L'ingénieur Benoît Nayme est mort en novembre 2016 en Angola, dans des circonstances troubles. Sa soeur Clémence et sa mère, ont été reçues à l'Elysée. Elles ont pu parler au téléphone avec le président Emmanuel Macron.
Il est mort le 30 novembre 2016, d'un coup porté à la tête. A 26 ans, Benoît Nayme était ingénieur pour une société française, basée dans la province du Cabinda au nord-est du pays. Une première hypothèse de la police locale évoquait un cambriolage qui aurait mal tourné, mais sa famille n'a jamais voulu y croire. Depuis les faits, aucune arrestation n'a eu lieu.
Ce matin, comme le rapportent nos confrères de France Bleue Loire, la soeur de la victime, Clémence et sa mère Josiane, qui souhaitaient rencontrer le président de l'Angola João Lourenco, en visite officielle en France, ont fait un sit-in devant l'Elysée, auquel elles ont mis fin en échange d'une rencontre à la mi-journée avec un conseiller présidentiel chargé de l'Afrique.
Elles ont pu ensuite s'entretenir avec Emmanuel Macron au téléphone pour tenter de faire relancer l'enquête.
Le reportage de Catherine Dol-Damiron et Stéphanie Loeb:
"Dans deux jours, cela fera 18 mois que mon frère a été assassiné. Et aujourd'hui on n'a encore aucune réponse concrète. Ça commence à être long", a déploré cette étudiante en médecine. "On sait qu'en France cela avance du point de vue judiciaire, mais on aimerait que ça continue et que les choses prennent toute l'importance qu'elles ont à nos yeux". Elle entend aussi "montrer à ces deux chefs d'Etat que (son) frère aimait l'Angola et les Angolais sur place. Il était très fier d'être Français et avait été porte-drapeau pour la France sur l'Arc de triomphe lorsqu'il était étudiant aux Arts et Métiers", a-t-elle ajouté.
Une enquête va démarrer
Le jeune ingénieur, employé en Afrique dans le secteur parapétrolier, avait été frappé à mort par des inconnus, dans la nuit du 30 novembre 2016, dans sa résidence.
Après la mise à l'écart de la thèse angolaise d'un cambriolage qui aurait mal tourné, l'enquête a été réorientée vers un homicide. En mars, une information judiciaire pour "homicide volontaire" a été ouverte par la juge Céline Gaudillère, du TGI de Paris.
La demande de la France d'une entraide pénale internationale ayant finalement été acceptée quelques semaines plus tard par les autorités angolaises, des policiers de l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) se rendront en Angola en juin.
"Parmi les hypothèses demandant à être vérifiées, est évoquée l'éventuelle découverte d'une affaire de corruption par le jeune ingénieur envoyé comme chef de projet au Cabinda", a déclaré à l'AFP Me André Buffard, l'avocat de la famille.
Une nouvelle autopsie de Benoit Nayme, réalisée en octobre à l'Institut médico-légal de Saint-Etienne à la demande de la famille, après l'exhumation du corps, avait confirmé que des violents coups portés à la tête à l'aide d'une objet contondant étaient à l'origine du décès de ce gaillard de 1,90 mètre, ex-champion de la Loire de judo. Diplômé des Arts et Métiers de Cluny, le jeune homme travaillait depuis 2014 en Angola au sein de l'entreprise française de chaudronnerie Friedlander (groupe Ortec), sous-traitante du pétrolier américain Chevron.
Au téléphone avec Emmanuel Macron
"Le président nous a écoutées. C'était un entretien sincère qui nous a touchées",a déclaré Clémence Nayme. Emmanuel Macron "a évoqué ce sujet" lors de son déjeuner avec le président angolais et l'a qualifié "d'important pour la coopération" entre les deux pays, a rapporté la Stéphanoise de 27 ans.
"Selon Emmanuel Macron, les deux chefs d'Etat se sont engagés à faire avancer l'affaire jusqu'à l'aboutissement de la vérité", a-t-elle ajouté, en précisant que le président Lourenço avait pour sa part "favorisé la mise en place de l'entraide judiciaire demandée par la France en l'absence de convention entre les deux pays".