Solidarité. Un village se mobilise pour aider un réfugié ukrainien qui marche plus d'une heure chaque jour pour aller travailler

Le conseil municipal de Merle-Leignec, dans la Loire, lance une cagnotte pour financer une voiture sans-permis qui sera mise à disposition d'une famille ukrainienne. Faute de véhicule, le père doit marcher plus d'une heure trente pour se rendre à son travail.

Chaussures de montagne aux pieds, veste d'hiver sur les épaules et bonnet sur la tête, Vahagn Manukian marche d'un pas décidé le long de la départementale 14. Plus d'une heure trente après avoir quitté son travail à Saint-Bonnet-le-Château (Loire), il arrive enfin à Merle-Leignec ou il est hébergé avec sa famille depuis qu'ils ont fui l'Ukraine en mars 2022. 

"Ce n'est pas trop fatiguant, ça va, je me suis habitué", nous confie-t-il timidement. Si parfois il a une solution de covoiturage et que durant l'été il faisait le chemin à vélo, depuis la chute des températures, il préfère marcher le long de la route. Une solution plus chronophage mais plus sûre. 

Une cagnotte pour financer une voiture solidaire

Ils sont dynamiques, ils participent à la vie de la commune donc on les aide

Le maire de Merle-Leignec

France 3 Rhône-Alpes

Cette situation émeut les habitants de Merle-Leignec. Vahagn, sa femme Vita et leurs enfants Vlada et Daniel (10 et 7 ans) sont très bien intégrés depuis leur arrivée. "Ils participent à tous les événements du village, les enfants sont scolarisés et la famille a tissé beaucoup de liens avec les habitants", confirme René Avril, le maire de la petite commune de 320 âmes. 

Les membres du conseil municipal ont donc décidé de lancer une cagnotte pour financer une voiture solidaire. Elle sera mise à la disposition de la famille ukrainienne le temps de son séjour dans la Loire. "On les soutient pour qu'ils trouvent plus d'indépendance. Ils sont dynamiques, ils participent à la vie de la commune donc on les aide comme n'importe quel habitant qui, à un moment, a des difficultés", plaide l'édile.

La voiturette permettrait à la famille d'être beaucoup plus indépendante. "Mon mari pourra se rendre à son travail facilement ou encore faire des courses au supermarché", explique Vita Kavalienko, la maman. Ce moyen de locomotion leur permettra également de pouvoir plus facilement accéder à des cours de français et de faciliter la recherche d'emploi de Vita. 

Une intégration réussie 

Depuis leur arrivée, la famille ukrainienne fait tout ce qui est en son pouvoir pour s'intégrer à la vie du village. "Ils sont présents à tous les événements", commente René Avril. "Vita s'est occupée de l'accueil des visiteurs lors d'une exposition à l'Eglise. Très récemment aussi, ils sont venus spontanément aux commémorations de 11 novembre devant le monument aux morts", poursuit l'édile, reconnaissant.

Dès leur arrivée, les enfants ont été scolarisés à l'école de Saint-Bonnet-le-Château et Vahagn a été engagé dans l'entreprise de textile dirigée par le couple qui a mis à disposition l'appartement occupé par la famille ukrainienne.   

Malgré la barrière de la langue, il s'est rapidement adapté à son nouvel emploi. Vahagn prépare des palettes de colis et charge des camions pour des livraisons partout en Europe. 

Vers une indépendance totale 

Si, pour l'heure, la famille ne paie pas encore son loyer. Elle est accompagnée par le CCAS de Merle-Leignec pour devenir totalement indépendante. "On les aide à faire les démarches auprès de la CAF pour qu'ils puissent toucher les aides prévues pour les réfugiés", précise René Avril. A terme, l'objectif est "qu'ils paient leur loyer, leurs charges et qu'ils bénéficient d'aides proportionnelles à leurs revenus." 

A terme, la famille souhaite retourner en Ukraine "quand le pays sera sûr pour les enfants". En attendant, ils ne cessent de remercier chaleureusement leurs bienfaiteurs et de tout faire pour s'intégrer à la vie locale. "Tout le monde a été très généreux et gentils avec nous, vraiment on tient à leur dire merci", commente Vita Kavalienko. 

Artiste, Vahagn consacre beaucoup de son temps libre à peindre des paysages ou des portraits de personnes du village pour leur offrir. Un moyen de leur renvoyer l'ascenseur avec ses moyens. 

Quand ils n'auront plus besoin de la voiturette espérée, elle sera mise à disposition d'autres personnes dans le besoin ou revendue. Les bénéfices seront reversés à des associations.      

Avec Clémence Delarbre