À l'appel d'une intersyndicale, une manifestation était organisée ce dimanche 17 décembre à 10 heures à Saint-Etienne. Les syndicats rejettent le démantèlement annoncé de l'enseigne Casino après les difficultés financières du groupe.
Les salariés sont bien déterminés à se battre pour Casino. À l'appel de l'intersyndicale du groupe, une manifestation était organisée ce dimanche 17 décembre à Saint-Etienne "face à la menace de disparition d'emplois".
Le rassemblement a débuté à 10 heures, les manifestants défilent peu avant 11 heures, de l'esplanade de France jusqu'à la place Jean Jaurès. Entre 3 000 et 4 000 personnes étaient présentes ce matin.
"On est dans l'attente"
Dominique Collodi est salarié à Grenoble dans un petit supermarché de proximité. Il est venu à la manifestation ce 17 décembre pour soutenir l'ensemble des salariés du groupe. Pour lui, si la vente est déjà actée, l'avenir des employés reste bien incertain. "On ne sait pas ce qu'on va devenir, on attend, sans plus d’information, que ça soit les directeurs ou plus haut que nous, on ne sait pas ce qu’il en est, c’est une énorme frustration", déplore le salarié. Dominique ne comprend pas comment le groupe a pu en arriver là. "On a du personnel compétent, mais il y a des échecs au niveau de la direction avec des grosses difficultés financières, je pense à tous ceux qui ont construit leur vie chez Casino, qui sont dans des situations très précaires et qui ne pourront pas trouver un nouvel emploi".
De son côté, René Chaverondier est un ancien cadre de Casino, venu lui aussi soutenir l'entreprise dans laquelle il a fait toute sa carrière, "37 ans", nous précise-t-il. "On connaît tous quelqu'un qui travaille ou a travaillé chez Casino, mon frère, des amis, des voisins, c'est un énorme gâchis, Saint-Etienne n'avait pas besoin de ça !".
Un peu plus loin, des Stéphanois sont venus aussi montrer leur attachement à l'enseigne historique de leur ville. Sébastien Peyrot connaît lui aussi des salariés de Casino. "Le tissu économique de Saint-Etienne en prend un coup, il faut garder espoir car nous avons de belles entreprises mais Casino est dans le cœur des Stéphanois.", raconte le Ligérien.
La crainte d'une "casse sociale"
"Nous manifestons pour montrer que l'on se bat, pour témoigner de notre désapprobation vis-à-vis de ce démantèlement", explique Jean Pastor, de la CGT et porte-parole de l'intersyndicale. Une unité, loin d'être de façade, pour montrer aux repreneurs que les salariés veulent rester. Les syndicats espèrent "limiter la casse sociale". La vente de la totalité des magasins Casino a été confirmée. La dette du groupe s'élèverait "entre 7 et 12 milliards d'euros", explique Jean Pastor qui dénonce "les errances financières du directeur Jean-Charles Naouri".
Pour l'instant, seuls les rumeurs et les articles de presse permettent d'imaginer qui reprendra les 291 supermarchés et 52 géants de l'enseigne Casino. "Bruno le Maire nous a parlé uniquement d'Auchan et Intermarché, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres.", explique Jean Pastor. Le 19 décembre, toutes les offres reçues par la direction seront présentées, "ce qui ne signifie pas qu'elles seront acceptées par les actionnaires ni qu'on aura la répartition", détaille le syndicaliste CGT. La réunion pourrait basculer au lundi 18 décembre. Mais certains syndicats auraient refusé, las d'apprendre les informations par voie de presse avant les annonces en réunion avec le consortium de potentiels repreneurs.
Lors d'une réunion au ministère de l'Economie, Bruno le Maire aurait affirmé qu'aucun entrepôt ne serait fermé, une surprise pour les syndicats du groupe. "On est étonnés, on nous promet des baisses d'effectifs au siège, des fermetures de magasins mais sans plus de précisions alors qu'on nous avait parlé de la fermeture des 3/4 des entrepôts", lâche Jean Pastor.
"Que l'Etat prenne sa part"
À l’heure actuelle, les salariés restent dans l'expectative : "on veut savoir à quelle sauce on va être mangés, dans le détail, les salariés se demandent qui sera concerné et où", résume Jean Pastor. Difficile de dissiper le brouillard : y aura-t-il un plan de sauvegarde de l'emploi ? Si oui, les repreneurs le mettront-ils en place ou la direction actuelle de Casino s'en chargera-t-elle ? "Nous voulons identifier les magasins qui seront fermés en amont, que Casino se charge de ce PSE, pour que les salariés partent dignement.", exige Jean Pastor.
Le tribunal de commerce de Paris avait également acté la prolongation de la procédure de sauvegarde jusqu'au 25 février. Une nouvelle audience est attendue le 5 février. "Cela signifie que Casion n'est pas en mesure de présenter un plan ficelé pour démontrer la viabilité de l'activité, ce n'est que reculer pour mieux couler", critique Jean Pastor.
Surtout, l'intersyndicale demande à l'Etat de prendre sa part et d'avoir un regard sur le démantèlement en cours. Ce dimanche 17 décembre, des élus locaux et nationaux sont présents pour soutenir les salariés de Casino, comme cela avait été le cas le 5 décembre dernier. "Aujourd'hui, tous les bords politiques sont représentés pour soutenir cette entreprise historique qui a permis tant d'avancées sociales au XXe siècle, tous, nous demandons à ce que soient maintenus les emplois au siège et dans les entrepôts logistiques de notre région", explique Johann Cesa, conseiller régional.
Les syndicats comptent sur "l'empathie des pouvoirs publics", face à la disparition d'une entreprise historique pour Saint-Etienne, vieille de 125 ans. Le 13 décembre dernier, le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau (ex-LR), a invité son conseil municipal à aller soutenir "l'ensemble des salariés" de Casino en étant présent dimanche matin devant le siège, stéphanois du groupe fondé en 1898, par Geoffroy Guichard.