L'assassinat de deux Congolais en Isère est une nouvelle fois évoqué devant la cour d'assises de l'Isère depuis ce jeudi 19 mai. Le dernier complice présumé de cette nébuleuse affaire est jugé. L'occasion de parler également du rôle trouble d'un informateur de Michel Neyret aujourd'hui décédé.
Le 29 décembre 2000, les corps des deux victimes avaient été retrouvés dans une Renault Scenic en flammes, garée dans un champ de maïs fauché à Chasse-sur-Rhône. Les deux hommes avaient été tués de deux balles dans la tête et le cou. On apprenait plus tard qu'il s'agissait de Philémon Naluhwindja, chef Maï Maï d'une tribu de la province du Kivu en République démocratique du Congo (RDC), et d'Aimé-Noël Atembina, conseiller militaire du gouvernement zaïrois à l'époque de Mobutu.
Au terme d'un premier procès, en février 2015, les jurés avaient condamné l'homme d'affaires belge Benoît Chatel, absent, à 20 ans de réclusion, et acquitté son ancien associé, l'architecte d'intérieur monégasque Alain Deverini.
Faute d'avocat, et hospitalisé, l'Italien Domenico Cocco, 63 ans, n'avait pu être jugé. C'est donc son procès qui se tient jusqu'à vendredi à Grenoble.
Selon la thèse retenue par l'accusation, Chatel, Deverini et Cocco auraient voulu éliminer les deux victimes, des "putschistes" supposés, afin de protéger leurs affaires en RDC.
Un informateur de Neyret sur la liste des suspects
A l'ouverture de ce second procès, l'implication probable de Michel Zaragoza, informateur aujourd'hui décédé de l'ex-commissaire Michel Neyret, a été évoqué."Judiciairement et matériellement, on n'a rien pu prouver. Mon sentiment c'est qu'il (Michel Zaragoza) était impliqué", a déclaré à la barre le chef d'escadron Patrice Clasert, directeur d'enquête. Le gendarme a parlé du "passé judiciaire" et de la "connaissance du milieu" de Zaragoza ainsi que son rendez-vous "assez troublant" avec l'Italien Domenico Cocco le jour des faits à la barrière de péage de Vienne (Isère), à quelques kilomètres du lieu du crime. Les deux hommes, "amis de longue date", avaient également été en contact téléphonique la veille et le jour des faits.
Michel Zaragoza avait été placé en garde à vue le 25 février 2002, puis relâché faute de preuve.
En 2011, il avait été poursuivi dans le cadre de l'affaire de corruption visant Michel Neyret, l'ancien numéro 2 de la PJ de Lyon. Il était soupçonné d'avoir offert vêtements et séjour au commissaire lyonnais en échange d'informations confidentielles. Neyret était intervenu lorsque le fils de Michel Zaragoza avait été interpellé dans une boîte de nuit avec un gramme de cocaïne. "Quand je mets cela en balance avec les centaines de kilos que son père m'a permis de saisir...", s'est justifié l'ex-policier à son procès, qui se tient actuellement à Paris.
Les poursuites à l'encontre de Michel Zaragoza dans le cadre de l'affaire Neyret ont été abandonnées après sa mort le 14 octobre 2013, à l'âge de 50 ans.