PRISON : des photos édifiantes des cellules de détenus à La Talaudière, le conseil d'Etat doit se prononcer

L'observatoire international des prisons, a fait appel devant le Conseil d’État, d’une décision du tribunal administratif de Lyon concernant les conditions de détention dans la prison de La Talaudière. Selon Andrée Taurinya, députée LFI, il y a urgence à intervenir.

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"Je peux vous dire qu'on prend un coup quand on visite une prison, on ne reste que 2 ou 3h mais ces gens, ils passent leur vie". Andrée Taurinya, députée de la Loire, n'en est pas à sa première visite de l'établissement pénitentiaire de la Talaudière. Elle s'y était déjà rendue, le 1er novembre 2023, dressant un constat alarmant, sur des conditions de vie indigne des détenus. Elle a souhaité y retourner 5 mois plus tard. Mais la situation reste critique selon elle. 

"Ce qui m'a le plus choqué, c'est la salle d'attente de l'unité sanitaire dont un juge a estimé dans son rapport que la situation était conforme à la dignité des détenus, or au cours de mes 2 visites, j'ai vu des traces d'excréments sur les murs !"

État de décrépitude avancée 

Dans un référé-liberté, l’Observatoire International des Prisons et l’Association des Avocats pour la Défense des Droits des Détenus avaient saisi en mars le tribunal administratif de l’indignité des conditions de détention dans ce centre pénitentiaire près de Saint-Etienne. 

Dans son ordonnance en référé rendue le 29 mars, le juge administratif n’a retenu que deux réclamations sur les 32 exposées : la remise en conformité du parafoudre et la distribution de kits d’hygiène aux personnes détenues.

"Nous alertons depuis de nombreuses années pour dire que cette prison est en un état de décrépitude avancée. Notre objectif est que cela se sache et que l'administration ne puisse pas balayer d'un revers de main ces situations" s'indigne Matthieu Quinquis, président de l'OIP.

"Les familles ont été déçues par la décision du tribunal administratif, mais elles ont l'espoir que les choses puissent s'améliorer, que certains aspects de la vie soient un peu moins insupportables". C'est pourquoi l'observatoire a fait appel de cette décision et saisi le conseil d'État qui doit se prononcer d'ici à quelques semaines. 

Parmi les choses qui rendent la vie réellement difficile aux détenus, il y a le manque d'intimité, la séparation entre les toilettes et la pièce de vie n'est jamais conforme, dans les cellules les détenus bricolent avec des draps ou des drapeaux, car il n'y a pas de séparation, au mieux c'est une planche en bois à hauteur de la taille.

Andrée Taurinya

Députée LFI de la Loire

Matelas au sol et toilettes sans porte

"La visite du 10 avril a révélé ce que nous craignions", ajoute Andrée Taurinya. "Les conditions de vie ne se sont pas améliorées et ce que l'administration pénitentiaire a présenté devant la justice était une réalité sous un jour dénaturée. J'ai pu échanger avec de nombreux détenus, certains m'ont laissé entrer dans leur cellule. J'ai constaté un état de saleté vraiment indigne".

Parmi les choses qui rendent la vie réellement difficile aux détenus, il y a le manque d'intimité, la séparation entre les toilettes et la pièce de vie n'est jamais conforme, dans les cellules les détenus bricolent avec des draps ou des drapeaux, car il n'y a pas de séparation, au mieux c'est une planche en bois à hauteur de la taille.

Andrée Taurinya, députée LFI de la Loire

"Il y a aussi tous les déchets qui s'accumulent sur les grillages de la prison, un nettoyage quotidien est censé être effectué, plus un gros nettoyage les premiers mardis du mois, nous avons fait exprès de nous y rendre le 10 avril, soit 6 jours après ce fameux nettoyage mensuel et nous avons constaté un amoncellement de déchets" constate la députée. 

Des travaux engagés 

"Tous les détenus avec qui j'ai échangé m'ont dit qu'ils vivaient très mal leurs conditions de vie. Il faut que les gens puissent se réparer quand ils vont en prison et réintégrer la société, c'est très difficile de se réparer quand on vit dans ces circonstances." 

L'administration pénitentiaire a précisé à Andrée Taurinya que des travaux étaient engagés.  L'objectif est d'aboutir à une rénovation de toutes les cellules en 2026, "mais d'ici là que se passe-t-il pour les détenus ?", interroge-t-elle.  Au 1er février 2023, la prison de la Talaudière était occupée à 157% soit 406 personnes pour 259 places. 

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