ces propos, et qui dans le même temps, conteste les enregistrements" ajoute-t-il, soulignant que plus de 20 heures de confrontation ont eu lieu dans ce dossier. "Dans le système judiciaire, il y a 1 000 manières de gagner du temps, mais au bout du compte, il faut se rendre devant des juges et s’expliquer" affirme l'avocat de Gilles Artigues.
"Quel serait l’intérêt de Gaël Perdriau de vouloir gagner du temps ?"
Gaël Perdriau, loin de se mettre en retrait, ouvrirait même le champ pour 2026, selon des élus de la majorité qui ont renoncé à leurs délégations en juin dernier, en signe de contestation. Désormais réunis sous la bannière "Saint-Etienne avant tout", ils ne démissionneront cependant pas pour provoquer de nouvelles élections anticipées.
Du côté de la défense de Gaël Perdriau, on conteste toute volonté de retarder la tenue du procès. "Quel serait l’intérêt de Gaël Perdriau de vouloir gagner du temps ? Son intérêt, c’est au contraire que cette affaire soit tranchée le plus rapidement possible. C’est ce que nous nous employons à faire, en faisant en sorte de demander des actes avant l’avis de fin d’instruction. La justice fait son travail, et nous faisons le nôtre" détaille l’un de ses avocats, Maître Jean-Félix Luciani.