Le 15 mars 2021, le gouvernement a annoncé la suspension des injections du vaccin AstraZeneca, soupçonné d’augmenter le risque de thrombose cérébrale. Le Pr.Stéphane Paul, immunologiste au CHU de St-Etienne et membre du comité scientifique vaccin Covid19, faisait le point sur cette suspension.
Après plusieurs pays européens inquiets de possibles effets secondaires du vaccin AstraZeneca, c’est la France qui avait décidé ce lundi 15 mars de suspendre "par précaution" l'utilisation du vaccin AstraZeneca, en attendant un avis de l'autorité européenne des médicaments (EMA). Ces pays européens ont suspendu la vaccination avec le produit mis au point par le laboratoire anglo-suédois en raison d'un possible risque d'effets secondaires graves, tels que des difficultés à coaguler et la formation de caillots (thrombose).
Le régulateur européen "convaincu" des bénéfices du vaccin AstraZeneca
Ce mardi après-midi, 16 mars, l'Agence européenne des médicaments s'est dite"fermement convaincue" des avantages du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19. "Nous sommes toujours fermement convaincus que les avantages du vaccin AstraZeneca dans la prévention du Covid-19, avec son risque associé d'hospitalisation et de décès, l'emportent sur le risque de ces effets secondaires", a affirmé ce mardi après-midi la directrice exécutive de l'EMA, Emer Cooke. Elle a précisé que l'agence "examinait" les effets "indésirables associés à tous les vaccins", même si l'attention est pour le moment concentrée sur celui d'AstraZeneca. L'EMA doit rendre un avis définitif ce jeudi 18 mars.
L'Organisation mondiale de la Santé, dont des experts se penchaient aussi ce mardi sur le sujet, tout comme l'EMA ont recommandé de continuer à administrer le vaccin AstraZeneca.
Vaccin AstraZeneca : trois questions au Pr. Stéphane Paul
A la mi-journée, avant cette annonce de l'EMA, le Professeur Stéphane Paul, immunologiste au CHU de Saint-Etienne et membre du comité scientifique vaccin Covid19, faisait le point sur la suspension du vaccin AstraZeneca.
►Le vaccin AstraZeneca est-il ou non dangereux ?
"A ce jour, les événements secondaires qui ont été rapportés dans différents pays européens est en cours d'évaluation. On parle de maladies de type thromboses veineuses avec des problèmes de coagulation. On sait que l'incidence observée chez des personnes vaccinées est inférieure à l'incidence normale de ces pathologies. On estime que ces pathologies touchent environ 0,5% à 0,6% de la population générale. Il s'agit de maladies fréquentes. Tout l'effort fait par l'Agence européenne du médicament est d'essayer de corréler, d'associer ces maladies avec un risque lié à ce vaccin (AstraZeneca) et peut-être un lot de ce vaccin. Beaucoup de données sont en cours d'évaluation par l'Agence Européenne. Elle doit communiquer ses résultats aujourd'hui (mardi 16 mars) et jeudi (18 mars)."
►Pourquoi ne pas s'être aperçu de ces problèmes plus tôt? Y a-t-il eu une faille dans le processus de validation?
"On commence à observer des événements qui peuvent paraître de très faible incidence. Car aujourd'hui, le vaccin AstraZeneca a été utilisé pour plus de 5 millions de personnes. C'est un effectif qui est largement supérieur à ce qui est fait en phase 3 où l'on a entre 40 et 50.000 personnes qui sont vaccinées. Là on change d'échelle et on commence peut-être à observer des effets secondaires dont l'incidence est très faible. C'est ce qui se passe dans le développement d'un médicament ou d'un vaccin. Et c'est ce que fait la pharmacovigilance. C'est normal d'observer des événements secondaires. Seront-ils associés au vaccin ? C'est aujourd'hui un peu trop tôt pour le dire. Il s'agit tout de même de maladies assez fréquentes dans la population générale."
►Faut-il craindre un sérieux coup d'arrêt dans la politique vaccinale qui reposait beaucoup sur AstraZeneca?
"Cela va dépendre de la décision de l'Agence européenne du médicament, si elle bloque la vaccination de façon globale ou peut-être de façon plus ciblée sur des sous-populations d'individus. On ne le sait pas encore. Le vaccin AstraZeneca a une part importante de la campagne de vaccination pour le mois d'avril. (On attend également le vaccin Janssen qui va arriver plus tard) Mais cela va clairement freiner la vaccination et sans doute également augmenter l'hésitation vaccinale qui avait été plutôt modérée pour l'instant. Ça ne peut avoir que des effets négatifs sur l'envie vaccinale de la population."