"Les médecins mercenaires" au coeur du rapport du député PS de Grenoble Olivier Véran

Jusqu'à 15.000 euros par mois : surpayés, les médecins employés à titre temporaire par les hôpitaux coûtent très cher à la collectivité. Dans son rapport parlementaire présenté ce mardi 17 décembre à l'assemblée nationale, le député socialiste isérois Olivier Véran parle d'une "véritable omerta".

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Oui, il y a une pénurie. "L'hôpital public est à la peine pour recruter certaines spécialités, caractérisées par une forte pénibilité", souligne dans son rapport le député PS Olivier Véran, lui-même neurologue. Anesthésie, médecine d'urgence et radiologie souffrent plus particulièrement de pénurie chronique de professionnels, tout comme la gynécologie-obstétrique et la pédiatrie.


Face à cette situation, les directeurs d'hôpitaux, confrontés à une "surenchère salariale", sont contraints par une réglementation rigide qui ne leur permet pas d'augmenter la rémunération au-delà d'un certain seuil. Certains y dérogent, d'autres recrutent des médecins sur de courtes durées, au tarif du remplacement. Et renouvellent le contrat mois après mois. Mais cette pratique coûte cher.

Un surcoût de 500 millions d'euros pour l'hôpital public


Un médecin intérimaire touche en moyenne de 600 à 800 euros nets pour une journée de travail et son collègue titulaire 260 euros, selon le rapport. Au final, cela représente un coût de 1.370 euros TTC à l'hôpital, soit "plus du triple du coût normal d'une journée de travail pour un praticien hospitalier (médecin titulaire)". Le surcoût est évalué "de l'ordre de 500 millions d'euros" par an pour l'hôpital public.

   >>> Lire le rapport sur le blog d'Olivier Véran


La situation est "plus critique" dans les petites structures où certains services "ne se maintiendraient ouverts qu'en recrutant 100% de remplaçants". "On n'a pas le choix, il faut faire tourner la boutique!", explique Nicolas Longeaux, président de la Commission médicale d'établissement de l'hôpital de Saint-Gaudens (Haute-Garonne), qui a notamment recours à plusieurs intérimaires dans son service de radiologie pour épauler le seul titulaire.

Une véritable omerta


Ce phénomène "semble avoir pris de l'ampleur mais bénéficie d'une véritable omerta", note le rapport. Impossible de connaître précisément le nombre de médecins temporaires à l'hôpital: "aucune structure nationale n'a de compétence pour les répertorier", souligne-t-il, avançant le chiffre de 6.000 praticiens.

Le marché se répartit entre sociétés de recrutement, agences d'intérim et recrutements directs en "gré à gré", "solution la plus couramment utilisée", selon lui. "Les candidats à ce mode d'exercice qui a ses contraintes mais peut s'avérer très lucratif ne manquent pas", relève-t-il encore. Jeune qui ne cherche pas à se fixer tout de suite (20%), mère de famille (25%) ou senior retraité (25%), "il n'y a pas de profil type", selon lui. Dans 30% des cas, il s'agit d'un professionnel de l'intérim qui cherche à "gagner autant en travaillant moins ou à gagner beaucoup plus", jusqu'à 15.000 euros par mois.

Certains cumulent leur fonction de titulaire avec des missions courtes ailleurs sur leurs week-end, congés, RTT, voire repos de sécurité, une pratique "totalement illégale". Plus grave: "le marché s'est emballé, remettant en cause par endroits la qualité, la continuité, la sécurité des soins", affirme le rapport. Pour autant, "il est difficile de déterminer si la multiplication des missions temporaires s'accompagne d'un sur risque pour les malades". "Ce qui est certain, c'est que le médecin (remplaçant) ignore tout ou presque des procédures propres à chaque établissement".

Quel contrôle ?


Or les contrôles sont rares, selon M. Véran. "Il n'y a pas de remontée du terrain, les ARS (agence régionale de santé) s'impliquent avec parcimonie, les hôpitaux sont tous seuls", a-t-il estimé lors de la présentation du rapport à la presse. "Nous contrôlons la déontologie des contrats passés par les médecins inscrits à l'Ordre des médecins mais nous n'avons pas de pouvoir sur leur rémunération", explique à l'AFP le docteur François Simon de l'Ordre des médecins.

Ce rapport, qui détaille 14 recommandations pour limiter ces pratiques, pourrait faire l'objet d'une proposition de loi, a précisé Olivier Véran, qui propose, entre autres, de plafonner le niveau de rémunération des médecins "mercenaires".
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information