Dans la Loire, touchée de plein fouet par la 2ème vague de Covid et au CHU de Saint-Etienne en particulier, l'étau de la pression épidémique se desserre un peu. Conséquence : depuis le 7 décembre, activités et interventions chirurgicales reprennent progressivement, en ambulatoire dans un 1er temps.
Au CHU de Saint-Etienne, les interventions chirurgicales reprennent peu à peu. Mais les blocs opératoires ne tournent pas à plein régime pour l'instant. Il s'agit de chirurgie ambulatoire ... une opération du ménisque ou encore une cataracte, par exemple. Dans le département de la Loire, frappé de plein fouet par la 2e vague de Covid, la reprise de l'activité ne doit pas impacter les capacités d'hospitalisation des services. Alors pour conserver une marge de manoeuvre, les opérations sont pratiquées à 50 % du niveau habituel. La consigne de l'Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes reste la prudence, mais aussi la possibilité de réactiver les unités Covid en 24 à 48 heures en cas de rebond de l'épidémie.
Reprise des interventions en ambulatoire...
Des interventions de chirurgie fonctionnelle (ou non urgentes) ont été reportées. La reprise est timide pour l'heure mais pour le Professeur Rémi Philippot, chirurgien orthopédique, il était temps : "Avec les deux vagues cumulées, nous avons dû déprogrammer 4000 patients. Et il faudra environ 8 à 12 mois pour récupérer tout cela."
La chirurgie orthopédique a été très impactée. "On a baissé notre activité de 65 à 70% en orthopédie avec un arrêt complet de toute la chirurgie prothétique ou encore ligamentaire ... des chirurgies essentielles pour la locomotion ou la préhension." Et le praticien précise que d'autres spécialités dites fonctionnelles ont été largement touchées comme la chirurgie maxillo-faciale ou l'ophtalmologie.
Retard des interventions : quel impact ?
Les interventions, qui ont repris depuis quelques jours seulement au CHU de Saint-Etienne, concernent des patients qui sont gérés en ambulatoire. Pour certains le report d'une opération n'a pas été sans conséquence : "le préjudice est fonctionnel avec un impact, soit dans la vie de tous les jours pour se déplacer, soit un impact socio-professionnel avec des patients qui sont en arrêt de travail depuis 6 à 8 mois en attendant de se faire opérer." Impossibilité pour certains de marcher, donc de travailler, résume le praticien. "Le préjudice est essentiellement professionnel mais ce peut être aussi une aggravation de la pathologie...avec des gestes chirurgicaux qui peuvent devenir plus durs..."
Il faut alors prioriser les interventions en fonction de l'impact professionnel ou des risques de dégradation de certaines pathologies associées. "Par exemple, une personne âgée à qui on doit mettre une prothèse, on ne va pas attendre qu'elle développe des lésions liées au fait qu'elle ne puisse plus marcher. Donc ces personnes âgées, on va essayer de les opérer au plus vite..." résume le chirurgien.
Pour l'hôpital et les médecins, la mission relève parfois du casse-tête. Vient se greffer à cette problématique, le contexte de réorganisation totale des services hospitaliers en période de Covid.
Pour les patients qui auraient peur de se rendre à l'hôpital à cause de la présence du Covid, le chirurgien se veut rassurant ; "en ambulatoire, il y a des précautions pré-opératoires très importantes qui sont prises, des questionnaires, des dépistages PCR systématiques". De plus, "le secteur ambulatoire est un secteur complètement isolé au sein de l'hôpital afin de réduire le plus possible les interactions avec des patients éventuellement Covid."
Du personnel encore mobilisé sur le Covid
Selon le Docteur Damien Grivet, chirurgien ophtalmologiste et référent chirurgical de l'unité ambulatoire, "la difficulté, c'est de pouvoir récupérer les patients. On établit des listes et on les contacte tous. Mais c'est surtout de pouvoir réopérer dans les conditions où nous avons quitté le bloc opératoire; c'est à dire avec le personnel suffisant et le nombre de salles suffisantes". Car c'est aussi un problème d'organisation qui se pose : "tous les blocs ne sont pas opérationnels car une partie de notre personnel est encore mobilisé sur les services Covid et les services de réanimation," explique-t-il.
Alors certains patients devront encore attendre. La chirurgie ambulatoire devrait toutefois connaître un nouveau ralentissement, pas à cause du Covid. En cause : les congés de Noël que l'hôpital de Saint-Etienne a choisi d'accorder aux personnels. Une pause salutaire pour mieux repartir à la rentrée de janvier 2021.