Les résidents de l'Ehpad de Feurs (Loire) ont découvert l'univers du cinéma. Le temps d'une semaine, ils tournent leur premier court-métrage "Un bouquet de violettes". Celui-ci sera en compétition en novembre prochain lors du Festival des Cannes.
"Scène 5. Prise 1. Action !" En cet après-midi de juin, le jardin de l'Ehpad de Feurs (Loire) se transforme en plateau de cinéma. Réalisateur, caméraman et maquilleuse s'activent. Le temps d'une journée, André Palmier 96 ans, interprétera le rôle de Marius un "papi bougon" dont la petite amie s'en est allée avec un parisien.
Le scénario du court-métrage intitulé "Un bouquet de violettes", ce sont les résidents de l'Ehpad de Feurs qui l'ont écrit au cours des six derniers mois. Ils participent à la troisième édition du Festival des Cannes.
L'objectif de cet évènement : faire rencontrer le monde du cinéma avec celui de la vieillesse et surtout faire disparaître les idées reçues. “Nous, on se bat tous les jours pour bien faire comprendre aux gens que l’Ehpad ce n’est pas un mouroir, indique Marie Guillot, animatrice dans l'établissement de Feurs.
Il y a de la vie, de l’amour, de la joie et de jolis projets comme celui-ci
Marie GuillotAnimatrice à l’Ehpad de Feurs
Assise sur un banc aux côtés d'André, Marie répète son texte. "Ça crée des liens encore un peu plus fort”, sourit-elle. "Avant je ne connaissais pas tout le personnel, ajoute André. Le film ça a permis de se rapprocher, on se tutoie, on se parle."
“Chez moi seul, je ne faisais pas grand-chose"
André Palmier s'est installé dans l'Ehpad il y a un an. "Je ne pouvais plus monter ni descendre les escaliers, souffle-t-il. Chez moi seul, je ne faisais pas grand-chose." C'est ainsi sans hésiter qu'il a accepté de participer à la réalisation du film.
"Je suis content parce que j'apprends des choses auxquelles je ne m’attendais pas à mon âge, s'amuse-t-il, par exemple, j’ai appris à changer de caractère." Le sourire toujours au bout des lèvres il raconte son expérience d'acteur amateur. "Petit à petit, on a appris des rôles, enfin difficilement", ironise André.
J’ai quand même 96 ans. Comprenez que ma mémoire est un peu faible par moments
André PalmierRésident de l'Ehpad de Feurs
Le réalisateur, Philippe Crozier a œuvré à la création du festival. Sur les tournages, il compose et s'adapte aux difficultés que peuvent rencontrer les résidents. “On a affaire à des acteurs amateurs, rappelle-t-il. On ne sait jamais à l’avance si cela va nous prendre une heure ou dix minutes pour tourner une scène.”
L'Ehpad de Feurs fait partie des dix Ehpad sélectionnés pour tourner leur propre film. Le 21 novembre, tous seront en compétition. À la clef, différentes "Cannes" dont la plus convoitée, la "Canne du Patron" : celle du meilleur court-métrage.