ENTRETIEN. Chantage à Saint-Étienne : un élu d’opposition évoque à son tour avoir reçu des pressions pendant les municipales

Conseiller municipal d'opposition, Ali Rasfi évoque à son tour des pressions de la part de la majorité en place à Saint-Etienne. Il aurait reçu des menaces par SMS et dénonce « un système » au sein de la municipalité dirigée par Gaël Perdriau.

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C'était en mars 2020, au premier tour des municipales. Ali Rasfi est candidat sur une liste d'opposition au maire sortant, Gaël Perdriau. L’élu de gauche aurait alors, lui aussi, été victime d’une forme de chantage à la vidéo et reçu plusieurs SMS de Mohamed Ghoulam, chargé de mission au cabinet du maire, le mettant en garde : "Tu as été filmé en train d'influencer les électeurs, sache que nous ferons usage de la vidéo."

Plusieurs semaines après les révélations de Médiapart concernant un chantage à la sextape visant Gilles Artigues, l'ancien premier adjoint au maire, Ali Rasfi témoigne et dit vouloir dénoncer le "système Perdriau".

Vous vous dites victime d'un chantage à la vidéo, comment cela c'est-il passé et quel type de menace avez-vous reçu ?

C'était il y a 3 ans, lors du premier tout des élections municipales. J'étais assesseur au bureau de vote dans le quartier ou j'ai grandi, Solaure, et je discutais avec des familles, des parents que je prenais plaisir à retrouver. Et on me reproche (par SMS) d'influencer les gens en les dissuadant de voter pour le maire sortant. C'est Mouahmed Goulam, fonctionnaire à la ville de Saint Etienne, que je connais, qui m'a envoyé ces menaces et cela m'a fortement choqué. Il me dit qu'il a la vidéo, que j'ai été filmé et qu'ils n'hésiteront pas à en faire usage...

Je me suis souvenu soudainement ce week-end que j'avais reçu ces textos de menace et qu'heureusement, je ne les avais pas effacés. Quand je les ai revus, cela a fait résonance avec l'actualité politique du moment puisque on parle de vidéos, de chantage, de menaces. Je me suis dit c'est le moment de les révéler.

Pourquoi ne pas en avoir parlé, à l'époque ?

Il y a trois ans, l'histoire de la vidéo, ça n'avait pas la même résonance qu'aujourd'hui. A l'époque c'était le premier tour des élections, il y a eu le covid, on a appris que tout allait être reporté, on était dans un autre état d'esprit.

J'en ai parlé à ma tête de liste, Pierric , mais je n'ai pas donné les détails, j'ai juste dit que cela m'avait mis hors de moi, que j'étais en colère, et je m'en suis pratiquement excusé, parce que je ne devais pas me mettre en colère.

Il m'a dit c'est malheureux, mais c'est le jeu de la politique, voilà, bienvenue... Mais il ne connaissait pas le contenu des messages. En le découvrant, cette semaine, il a été fortement choqué, il m'a dit on ne peut pas laisser passer ça, il faut les transmettre à la presse et aux médias.

Je ne mesurais pas la gravité de tout ça, aujourd'hui je m'en rends compte. C'est un système de fonctionnement, par le chantage, les menaces, et surtout un viol de l'intimité des gens.

Je tenais à témoigner d'un système qui est en place depuis très longtemps et auquel de nombreux membres de la majorité municipale participent.

Avez-vous envisagé de porter plainte ?

C'est une option à laquelle je pense, car pendant 3 ans, cela a fortement impacté ma vie personnelle et professionnelle. Cela m'a mis dans l'angoisse d'être tout le temps surveillé, quoique je fasse, ou que j'aille, j'avais l'impression d'être épié.

Saint-Étienne c'est une ville moyenne, où tout le monde se connait, j'ai eu une perte de confiance et limite une paranoïa envers certaines personnes et je me rends compte aujourd'hui que oui, ça a été pénible.

C'est une attaque à nos libertés individuelles que d'être filmé à son insu. J'étais novice dans le milieu de la politique, c'était ma première élection, je suis issu de la société civile, j'ai des convictions, j'ai des idées, et je me retrouve menacé, je n'étais pas préparé à cela, ce n'est pas la politique comme je l'imaginais, comme je la concevais...

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