Un film sur les paysans d'Ardèche fait le buzz dans les salles de cinéma rurales

Le film "Ardéchois paysans montagnards" totalise 25000 entrées depuis le début de sa diffusion. Un succès qui ne se dément pas pour ce documentaire sur la vie des paysans à l'ancienne. Son réalisateur, originaire de la Loire, a voulu montrer un monde qui n'existera bientôt plus.

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Il ne tient pas en place, sans cesse sur les routes pour se rendre dans les salles obscures dans lesquelles son film documentaire sur les paysans d’Ardèche est projeté. Tantôt vers Annonay, quelques heures plus tard à Saint-Galmier, 300 kilomètres et puis les projections.

Bernard Peyrol est l’auteur du long métrage “Ardéchois paysans montagnards”. Un film tourné principalement entre 2018 et 2020, mais avec des séquences engrangées dès 2009, au gré de ses rencontres avec de vieux paysans qui vivent à l’ancienne, dans un confort plus que sommaire, très loin de la modernité et de la vie technologique d’aujourd’hui. Réalisateur, il est aussi diffuseur. C'est lui qui assure la vente de son film dans les cinémas ruraux. Et surprise, depuis qu’il est sorti, le film fait un carton.

Il remplit les salles avec une moyenne de 250 spectateurs par séance, du rarement vu dans les cinés. Exemple au ciné du Puy-en-Velay, où dans la semaine du 3 mai, 1156 personnes ont visionné son film lors de quatre séances. Aujourd’hui, il estime, selon les décomptes du CNC, à 25 000 le total des entrées pour son film dans une trentaine de villes de la région. Il ne l’aurait jamais parié.

Comment expliquer un tel succès ? 

Le film ? Il est tourné avec une caméra de poing professionnelle. Avec des moyens limités. C'est sans doute l’objet du film et ses personnages qui attirent. Le réalisateur, originaire de Rive-de-Gier, a suivi pendant plusieurs années les activités agricoles de quatre petites fermes en donnant la parole à des paysans montagnards qui vivent et travaillent comme jadis. À la dure, fauchage à la main dans les prés en pente, le béret vissé sur le chef, le pantalon en coton bleu et la chemise à carreaux de rigueur. “De l’authentique” comme dirait le papet dans Jean de Florette.

Ce monde en voie de disparition, Bernard Peyrol veut témoigner de son existence. Pendant 1h40, Il donne la parole, parfois rare, à une demi-douzaine de personnages qui racontent une vie qui s’est arrêtée dans les années 60/70. On est avec eux dans les différents moments de leur vie, dans la grange, dans la cuisine, dans les prés. Le synopsis ne dit pas autre chose : “dans ce coin de France très rural, l'auteur, conscient de mettre en mémoire des scènes de vie devenues rares, a voulu mettre en lumière ces acteurs, derniers représentants d'une agriculture avec peu ou pas de mécanisation.”

Et ces images, ce regard dans le rétroviseur, plaisent. En tous les cas, le film retient l'attention, et le bouche-à-oreille fait le reste. Explication de ce succès actuel.

C'est une forme de dépaysement, un projet que j'ai depuis des décennies. Ça me rappelle quand j’étais enfant, à six ans, et que j’allais dans des fermes de Haute-Loire. C'est une rencontre avec des fermes qui sont restées dans leur jus, sans modernité et sans le confort que nous connaissons aujourd'hui.

Bernard Peyrol

Réalisateur 

 "Parler d’eux, exprimer ce que je pense"

Dit à la première personne, le commentaire exprime la pensée du réalisateur, explique ce dernier. Parmi les témoignages, il y a celui de Pierre des Boutières, dont le cadre de vie se borne à l’essentiel, café le matin en quittant sa couche située derrière un rideau donnant sur la cuisine. Puis la mise en route du poêle à bois. Car ici, “il n’y a pas de radiateur.

Autre personnage, Georges. On le voit qui entretient les prés à la faux, le commentaire sur image le décrit “face à la pente. Il entame le dialogue avec la nature... Le travail est sa philosophie, le mouvement son âme.” On parle d’une époque où les bottes de foin et les balles n’existent pas. Tout est fané à l’ancienne, le foin emballé dans une toile qui sera portée à dos d’homme. “Je présente des profils de paysan et des intérieurs de ferme qui posent question, notamment de savoir pourquoi ils en sont restés là, convient Bernard Peyrol. C’est le résultat d’un travail de longue haleine sur une vingtaine d’années, au début, je prenais des photos, puis je suis passé à la vidéo.” Son envie ? Montrer un pan de l’agriculture française dont on ne parle plus, “qui n’intéresse pas les grands médias. Il n’y a que les petits réalisateurs comme moi qui peuvent les mettre en lumière. 

 Exaltant mais fatiguant 

Face au buzz qui entoure son documentaire, Bernard se prend au jeu et du même coup à rêver. “Le film n’a pas connu son apogée, je pense qu’il peut conquérir de nouveaux territoires, des départements ruraux hors de notre région”, et pourquoi pas dans le Sud-Ouest ou encore ailleurs. En septembre, il doit se rendre en Charente dans une salle labellisée par le CNC. Il compte en profiter pour faire un événement promotionnel en présence du musicien de la bande-son originaire du secteur.  

Pour l’heure, les séances s’enchaînent dans une dizaine de petites villes de la région dont Saint-Galmier et Saint-Bonnet-le-Château (trois séances dans deux cinémas), à Vals-les-Bains et Usson-en-Forez (deux séances dans deux salles), à Pélussin, Saint-Genest-Malifaux, Unieux et Saint-Symphorien-sur-Coise, dans une salle.

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