Des tonnes de déchets. Les bénévoles d'une association ont découvert avec effroi le week-end dernier une immense décharge sauvage à proximité de la ZAC des Volons, à Andrézieux-Bouthéon. Une découverte à l’occasion d'une opération de nettoyage des bords de Loire.
C'est une surprise et un "désastre", pour André qui a découvert cette décharge à ciel ouvert le week-end dernier à l'occasion de l'opération "J'aime la Loire propre". La décharge sauvage se trouve dans le secteur d'Andrézieux-Bouthéon.
Des tonnes de déchets abandonnés
"L'an dernier, le pré était nickel, il n'y avait aucun déchet !", assure le militant associatif qui habite à quelques centaines de mètres. "De la maison, ça ne se voit pas !". Plusieurs tonnes de déchets de toutes sortes s'accumulent dans un pré. "On estime qu'il y a 800 tonnes de déchets", indique le Ligérien dépité.
La décharge est située à proximité de la Loire et d'un site Natura 2000. Située en lisière de forêt, la parcelle municipale se trouve aux abords de l'autoroute et une zone industrielle. Elle n'est accessible que par un seul chemin non goudronné. Aujourd'hui, elle est noyée sous plusieurs centaines de mètres cubes d'ordures. Des déchets déposés en tas de plusieurs mètres cubes, à même la terre.
Dans cette décharge sauvage, on trouve aussi bien des matériaux de construction, que des gravats, du plastique, des bouteilles de gaz, des bombes de peinture, des vieux matelas ou encore des pneumatiques... Un inventaire à la Prévert. "Il y a toutes les matières. On ne devrait plus voir ça, il y a des structures qui permettent de trier", déplore André. Indignés, les bénévoles qui sont tombés sur cette décharge sauvage s'en sont émus sur les réseaux sociaux.
Du côté de France Nature Environnement, on craint le pire. Pour l'association qui traque depuis des années les décharges sauvages via une plateforme sur Internet, une décharge sauvage de cette ampleur est inédite.
Ces dépôts sauvages sont risqués pour la faune et la flore. Ils peuvent entraîner une pollution du sol. Il y a des risques d'incendies. Avec la proximité de la Loire et du ruisseau du Volon, il y a des risques de pollution de l'eau en cas de crues. C'est aussi inacceptable pour les gens qui vivent là.
Lucie CarrasJuriste - France Nature Environnement Loire
Lucie Carras, juriste spécialisée en Droit de l'Environnement, ne cache pas sa stupeur : "Dans le cadre de notre plateforme Sentinelle de la Nature, on nous signale des dépôts sauvages, mais rarement de cette ampleur". L'association France Nature Environnement pour laquelle elle travaille entend suivre le dossier, voire porter plainte.
Identifier les responsables
La mairie d'Andrézieux-Bouthéon a réagi par communiqué ce jeudi 21 mars. "Informée de cette situation depuis quelques mois déjà, la Ville d’Andrézieux-Bouthéon a engagé des démarches afin d’identifier les responsables de cette atteinte grave et inacceptable à notre environnement", indique le texte relayé sur les réseaux sociaux par une association de riverains.
Comment cette décharge était-elle restée méconnue jusqu'à ce jour des riverains, mais bien connue des indélicats ? La mairie, propriétaire du site, était informée depuis plusieurs mois. Le premier signalement d'un "dépôt sauvage de grande envergure" sur le secteur des Volons aurait eu lieu en octobre dernier, indique la municipalité. C'est elle qui a découvert la situation après le signalement d'un promeneur. Les faits auraient été constatés par la police municipale et les services techniques. Le maire a porté plainte le 18 octobre dernier. En janvier, la mairie précise que des travaux ont été réalisés pour empêcher l’accès au site par un véhicule à moteur. L'Office Français de la Biodiversité, ainsi que la DREAL et l'ADEME ont également été alertés.
Une enquête est en cours. Les gendarmes sont en charge des investigations. La municipalité indique que ce travail est mené "dans une relative discrétion afin de ne pas gêner le déroulement de l’enquête". Et elle précise : "dès qu’elle aura obtenu l’accord des autorités, la commune envisage une action de nettoyage d’envergure qui n’exclut pas une éventuelle mobilisation citoyenne".
"Tout dépôt dans la nature est illégal", rappelle Lucie Carras de France Nature Environnement. Pour ce délit d'abandon et de dépôt sauvage de déchets, les contrevenants risquent aujourd'hui jusqu'à 4 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende. Commis en bande organisée, ce délit peut coûter encore plus cher : la condamnation peut aller jusqu'à 8 ans d'emprisonnement et 500 000 euros d'amende.