Malgré l'accord sur le prix du lait, les producteurs isérois restent en difficulté

Après plusieurs jours de blocage des sites de Lactalis, notamment dans la Loire, en Normandie ou dans le Sud-ouest, le géant de l'agroalimentaire basé à Laval a finalement cédé : le prix de la tonne remontera à 290 euros, contre 256,90 euros actuellement. Mais la situation en Isère est critique.

La grogne des producteurs de lait contre Lactalis a fini par payer. Alors que les éleveurs isérois s'apprêtaient à rejoindre le mouvement ce mardi, un accord a fini par être trouvé à Laval, en Mayenne, entre la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) et numéro un mondial des produits laitiers, Lactalis.

Le prix, qui avait été établi en juillet à 256,90 euros, un niveau particulièrement bas, va être remonté à 280 euros pour le mois d'août et montera de cinq euros par mois jusque décembre, où il atteindra 300 euros. Le FNSEA, après avoir obtenu gain de cause, a appelé ses militants à cesser toute action, et ce au moment où sa fédération départementale iséroise s'apprêtait à se faire entendre !

Il faut dire que l'Isère avait été durement touché par la baisse du prix du lait. Dans le département, une ferme sur trois est menacée. "La ferme laitière de l’Isère est en train de se réduire. Ca veut dire que la production de l’Isère est en train de fondre""

S'il vient d'être augmenté, le prix du lait n'avait pourtant pas cessé de baisser depuis deux ans. "De 360 euros on est passé à 260 euros et ça continue à baisser" assurait ce mardi midi Thierry Blanchet, éleveur à La Murette près de Voiron. Et 280 euros, cela reste insuffisant lorsqu'on sait que le coût de production est de 340 euros. "Il y a l’amour du métier, et a un moment donné il y a la raison. Là c'est difficile et la raison va l’emporter sur l’amour."

Sujet de Jordan Guéant et Gilles Ragris

Intervenants: hierry Blanchet, Producteur laitier; Pascal Denolly, Président de la FDSEA de l'Isère; Sébastien Poncet Président des Jeunes agriculteurs de l'Isère

Dans tous les cas, Thierry Blanchet et d'autres producteurs n'ont pas attendu cette hausse du prix pour diversifier leur offre. L'éleveur de La Murette possède 40 vaches laitières et 40 hectares, mais pour pouvoir survivre, il a été obligé de diversifier son offre en proposant des lits en gîte rural et en installant 40 kilos de panneaux photovoltaïque sur le toit. "C'est une vraie diversification, ça représente plus de 50% de mon revenu."

D'où venait cette grogne ?

En France, un producteur de lait sur cinq travaille pour Lactalis. Le numéro un mondial des produits laitiers, qui possède les marques Lactel, Bridel ou Président, était accusé d'être un très mauvais payeur. La tonne de lait - soit 1.000 litres - lui était vendu en jiullet à 256,90 euros, soit bien moins que ses concurrents Laïta (290 euros) ou que la laiterie Saint-Père, filiale d'Intermarché (300 euros), qu'il rejoint désormais avec un nouveau prix payé à 290 euros la tonne.

Une nouvelle crise pourrait toutefois survenir, en cas de baisse du prix en 2017. La situation s'est beaucoup dégradée depuis la fin des quotas laitiers, en 2015. En Isère, les producteurs avaient déjà rencontré les industriels le 10 août dernier afin de négocier des prix plus justes.
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