Témoignages. Mort d'un détenu à la Talaudière : "on a crié pendant 40 minutes avant que les surveillants n'interviennent", des codétenus parlent

Une semaine après la mort de Medhi Berroukeche à la prison de la Talaudière (Loire), une équipe de France 3, à Saint-Etienne, a rencontré des codétenus qui donnent leurs versions des événements. D'après eux, les surveillants ont tardé à intervenir. Les résultats de l'autopsie ne sont toujours pas communiqués. Le parquet reste silencieux.

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La rencontre s'est déroulée dans l'après-midi, ce mardi 3 janvier, dans un lieu neutre. Deux codétenus de Medhi Berroukeche, mort dans la nuit du 28 au 29 décembre 2022 à la prison de la Talaudière, près de Saint-Etienne dans la Loire ont accepté de nous donner leurs versions des faits.

Comme l'était Medhi Berroukeche, ils sont détenus dans le quartier de semi-liberté. Un lieu spécifique, à proximité de la maison d'arrêt. D'après eux, les surveillants ont tardé à intervenir, malgré leurs appels incessants. 

"On a entendu des bruits, comme si il prenait des coups mais ce n’était pas des coups. Après on a tous crié pour appeler les surveillants", nous raconte l'un deux. 

On a tous crié pour appeler les surveillants. On a dû attendre une quarantaine de minutes avant qu’ils arrivent.

un codétenu de la victime

40 minutes avant l'intervention des gardiens

Dans le bâtiment des régimes de semi-liberté, réputé calme, aucune surveillance nocturne n'est prévue. Néanmoins des dispositifs existent, comme des interphones pour joindre les gardiens des quartiers de détentions plus longues. Un surveillant se trouve également en permanence dans le mirador de la prison. 

"On a sonné aux interphones et ils nous ont répondu que c’était une blague" témoigne l'un l'autre codétenu. "On a dû attendre une quarantaine de minutes avant qu’ils arrivent", poursuit son camarade. 

Mort à coups de fourchette ? 

Ce qui choque le plus ces détenus, c'est à la fois la violence des faits et le calvaire vécu par la victime. "Je sais qu’il a pris des coups de fourchette. Je sais qu’il a mis des coups dans les yeux. Il y a mis un coup dans la carotide. Il a été défiguré", témoigne l'un d'entre eux. 

Si la présence de fourchette en cellule de semi-détention est autorisée, des questions subsistent sur le profil du tueur présumé. Comme le père de Medhi Berroukeche nous l'expliquait, ce détenu aurait dû, peut-être, être considéré comme potentiellement dangereux. "Medhi l'a pris en vidéo dans la journée. Il regardait le plafond et parlait tout seul, ça se voit qu'il a des problèmes", explique l'un des détenus. 

Ces détenus, au statut particulier, ont participé hier à un rassemblement de soutien à la victime. Ils se sont à nouveau manifestés ce soir devant la maison d'arrêt. Ils disent attendre que la justice fasse toute la lumière sur ce drame.

Un juge d'instruction a été nommé et le détenu mis en cause incarcéré dans un autre établissement. Une écoute psychologique a été mise en place pour les surveillants et les détenus. 

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