Que s'est-il passé dans cette cellule de semi-liberté du centre pénitentiaire de La Talaudière, près de Saint-Etienne, dans la nuit du 28 au 29 décembre où un détenu a été tué par son codétenu ? Le père de la victime parle d'une agression sauvage, d'inquiétude depuis déjà quelques temps. Son fils aurait même demandé à changer de codétenu.
Medhi 25 ans a perdu la vie sous les coups de son codétenu dans la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 décembre au centre pénitentiaire de la Talaudière, près de Saint-Etienne. Tous deux se trouvaient dans leur cellule du quartier de semi-liberté lorsque l'agression a eu lieu. "Un déchainement de violence", selon le parquet. L’auteur des faits a été mis en examen pour meurtre ce vendredi 30 décembre.
La victime était inquiète depuis plusieurs jours
Je lui ai demandé si ça allait. Il m’a répondu que oui mais je connais mon fils sur le bout des doigts. J’ai insisté et il m’a de nouveau dit qu’il ne sentait pas son codétenu.
Kamel Berroukeche, le père de la victime
Ce jour-là, « il était sorti à 13h30 de la maison d’arrêt. Sa petite amie était venue le chercher car il avait un rendez-vous administratif. Il m’a appelé pour me proposer de boire un thé chez moi. Je lui ai demandé si ça allait. Il m’a répondu que oui mais je connais mon fils sur le bout des doigts. J’ai insisté et il m’a de nouveau dit qu’il ne sentait pas son codétenu », confie Kamel Berroukeche, le père de la victime. D’après lui, son fils avait « déjà demandé à l’administration de changer de codétenu car il était violent ».
Des surveillants qui se trouvaient dans un autre bâtiment ont été alertés par des cris de détenus. Le plus jeune des deux avait perdu connaissance lorsqu'ils sont arrivés sur place. Dans un communiqué publié par le syndicat Force Ouvrière justice l'émoi est palpable. Les surveillants sont saisis par ce qu'ils découvrent à leur arrivée : « A l’ouverture de la cellule c’est une véritable scène d’horreur. Deux détenus gisant dans une mare de sang, l’un tentant encore d’asséner des coups de coudes dans la tête de l’autre ». Des agents qui réclament depuis de l'aide. "Dans le cas de cet incident grave, nous avons sollicité à notre initiative un soutien psychologique pour ces agents", affirme la direction du Centre pénitentiaire de la Talaudière contactée par téléphone.
« Je n’ai pas eu d’appel de la maison d’arrêt »
Vers 1h30 dans la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 décembre, la petite amie de Mehdi, mise au courant par des détenus, prévient la famille. Quelques heures plus tard, il est déclaré en état de mort cérébrale.
« Je n’ai pas eu d’appel de la maison d’arrêt. C’est moi qui aie fait la démarche de prendre rendez-vous avec le directeur du centre pénitentiaire pour savoir ce qu’il s’était passé. Je n’ai eu aucune information, il m’a juste dit « monsieur mes condoléances », déplore le père.
« Mon fils est rentré en marchant, il ressort les pieds devant. Il a été sauvagement agressé, il faut que justice soit faite et que la vérité éclate en plein jour ». Ce mardi une cérémonie religieuse est organisée à la grande mosquée du soleil de Saint-Etienne, en mémoire de la victime.
Une enquête ouverte
Si le père de Mehdi assure que son fils avait demandé à l’administration de changer de codétenu car il était violent, « en l’état actuel, les rapports fournis par l’administration pénitentiaire ne fournissent pas cette information » assure André Merle, le procureur adjoint de la république de Saint-Étienne.
Ce type de drame n’est pas le premier à la maison d’arrêt de La Talaudière. En mai dernier, un homme de 59 ans qui partageait sa cellule avec trois autres hommes est décédé sous les coups de l’un d’eux.
Ce lundi 2 janvier, proches et inconnus se sont réunis à Saint-Etienne en hommage à Medhi Berroukeche.