Le prêtre est accusé d’avoir agressé sexuellement plusieurs jeunes scouts lyonnais (scouts de Saint-Luc) entre 1986 et 1991. Il a reconnu ces faits. Son procès devant les autorités de l’Eglise a commencé jeudi 16 février, selon des informations de 20Minutes.fr.
C’est un procès attendu de longue date, de très longue date même pour de nombreuses victimes. Il n’a pas lieu devant les tribunaux civils, mais face aux autorités de l’Eglise, et selon le droit canon.
Un procès qui n’était pas évident tant les obstacles et les réticences ont parsemé les tentatives d’engager des poursuites. L’un de ces obstacles mis en avant fut d’attendre que le père Preynat soit jugé au civil. Un autre que les faits pouvaient être considérés comme prescrits. Mgr Barbarin, avait d’ailleurs eu cette funeste formule : "La majorité des faits, Dieu soit loué, sont prescrits".
La majorité des faits, Dieu soit loué, sont prescrits
Les victimes réunies sous l’association "La Parole libérée" avaient permis de médiatiser cette affaire et de la faire révéler au grand public. Car ils ne pouvaient comprendre comment, l’Eglise, ayant connaissance des agissements dès 2014, puisse encore être au contact d’enfants dans une paroisse de Roanne. François Devaux, président de cette association regrette ainsi que : "ce qui est gênant, c’est que tout arrive consécutivement à la pression que l’on met." Et de se poser la question : "Pourquoi attendre autant de temps ? Ce procès aurait dû avoir lieu il y a 25 ans."
Quel déroulement pour ce procès ?
Des victimes ont ainsi été appelées à témoigner. Pour y apporter son témoignage, les personnes qui le souhaitent peuvent contacter le tribunal au 04 26 20 51 65. Il n’est pas encore trop tard puisque le procès est prévu pour durer plusieurs semaines. Mais, pour le dirigeant de l'association La Parole libérée, tous n'y participeront pas car "beaucoup ne veulent pas être identifiés".
Trois juges ont été nommés pour instruire ce procès, dont un qui fait office de juge d’instruction. On ne sait pas où se procès se tient. Le père Preynat sera entendu, mais il ne sera pas confronté à ses victimes.
François Deveaux met en doute l'utilité de cette procédure : "Finalement, ce procès va juger quoi ? Va-t-il y avoir des indemnisations dans ce procès canonique ? En Suisse, il l’ont par exemple fait. Est-ce que l’enjeu est celui-là ? Auquel cas il y a une vraie démarche, mais cela n’est pas très clair."
Ce procès n’aura pas d’effets sur la justice civile. La peine maximum qu’il encourt est le "retour à l’état laïque", c’est-à-dire qu’il sera privé de sa vie de prêtre. Il ne serait plus pris en charge par le diocèse de Lyon.
Pour François Deveaux, les responsabilités sont ailleurs : "Après un an, on a gagné un procès canonique, mais il aura fallu aller loin pour en arriver là. Et quid de ceux qui y ont participé ? Ceux qui ont déplacé les prêtres pédophiles, qui les ont promus. Nous sommes là en train de juger un homme qui est pathologiquement malade, ce dont il a besoin n’est pas un procès, c’est un cadre à la mesure de sa pathologie. Mais il y a des personnes qui ne sont pas malades, et qui ne sont pas jugés et continuent à être en place."
Le procès canonique du père Preynat a débuté à Lyon.La "Parole libérée"qui regroupe les victimes de ce prêtre acccusé de pédophilie s'interroge sur la portée réelle de cette procédure initiée par l'Eglise