Faute d'effectifs suffisants, le service de réanimation pédiatrique du CHU de Saint-Etienne devient une unité de soins intensifs médico-chirurgicale. Une mutation qui se veut provisoire, selon la direction du pôle couple mère enfant du CHU. Les syndicats redoutent que la transformation "provisoire" ne s'installe dans la durée.
Pour la population de la Loire, d'une partie de la Haute-Loire et de l'Ardèche, c'est une mauvaise nouvelle. La fermeture de la réanimation pédiatrique du CHU de Saint-Etienne était redoutée, tant par les familles que par le personnel soignant.
Chronique d'une fermeture annoncée
Pour Thierry Vidal, délégué syndical CGT CHU 42, cette fermeture était annoncée depuis des mois, à demi-mot, par la direction. "C’est le résultat de politiques publiques au niveau sanitaire, menées depuis une quinzaine d’années. L'offre médicale s'est raréfiée de façon assez systématique. Derrière cela, il y a ni plus ni moins une pénurie de médecins et de personnel non médicaux, infirmières, aides-soignantes."
Pour lui, cette fermeture est la conséquence d’une volonté politique. "Des décisions politiques ont été prises pour réduire les dépenses de santé. Cela entame tout de suite, inévitablement, le service public de santé," dit-il. Il explique qu'il n’y a plus assez de personnels pour faire fonctionner ces services. Ce n'est pas faute de les avoir demandés. "Au niveau local, ça fait longtemps que l’on demande d’avoir des actions fortes pour pouvoir recruter du personnel médical et non médical sur ces services-là, en particulier. Nous ne pouvons faire que le constat que la direction du CHU de Saint-Étienne est impuissante."
Transfert vers le privé
Le syndicaliste constate qu'il existe un mouvement massif pour réduire les dépenses de santé mais qu’en parallèle, s'effectue un transfert massif vers le service privé de santé. Une double peine pour lui car une spécialité comme celle de la réanimation pédiatrique demande des investissements et engage des responsabilités. "Pour faire de l’argent et faire gagner de l’argent aux actionnaires, ces secteurs ne seront pas repris par le privé car ça coûte trop cher et donc ça ne peut pas rapporter beaucoup aux actionnaires", déplore Thierry Vidal. Un déficit de structure servant à accueillir les enfants dans les situations les plus compliquées, risque de se faire jour."C’est un terrible retour en arrière, rappelle-t-il. Avant, les familles qui avaient des enfants en réanimation voyaient leurs enfants hospitalisés sur Lyon, Clermont-Ferrand, Montpellier et Aix-en-Provence. Aujourd’hui, on va se retrouver dans cette même situation, 30 ans plus tard !"
Il appréhende que les populations les plus fragiles pâtissent de cette situation. "C’est terriblement difficile de se déplacer en tant que parent, quand on a un jeune enfant hospitalisé à 75 ou 150 km. C’est encore plus compliqué quand on est dans une situation économique fragile."
Risques accrus pour les enfants
Le syndicaliste explique que dans les situations de crise, les enfants qui seront potentiellement hospitalisés plus loin, ne seront pas pris en charge aussi rapidement et dans les mêmes conditions qu’avant, quand le service était disponible.Quant à l'unité de soins intensifs médico-chirurgicale qui doit remplacer la réanimation, elle est vue comme une réanimation "dégradée", a minima, pour Thierry Vidal.