Nous sommes 2 Français sur 3 à consommer régulièrement du thé. Il provient essentiellement de l'étranger, mais un Ligérien a décidé de se lancer dans la culture de cette plante il y a trois ans.
Délicatement, Julien David cueille les premières feuilles de ses théiers. Ce maître assembleur de thés a planté ses premiers arbustes il y a trois ans à Pouilly-les-Nonains dans la Loire, une première en Auvergne-Rhône-Alpes.
Une parcelle d'expérimentation avec 1250 théiers
Julien David trouvait qu'il n'existait pas assez de producteurs de thé dans l'hexagone. Entre les Monts du Lyonnais et les Monts de la Madeleine, il a donc décidé de planter 1 250 théiers.
"Cette idée est venue d'un constat, explique-t-il. Étant assembleur artisanal de thés, finalement, on a une empreinte carbone qui est assez catastrophique en important des thés de l'autre côté de la planète. Et cette période nous a fait réfléchir. Le port de Shanghai fermé plusieurs mois, un risque de conflit Chine Taïwan. On s'est dit qu'à long terme, d'ici à 10 ans, on ne sait pas si l'on pourra continuer à importer du thé comme ça." Pour l'instant, les quelque feuilles récoltées iront au séchoir. Julien est en phase de test et le chemin est encore long.
Des théiers adaptés à notre climat ?
Une décennie, c'est le temps qu'il faudra à Julien pour expérimenter la croissance de ses Camélias sinensis, une variété de théier adaptée au climat ligérien. "On teste la croissance de ces camélias pour voir s'ils supportent les étés, les hivers et s'ils ont des pousses suffisantes pour pouvoir récolter les jeunes feuilles au printemps ou à l'automne de chaque année." Le chef d'entreprise est confiant même s'il le concède, "l'idée est complètement dingue."
Julien David aimerait dans un premier temps avoir un hectare de théiers, soit environ 7 000 arbustes. À terme, si l'expérimentation fonctionne, il vise une plantation de Camélia sinensis de 10 hectares.
L'art de l'assemblage du thé et des infusions
Avant d'être un cultivateur de thé, David est avant tout un assembleur de saveurs. Il se définit comme un "sommelier du thé". Il crée la Fabrikathé en 2016, trouvant les thés commercialisés trop industriels. Il allie le thé à des saveurs plutôt originales comme le chocolat, l'amande ou encore la poire. Les combinaisons semblent infinies. "Il y a moyen de travailler la mirabelle, la pastille de Vichy, la châtaigne confite. On va travailler cela comme une recette de cuisine. On va travailler l'aspect gustatif, l'aspect aromatique avec des fleurs, des fruits et des épices." David réfléchit même à l'accord mets et thés "comme on peut le faire en gastronomie avec le vin".