La communauté des mineurs est soudée, solidaire et vaillante quel que soit son pays. Elle est aussi reconnaissante de ses grandes figures et n'oublie pas ceux qui sont morts au fond des galeries. Cédric Daya, photographe stéphanois, petit-fils de mineur, lui rend hommage à travers ses photographies.
Cédric Daya est fils et petit-fils de mineur. Photographe, il consacre une partie de son temps et se son art aux gueules noires de Saint-Etienne en particulier mais aussi au reste du monde. Une façon de lutter contre l'oubli. Pour sa nouvelle exposition, il s'est rendu en Bosnie où les mines de charbon sont toujours exploitées.
A Breza, à 30 km de Sarajevo, Cédric Daya marche sur les pas d’Alija Sirotanivić, mineur et héros national. Un 3e passage pour le photographe dans cette ville. Une culture minière enracinée dans les cœurs des habitants.
Ce jour-là, le ciel est bleu, c'est un jour de juin ensoleillé. En prenant un peu de hauteur sur une colline surplombant la ville, Cédric Daya explique que ce n’est pas toujours le cas… «En hiver, il y a une brume sur la ville parce qu’on continue à se chauffer au charbon donc forcément il y a un petit nuage qui donne une impression particulière». Ici, au milieu des montagnes, la végétation domine. Mais à l’entrée de la ville, des bâtiments noirs, le puits de la mine en action. Un contraste fort pour les non-habitués. «Ça marque le paysage et c’est marquant au niveau de notre imaginaire parce que les mines on en entend parler à Saint-Etienne mais là de voir le puits de mine en fonctionnement, les mineurs qui sortent quand on arrive, c’est marquant» témoigne Cédric.
La mine de Breza, un symbole national
Cette mine ouvre en 1907. Plus d’un siècle plus tard, elle fournit encore du charbon. En 1966, 3 500 travailleurs arpentaient ses tunnels obscurs. Aujourd’hui, la moitié des foyers de la ville dépend de ce charbon. «La plupart des habitants de Breza travaillent à la mine, il n’y a pas d’autres activités» explique Cédric après avoir échangé avec le doyen des mineurs du village. Alors même si une fermeture d’ici 2030 menace la mine, une lueur d’espoir continue d’éclairer les mineurs. «Il y a une capacité de production sur 30 ans» continue le photographe.
Arrivé à la mine, Cédric rencontre les mineurs. Ces travailleurs bravent tous les dangers. L’explosion de méthane faisant 89 morts en 1979 ne les a pas stoppés. «On voit la dangerosité de la mine» affirme Cédric, des photos du jour de la catastrophe sous les yeux. La mine garde une trace de ces heures sombres dans un album. Mineurs portants des cercueils et femmes en pleurs remplissent les pages. Une dangerosité commune à toutes les mines d’après Cédric. «Ce sont des images qu’on connait en France, des images assez symboliques de familles qui se rendent devant le puits pour avoir des nouvelles de leurs pères, enfants» dit-il en référence à la catastrophe de La Chana à Saint-Etienne en 1942. La catastrophe minière de Breza reste dans les mémoires.
Alija Sirotanivić, figure emblématique
Depuis l’explosion meurtrière, les mineurs de Breza se réunissent chaque année. Le rendez-vous est au pied de la tombe d’Alija Sirotanivić. Des fleurs sont déposées en guise de commémoration. Ce personnage est un symbole du travail minier. «J’ai eu l’occasion de venir à Breza parce que j’ai fait un reportage sur Alija Sirotanivić […] qui a battu le record d’extraction de charbon» explique Cédric. A l’époque, la Yougoslavie souhaitait le récompenser. Sa seule demande: une pelle plus grande. Vœu exaucé, il continuera ses descentes à la recherche de matières noires. En vrai héros, son buste est exposé à l’entrée de la mine.
Dans le prochain (et dernier numéro) épisode, Cédric Daya descendra de quelques étages. 400 mètres sous terre, il photographiera les mineurs. Pioches à la main, visages en sueurs.