L'intersyndicale rejette le projet de la nouvelle direction et du trio d'actionnaires de vendre l'intégralité des supermarchés et hypermarchés Casino. Plusieurs noms d'acheteurs circulent mais la direction veut attendre la prochaine réunion avec les syndicats pour communiquer.
Le spectre d'un démantèlement a ressurgi cette semaine : Casino pourrait se séparer de l'ensemble de ses supermarchés et hypermarchés. Le groupe n'a pas indiqué quel périmètre de magasins de grands formats il prévoyait de céder, mais plusieurs sources ont indiqué que l'ensemble du parc pouvait être cédé si des acheteurs se présentaient. Au total, 291 supermarchés et 52 hypermarchés seraient donc concernés.
L'enseigne Casino pourrait disparaître
Selon les informations de nos confrères du Monde, un tandem Intermarché-Auchan et l’allemand Lidl avaient présenté, le 29 novembre, des propositions indicatives pour reprendre une grande partie des magasins sous enseigne Casino mis en vente, tandis que Leclerc s’était positionné sur quelques hypermarchés.
Une rencontre, avec les représentants des repreneurs, est prévue le 19 décembre. En outre, les syndicats rejettent le projet de la direction et du trio d'actionnaires qui rachètent le groupe de vendre l'intégralité des hypers et supermarchés Casino. Ils réclament des investissements et plus de temps pour redresser l'entreprise qui est dans un gouffre financier et souffre d'une dette d'au moins six milliards d'euros.
Lundi 11 décembre, une dizaine de personnes de la délégation de l'intersyndicale se rendra à Paris. Un rassemblement est prévu devant le tribunal de commerce, où doit être examinée cette demande de prolongation de la période de sauvegarde accélérée de Casino, jusqu'au 25 février.
Contacté, le groupe Casino dit vouloir privilégier le dialogue interne. "Le dépôt des offres portant sur tout ou partie du parc de magasins hypermarchés et supermarchés Casino doit avoir lieu le 20 décembre prochain.", au lendemain d'un rendez-vous avec les syndicats. "Nous ne pouvons communiquer à date sur les offres reçues.", poursuit le groupe.
Situation financière critique
Depuis juillet dernier et l'accord potentiel avec ses créanciers pour une restructuration de dette de plus de cinq milliards d'euros, la situation de Casino ne s'est pas améliorée. Cette restructuration s'est accompagnée d'un changement d'actionnariat, avec une prise de contrôle par un trio : le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor.
Dans le contexte de l'inflation, les clients sont partis ailleurs. Résultat, les coûts fixes et le volume des invendus deviennent insurmontables. Le consortium Kretinsky-Ladreit de Lacharriere-Attestor, futur repreneur de Casino, veut garder "la partie saine" du groupe à savoir les enseignes Monoprix, Franprix ou CDiscount.
Grève d'un mois
Depuis que Casino a annoncé être disposé à vendre des hypermarchés et supermarchés à ses concurrents, c'est la mobilisation générale dans les équipes de ce groupe français de la grande distribution. Les cinq organisations représentatives du personnel (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) se sont réunies en intersyndicale. Un préavis de grève a été déposé à dès le 5 décembre et jusqu'à la fin du mois. Plus d’un millier de personnes s’étaient rassemblées devant le siège historique à Saint-Etienne mardi.
Dans l'immédiat, les syndicats veulent maintenir la pression et multiplient les appels à l'intervention des autorités politiques, à commencer par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui avait affirmé en juillet que l'Etat serait "vigilant sur l'emploi".
"Toute notre enfance"
Environ 50 000 salariés travaillent pour Casino en France, dont environ 4 000 dans la Loire. "Casino pour nous, c'est notre enfance !", s'exclamait une Stéphanoise en début de semaine. "Quand on pense à Casino, on pense Saint-Etienne.", ajoute un habitant de la ville ligérienne. La disparition de Casino sonne comme un crève-cœur pour les Stéphanois. L'enseigne a été créée dans la ville il y a 125 ans. C'est même la plus ancienne chaîne de magasin français, lancée à Saint-Etienne en 1898 par Geoffroy Guichard. Le groupe, une petite épicerie familiale devenue en un siècle un géant de la grande distribution, fait partie de l'histoire de la ville.