Depuis des mois, c'est le dossier qui agite la ville de Saint-Étienne. Une vidéo intime est au cœur de l'affaire. À partir de ce mardi 16 avril, et sur deux jours, six confrontations sont prévues entre les différents mis en cause dont l'ex-LR Gaël Perdriau, son ex-directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, l'ex-adjoint Samy Kéfi-Jérôme et son ex-compagnon Gilles Rossary-Lenglet, mais aussi le plaignant, l'ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues.
Depuis la publication de l'article de Médiapart le 26 aout 2022, la vie politique stéphanoise est bousculée. Le journal a dévoilé une affaire nébuleuse qui mérite quelques points de repères. Gilles Artigues, l'ancien premier adjoint du maire, aurait été victime d'un chantage. Une vidéo intime de lui avec un escort boy servait de moyen de pression pour éviter qu'il ne fasse de l'ombre au maire, Gaël Perdriau. Ce mardi 16 avril s'ouvre devant le tribunal de Lyon, deux jours de confrontations entre les différentes personnes mis en cause dans cette affaire.
Deux jours de confrontations
Le maire de Saint-Etienne et les différents protagonistes de l'affaire dite du "chantage à la sextape" sont convoqués à partir de mardi pour des confrontations devant les juges d'instruction lyonnais. Au total, six confrontations programmées sur deux jours, il s'agit de confronter les explications contradictoires des principaux mis en examen, l'ex-LR Gaël Perdriau, son ex-directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, l'ex-adjoint Samy Kéfi-Jérôme et son ex-compagnon Gilles Rossary-Lenglet, mais aussi le plaignant, l'ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues.
"Les magistrats vont tenter de résoudre les contradictions apparues entre les déclarations des uns et des autres", observe Me Ilié Negrutiu, l'avocat de M. Gauttieri, également impliqué dans un projet de chantage finalement abandonné visant l'ancien maire de Saint-Etienne de 1994 à 2008, Michel Thiollière (UMP-Rad).
Maître André Buffard, avocat de Gilles Artigues ne s'attend " pas à de révélations particulières", lors de ces confrontations. Pour lui, "le dossier est pratiquement bouclé", il s'attend plutôt à ce que "chacun confirme ses positions".
Les trois juges d'instructions qui travaillent sur cette affaire ont programmé dans un premier temps un face-à-face entre Samy Kéfi-Jérôme et Pierre Gauttieri puis Samy Kéfi-Jérôme et Gaël Perdriau, ce mardi 16 avril au matin. Dans l'après-midi, ce sont Gilles Rossary-Lenglet face à Gaël Perdriau, puis Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Artigues avant mercredi 17 avril au matin Pierre Gauttieri et Gaël Perdriau.
Le final s'annonce explosif avec une triple confrontation ce mercredi entre Gaël Perdriau, Pierre Gauttieri et Gilles Artigues.
C'est la première fois que ce dernier sera en présence des mis en cause dans cette affaire depuis le début de la procédure de justice. Gilles Artigues avait déposé plainte le 29 aout 2022 pour "chantage aggravé" .
"Gaël Perdriau seul contre tous"
Gilles Artigues aborde ce premier jour de confrontation "avec sérénité", indique son avocat, "le dossier a bien avancé. Les éléments démontrent de façon certaine qu'il est une victime. Il est à sa place, donc il est serein".
Mis en examen pour "chantage" et "association de malfaiteurs" comme les trois autres protagonistes, M. Gauttieri présente le maire comme le véritable "commanditaire" de la sextape visant M. Artigues, selon des procès-verbaux obtenus par Mediapart.
Fait-il s'attendre à un changement d'attitude Gaël Perdriau ? Selon l'avocat de Gilles Artigues, Maître André Buffard " Gaël Perdriau a adopté une stratégie de défense qui est la même depuis le premier jour. N'en bouge pas en dépit des nouveaux éléments, des preuves qui s'accumulent, des accusations qui s'accumulent", avant d'ajouter "chacun se défend comme il l'entend". Pour lui, "Gaël Perdriau est maintenant seul contre tous".
"Des choses peuvent sortir dans les moments de tension", du fait des "personnalités incroyables dont était entouré Gaël Perdriau", estime pour sa part Me Jean-Félix Luciani, un des avocats du maire et président de la métropole.
Les protagonistes
- 26 août 2022, Mediapart publie un article avec des photos sur lesquelles apparait Gilles Artigues. L'ancien premier adjoint de St-Etienne aurait été filmé à son insu en compagnie d'un escort boy. Des images compromettantes visant à brider ses ambitions politiques. Gilles Artigues a finalement porté plainte pour "chantage aggravé ".
- Parmi les personnes citées dans l'article, il y a Samy Kéfi-Jérôme. Il est également adjoint au maire de St-Etienne, en charge de l’Éducation et conseiller régional. En 2014, il est élu au sein du conseil municipal. Selon Mediapart, il aurait organisé la rencontre dans une chambre d’hôtel et caché une caméra.
- Le co-auteur du coup monté serait l'ex-compagnon de Samy Kéfi-Jérôme, Gilles Rossary-Lenglet. Il assume avoir divulgué l'affaire et avoir reçu de l’argent public, 50 000 euros pour services rendus, via des subventions municipales détournées. Il met en cause le maire de St-Etienne. C'est lui qui parle avec Gaël Perdriau dans l'enregistrement dévoilé par Médiapart.
- Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, connaissait-il l’existence de cette vidéo ? Le chantage qui en aurait découlé ? Et l’opération Artigues dans son ensemble ? Jusqu’à présent, le maire nie tout. Se disant même prêt à porter plainte pour "dénonciation calomnieuse". Une version mise à mal par les enregistrements diffusés sur le site Mediapart.
- Pierre Gauttiéri, directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne, selon Gilles Rossary-Lenglet, le bras droit du maire était au courant du piège contre le premier adjoint.
D'autres confrontations sont prévues en mai autour du volet financier de l'affaire, avec les responsables de ces associations, également mis en examen dans le dossier, selon une source proche du dossier.