Les syndicats de Casino ont déposé un préavis de grève du 5 au 31 décembre. En outre, ils se mobilisent ce mardi 5 décembre, à Saint-Etienne où est né le groupe, pour alerter sur les risques de suppressions d'emplois dans ce groupe en grande difficulté financière.
Depuis que Casino a annoncé être disposé à vendre des hypermarchés et supermarchés à ses concurrents, c'est la mobilisation générale dans les équipes de ce groupe français de la grande distribution. Les cinq organisations représentatives du personnel (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) se sont réunies en intersyndicale. Un préavis de grève a été déposé à partir de ce mardi 5 décembre et jusqu'à la fin du mois.
Le préavis de grève a été déposé le 1er décembre, en raison du "manque de considération" à l'égard des salariés et de leurs représentants par rapport à "la situation inquiétante du devenir de l'intégrité de Casino".
Mobilisation à Saint-Etienne
Dans la Loire, où le groupe de distribution est né il y a 125 ans, l'intersyndicale appelle à une mobilisation ce mardi 5 décembre. À Saint-Etienne, on "se souvient de la fin de Manufrance et de la Manufacture d'armes et des conséquences économiques", dixit l'intersyndicale.
La journée d'action doit débuter par un rassemblement à partir de 9 heures devant le siège social, où travaillent 2 000 personnes et dont l'avenir est au cœur des inquiétudes. Ensuite, une manifestation dans les rues de Saint-Etienne est prévue : le cortège doit se rendre jusqu'à la préfecture et la mairie. Casino, fondé par Geoffroy Guichard qui a donné son nom au stade de football de l'AS Saint-Etienne, emploie environ 4 000 personnes dans la Loire aujourd'hui.
Les élus du groupe municipal d'opposition PS et divers gauche de Saint-Etienne ont prévu de manifester "pour montrer leur attachement" au maintien de l'activité dans la région. Quentin Bataillon, député Renaissance de la 1ʳᵉ circonscription de la Loire, sera également, évoquant lundi auprès de l'AFP une situation "très inquiétante".
Ce même jour, une manifestation est par ailleurs prévue à Vitry-sur-Seine, en région parisienne, où se trouve notamment le siège de Franprix.
Endettement
Fin 2022, le groupe Casino comptait encore 200 000 salariés dans le monde, dont près de 50 000 en France, sous des enseignes bien connues comme Monoprix, Franprix ou Pao de Acucar au Brésil.
Étranglé par son endettement, le groupe s'est accordé avec ses créanciers fin juillet sur une restructuration très importante de sa dette, accompagnée d'un changement d'actionnariat, avec une prise de contrôle par un trio : le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le Français Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds britannique Attestor. Le passage de témoin de celui qui est encore PDG et premier actionnaire du groupe, Jean-Charles Naouri, est prévu au premier trimestre 2024.
Mais en attendant, Casino s'est dit prêt à étudier des "marques d'intérêt" de concurrents pour le rachat d'hypermarchés et de supermarchés qui n'ont pas encore été cédés par le distributeur.
Des concurrents intéressés
Le groupe n'a pas précisé quel périmètre était concerné, mais l'ensemble du parc des magasins grand format - 52 hypermarchés et 353 supermarchés d'après LSA, média spécialiste du secteur — pourrait être vendu.
Les concurrents Auchan et Intermarché ont déposé une offre portant sur l'ensemble des magasins, a officiellement indiqué un représentant d'Auchan, Serge Papin, jeudi soir (30 novembre) sur BFM Business.
Malgré la situation critique de Casino, ses magasins suscitent des convoitises dans un secteur très concurrentiel où l'acquisition de nouveaux points de vente permet à un distributeur de gonfler ses parts de marché. Une donnée cruciale dans le rapport de force avec les fournisseurs de l'agro-industrie. Car
Plus la part de marché est grande, moins l'industriel peut se passer de fournir ce distributeur et plus, il est enclin à lui accorder de meilleures conditions de vente.
"Conséquences lourdes"
"Les emplois sont gardés dans le projet" d'Auchan et d'Intermarché, a affirmé Serge Papin, tout en nuançant : "il y aura peut-être quelques outils logistiques" inclus dans l'offre de reprise, "mais il s'agit surtout des magasins". Les organisations syndicales craignent justement pour la logistique et les sièges. "Une nouvelle vague de vente de magasins aura des conséquences lourdes pour les autres filiales, la logistique et les sièges sociaux", a récemment estimé auprès de l'AFP Nathalie Devienne (FO), une des porte-parole de l'intersyndicale.
Auprès de l'AFP, un porte-parole du groupe EP du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky en France avait assuré le 28 novembre être "attaché au maintien d'un siège à Saint-Étienne". Les cessions de magasins, avait-il ajouté, "n'affecteraient en rien notre volonté de devenir l'actionnaire de contrôle de Casino et d'investir dans le développement du reste du périmètre", notamment Monoprix et Franprix.