Les mineurs bosniaques mènent aujourd'hui le même combat que leurs homologues stéphanois dans les années 1980 pour éviter la fin de l'exploitation des gisements de charbon. Un écho puissant pour Cédric Daya, photographe, petit-fils de mineur.
Cédric Daya est fils est petit-fils de mineur. Photographe, il a choisi de consacrer une exposition aux gueules noires de Bosnie où les mines sont toujours exploitées en écho à ce qu'a connu Saint-Etienne jusque dans les années 1980. Le combat des mineurs n'ont pas changé.
En novembre dernier, tous les mineurs de Bosnie se sont donné rendez-vous à Sarajevo. Amélioration des conditions de travail, augmentation des salaires ou encore la retraite, la liste des revendications est longue.
A Saint-Etienne, en 1962, les mineurs protestaient déjà. «Tout au long de l’histoire, les mineurs ont souvent été à la pointe de manifestations, de revendications et ça a été le cas à Saint-Etienne, c’est son histoire» explique Cédric.
Saint-Etienne et Sarajevo, même combat à 60 ans d’écart.
«Il y a une menace de fermeture des mines en Bosnie» informe Cédric. Il y a 60 ans, la production de charbon stéphanoise arrivait à sa fin. Les mineurs se sont battus contre la fermeture des mines.
Aujourd’hui, l’Histoire se répète de l’autre côté des Alpes. «Il y a un engagement vis-à-vis de l’Europe pour fermer toute les mines en Bosnie» continue le photographe. D’ici 2030, l’objectif est l’arrêt complet de l’extraction de charbon. Cet hiver, les mineurs marchaient dans les rues, par milliers.
Les mineurs se faisaient entendre, casques de protection sur la tête et combinaisons de travail sur le dos. En plus de leurs revendications sociales, abandonner le charbon n’est pas imaginable. «Se passer du charbon semble difficile» affirme Cédric, «Aujourd’hui 80% de l’énergie bosniaque est produite grâce au charbon». Il reste encore à trouver d’autres façons de produire l'énergie. Des alternatives nécessitant des investissements que la Bosnie n’a pas forcément sous la main.
Sarajevo, «ville martyre»
«C’est difficile d’être à Sarajevo sans parler de la guerre de Bosnie, Sarajevo, c’est une ville martyre». Les paroles de Cédric sont lourdes lorsqu’il arpente la ville. Traces de balles et d’obus visible sur les bâtiments, souvenirs des quatre années de siège qu’a subies la capitale. «Pendant le siège, le cordon ombilical qui reliait Sarajevo et le reste du monde c’était un tunnel, et je crois qu’il a été creusé par des mineurs» Les travailleurs aux visages noircis ne sont pas restés passifs. «C’est par ce tunnel-là que la ville était approvisionnée et qu’on sortait les blessés» raconte Cédric.
Après toutes ces années, le soutien des habitants se fait toujours ressentir. «Des milliers de personnes se sont joints à la manifestation» déclare Cédric. «Les mineurs, du fait de leur histoire, de ce qu’ils ont pu représenter en Bosnie et de la dureté de leur travail suscitent un courant de sympathie». Les travailleurs de la mine font partie de l’histoire du pays. Cependant, malgré cette empathie, la lutte reste difficile. «Est-ce que ça suffit pour inverser le cours de l’Histoire, ça je n’en sais rien» admet Cédric.
Prochain stop pour Cédric Daya : Breza, à 30 kilomètres de Sarajevo. Dans cette ville minière, il retrouvera des mineurs qu’il a déjà photographiés. Des témoignages forts, tout droit sortis des entrailles de la ville. A suivre dans l'épisode 3 de notre série.