Emilien et Gaëlle sont partis en 2019 en Mongolie pour travailler avec une ONG. Le couple quitte alors la Loire avec ses deux chiens. Plus que l'expérience professionnelle, c'est un vrai projet de vie qu'ils ont ramené dans leur bagages.
Ils nous reçoivent sur leur terrasse, en tenue traditionnelle mongole. Gaëlle et Émilien et leurs deux chiens sont de retour à Feurs dans la Loire, après avoir crapahuté durant près de deux ans dans les grands espaces de la Mongolie. Leur carnet de voyage est particulièrement fourni : de photos, d'objets souvenirs, mais aussi et surtout d'expérience de vie. Le couple a accepté de nous livrer le récit de qu'il a vécu comme une révélation.
Au pays où les "rêves sont infinis"
En octobre 2019, Gaëlle et Émilien décident de partir avec leurs chiens Malo et Mojo. Direction la Mongolie où ils ont le projet de travailler pour une ONG à la réhabilitation des chiens de garde de troupeaux. Après un master et dix ans de volontariat dans le but d'être manager d'un programme de conservation, Émilien a dans l'idée de valider son projet professionnel. Mais finalement, confronté à un tout autre mode de vie qu'est le pastoralisme nomade, c'est tout autre chose qu'il va découvrir en chemin. La vie au présent.
La Taïga... Les grandes étendues et la forêt "où il y a une atmosphère très particulière"... Le peuple des éleveurs de rennes, et la vie en yourte. Voilà ce qui a marqué à tout jamais Gaëlle. Et ce sentiment de liberté totale, que même les chiens ont pu goûter. Là-bas, "y a pas de clôture, y a pas de laisse, y a pas vraiment de règles.... Cela nous a vraiment rapprochés, en couple, mais aussi avec nos chiens", raconte la jeune femme. "Ils auraient pu partir à l'infini, mais le matin, ils nous attendaient devant la yourte pour qu'on aille se promener ensemble. Cela a créé une relation encore plus belle."
L'apprentissage de la vie au présent, sans rien
Le couple a vécu quasiment un an, seuls avec les chiens, dans une yourte de 27m2. " Faire son feu quand on se lève le matin quand il fait -5°. La cuisine traditionnelle sur le poêle..." Ce mode de vie, Gaëlle en savoure encore aujourd'hui l'authenticité.
Apprendre à être autonome, avec très peu, dans des conditions parfois extrêmes, pour moi ça a été une révélation.
Émilien confirme : "sur la route, on a compris qu'on était capable de vivre avec rien de tout ce que l'on peut avoir ici". L'expérience est réellement intiatique. "J'ai l'impression que je rentre avec vraiment quelque chose en plus à l'intérieur", poursuit-il en évoquant "une ouverture d'esprit, une vraie acceptation de l'autre et une connaissance de moi-même." Émilien a du mal à trouver les mots pour l'expliquer. "C'est quelque chose que l'on ne peut comprendre que par soi-même". Mais il le dit clairement : depuis la Mongolie, il est "quelqu'un d'autre".
Le choc de la crise Covid
Quand l'épidémie de coronavirus apparait et finit par n'épargner aucun pays de la planète, le couple est loin de tout. Mais relativement bien connecté au reste du monde. "Du coup, on l'a vécue (la crise Covid) à travers la famille qui n'allait pas bien, les amis pour qui c'était difficile. On en entendait parler", raconte Émilien.
Ça nous a permis d'apprécier encore plus cette liberté, on se rendait encore plus compte à tel point c'était un trésor de pouvoir sortir et de faire ce que l'on veut.
En Mongolie, le couple bénéficie d'une liberté totale de mouvement. Seul l'hiver y fixe une limite. "L'hiver qui dure jusqu'au mois de juin et qui fait que l'on reste confinés", s'amuse Émilien. Arrive la fin de l'année 2020. Le couple décide de changer de projet, de laisser le travail et de voyager plus. La Mongolie commence à mettre en place les premières mesures de restriction sanitaire. Gaëlle et Emilien se rendent à la capitale pour organiser la suite de leur aventure, et là c'est le choc. "On l'a subi encore plus durement, d'un coup vraiment, sans transition."
Retour dans la Loire et nouveau projet de vie
Le couple ligérien était parti pour quatre ans. Est rentré plus tôt. Le projet professionnel "n'était pas ce à quoi on s'attendait" avoue Émilien. Mais ne voyez aucun aspect négatif dans ce retour précipité.
On a muri des idées. On avait pris ce que l'on avait à prendre de notre voyage et on a eu envie de rentrer en France pour le valoriser.
Gaëlle nous révèle leur envie de vivre au sein d'un collectif. "Le vivre à l'étranger donne l'envie de l'expérimenter dans son pays", ajoute-t-elle en développant leur idée : "trouver un éco-lieu où l'on va pouvoir vivre tous les 4 dans un collectif qui partage nos valeurs, et dans lequel on va pouvoir utiliser nos compétences, notamment de vie en yourte avec des moyens très réduits que l'on a ramenés de Mongolie." Encore une belle aventure en perspective.