Elles sont au moins trois à avoir alerté le procureur de la République, même si les faits sont prescrits. 3 victimes d'agressions sexuelles perpétrées par un prêtre du diosèce de Saint-Etienne. Témoignage.
Nous l'appellerons Laurent. Il a aujourd'hui 45 ans et habite non loin de Saint-Etienne.
Laurent ne se souvient plus très bien de la date de l'agression. Les faits remontent à plus de trente ans, et sont aujourd'hui prescrits.
En revanche, il se souvient très bien de ce qui s'est passé avec ce prêtre qu'il décrit comme ayant "joyeux, un peu déconneur, avec un gros charisme, et pour lequel tout le monde avait pas mal d'affection." Un prêtre dont il n'avait aucune raison de se méfier.
Le jour de son agression, Laurent avait d'ailleurs décidé d'aller rendre visite au prêtre qui avait changé de paroisse. "Nous l'avions vu partir à regret". Laurent décide donc d'y aller avec un autre garçon, en vélo. Ce qui lui fait dire qu'il avait alors une dizaine d'années, que cela doit dater de l'époque du collège.
Un prêtre aux mains baladeuses
Laurent et son camarade retrouvent le prêtre : "il s'est assis entre nous. Il nous a pris par les épaules et ses mains sont vite descendues en-dessous de la ceinture. Nous étions gênés, nous avons préféré prendre ça pour des chatouilles."
Laurent et l'autre garçon arrivent à partir sans que les choses n'aillent plus loin. Depuis, Laurent n'a jamais revu le prêtre, alors que ce dernier "appelera plusieurs fois à la maison pour demander pourquoi je ne venais plus le voir".
A l'époque, Laurent a bien essayé de parler de ce qui lui était arrivé, mais il a renoncé face aux réactions de déni.
Pourquoi briser le silence maintenant ?
Avec l'affaire Preynat, l'idée de briser le silence va s'imposer.
Pour Laurent, le déclic s'opère précisément par le biais d'une rencontre fortuite avec un parent d'élève (leurs enfants sont amis). Ils discutent et se rendent compte que le prêtre du diosèce de Saint-Etienne est malheureusement une connaissance commune. Laurent n'est pas le seul à avoir subi des attouchements. Ils sont au moins trois à avoir été agressés sexuellement.
Laurent n'a jamais déposé plainte. Les deux autres victimes en ont fait la tentative, mais leur démarche n'a pas aboutie les faits s'avérant prescrits.
Mais aujourd'hui pas question d'abandonner. A trois, ils ont monté un dossier, et écrit au procureur de la République. "Il y a de cela, un gros mois", précise Laurent.
Le Procureur a également été informé de l'affaire par l'évêque de Saint-Etienne. Alerté par un autre prêtre auprès duquel une des victimes se serait confiée, Mgr Sylvain Bataille aurait "écrit une lettre, précisant qu'il s'était entretenu avec le prêtre incriminé et que celui-ci n'a pas nié".
Pour Laurent, aujourd'hui le temps presse. Il faut briser le silence, pour aider les victimes à se reconstruire, explique-t-il. Lors de notre discussion, Laurent évoque d'ailleurs le possible suicide d'une victime du prêtre, qui est toujours en fonction dans le diosèce de Saint-Etienne. Un prêtre, dont il se souvient également, qu'il emmenait des groupes d'enfant en vacances, dans un châlet.
L'objectif, c'est d'amener les autres victimes potentielles à témoigner et à se faire connaitre, notamment par le biais du site internet Coabuse.fr.
Aujourd'hui, Laurent n'a aucun doute que ce prêtre a fait bien plus que trois victimes.
Il a d'ailleurs déjà eu écho de "témoignages récents faisant état de caresses et d'invitation du prêtre à dormir dans son lit".
Suite aux révélations de cette affaire, notamment par nos confrères de 20 Minutes Lyon, une conférence de presse est annoncée à l'archevêché de Saint-Etienne ce mardi 4 juillet 2017, en fin d'après-midi.