A la Bourse du travail de Saint-Etienne se tient jusqu'à ce dimanche 11 juin,14 heures, une vente aux enchères un peu spéciale. 65 artistes et 3 donateurs mettent leurs œuvres en vente au profit de la recherche sur les sarcomes, des tumeurs rares. 74 œuvres dont une estampe de Picasso.
Jusqu’à dimanche en début d’après-midi se tient à la Bourse du travail de Saint-Etienne une vente aux enchères pas tout à fait comme les autres, tant dans la manière que dans les objectifs.
Dans la salle Sacco et Vanzetti, se dressent quelque 74 chevalets formés par des tabourets hauts. Sur ces sellettes, des œuvres d’art destinées à la vente : des dessins, des estampes, des lithographies ou encore des sérigraphies d'artistes locaux, mais dont certains exposent régulièrement dans des galeries. Et puis il y a cette litho de Picasso qui parvient d’une collection privée, évaluée par un commissaire-priseur entre 1500 et 4000 euros. “C’est une amie de longue date de la famille qui a décidé de donner un coup de pouce à la recherche médicale sur les sarcomes, ces cancers rares qui nécessitent encore beaucoup de travail”, relate Odile Viallon, présidente de l'association "M la vie avec Lisa", organisatrice de cette vente. Lisa, sa fille, est décédée en 2014 suite à un sarcome d’Ewing et un an de souffrance et d’errance médicale.
Glisser son offre dans une boîte à chaussures
Cette année, Odile Viallon a imaginé une vente aux enchères sur un mode ludique pour la huitième édition de l’Art Cherche (entendre : la recherche). Dans la grande salle, au pied de chaque œuvre, se trouve une boite à chaussures dans laquelle les visiteurs et acheteurs potentiels peuvent glisser leur proposition de prix. Et pour mettre un peu plus de suspense, il est suggéré de mettre des centimes après les euros pour départager les surenchères.
Cette exposition, ouverte à tous, permettra de découvrir des œuvres très diverses, aux couleurs de la vie. La grande majorité des prix de "réserve" est comprise entre 50 et 300€ et seules 4 œuvres ont un prix de réserve au-delà de 1000€, dont le fameux Picasso.
À propos de la couture, ma fille disait, alors qu'elle était malade : “la couture ça pique les doigts, mais ça vide la tête.”
Odile ViallonAssociation "M la vie avec Lisa"
À fond dans la couture pour lutter contre les sarcomes
Les années précédentes, l’association s’était retroussée les manches en créant des sacoches en toile enduite pour habiller les pompes à morphine et mettre de la couleur dans la vie des patients. Un millier de ces sacoches avaient été fabriquées et offertes dans les services hospitaliers.
Dans le même esprit, des sacs à Redon (petit flacon relié à une tubulure en silicone ou en plastique et qui traverse la peau du patient afin d'être reliée à la zone de plaie. C'est l'un des dispositifs les plus utilisés lors d'une chirurgie) avaient été cousus. “Nous avons fait ces pièces en tissu enduit pour éviter que les patients ne rentrent chez eux avec un vulgaire sac en plastique autour du drain”, dit Odile, qui consacre l’essentiel de son temps à l’association. Pourquoi la couture ? “Parce qu'elle a eu un rôle très important dans la vie de ma fille lorsqu'elle était malade, juste avant de mourir. Elle s’y est pleinement consacrée des mois durant.”
Trois labos aidés financièrement
En huit ans, M la vie avec Lisa a réuni 203.000 euros qui ont été confiés à trois équipes de recherche fondamentale sur les sarcomes et cancers pédiatriques. L'une est dirigée par le Pr Olivier Delattre, à l’Institut Curie à Paris (Grand Prix de l'Inserm en décembre 2022, en particulier pour ses travaux sur les sarcomes). Une autre est dirigée par Françoise Redini et Franck Verrecchia, un labo de recherche INSERM à Nantes. Et pour finir, le réseau national de chercheurs en oncologie pédiatrique "React-4Kids" qui regroupe 185 chercheurs.