Michel Destot après la mort de Michel Rocard: "Je pleure un ami qui aura marqué ma vie"

L'annonce de la mort de Michel Rocard "bouleverse" Michel Destot. L'ancien maire socialiste de Grenoble était un proche de l'ancien Premier ministre. Il déclare: "c'était la plus belle rencontre politique de ma vie". 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Quelle perte pour notre pays, pour l'Europe", lance Michel Destot. Le député de Grenoble estime que "les socialistes sont aujourd'hui orphelins" après le décès de Michel Rocard à 85 ans.

Pour décrire les liens entre les deux Michel, Destot reprend les écrits de Rocard dans la préface de son livre: "une complicité politique profonde de plus de 40 ans, et une amitié confiante et vigoureuse".

"Puis-je dire que ce fut la plus belle rencontre politique de ma vie?", ose Michel Destot qui décrit un "socialiste de coeur et d'esprit, qui a mené une vie de combats pour des idées au nom de valeurs et de convictions fortes, et toujours pour l’intérêt collectif".

Entretien de Yann Gonon et Gilles Ragris


Et d'ajouter: "Michel Rocard a beaucoup dit, beaucoup écrit et beaucoup agi pour relever les grands défis contemporains et mondiaux. En fait, pour lui, penser était une seconde nature. Cela le poussait sans cesse vers l'universel et les autres. Idéaliste mais briseur de rêves porteurs d'illusions, impatient mais jouant toujours le long terme: ce grand homme aux subtiles paradoxes s'est battu jusqu'au bout. Encore tout dernièrement, malgré la maladie, il s'exprimait dans la presse avec ce devoir de vérité qui ne le quittait jamais."

Je pleure un ami qui aura marqué ma vie"

Et de conclure: "je pleure un ami qui aura marqué ma vie, qui m'aura détourné de mon parcours scientifique et professionnel pour mon engagement public. En fidélité à sa vision planétaire et d'avenir, il va falloir maintenant se montrer dignes héritiers de sa pensée et de son parcours exemplaires."

 

Parcours et réaction
Né à Courbevoie, près de Paris, le 23 août 1930 dans une famille de la bourgeoisie, catholique par son père, -un des scientifiques à l'origine de la bombe atomique française-, protestant par sa mère.

Socialiste réformiste, Michel Rocard a été Premier ministre de 1988 à 1991 de François Mitterrand, avec lequel il a toujours eu des relations conflictuelles, avant de diriger le PS en 1993 et 1994.

Père de la "deuxième gauche", il voulait incarner une vision rénovée de la gauche, prenant en compte "les contraintes de l'économie mondialisée" sans "renoncer aux ambitions sociales".

Le président François Hollande a d'ailleurs aussitôt salué l'incarnation d'"un socialisme conciliant utopie et modernité" par un "rêveur réaliste".

Manuel Valls, issu du rocardisme et ayant travaillé à Matignon auprès de Michel Rocard, a jugé que l'homme à l'origine de son engagement politique incarnait "la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité". Toujours "fier" d'être "rocardien", le Premier ministre s'est dit "un peu orphelin".

A l'unisson d'autres voix à gauche, Martine Aubry a salué un Michel Rocard n'ayant cessé toute sa vie "de vouloir transformer la société, de réconcilier l'économique et le social".

A droite, Nicolas Sarkozy, qui lui avait confié une mission quand il était à l'Elysée, a salué son refus du sectarisme et son "sens de l'Etat", Alain Juppé retenant "esprit agile, culture historique, goût du débat sans concessions mais sans sectarisme", et l'expérience du grand emprunt.

Livre-testament
En 2007, Michel Rocard avait été victime d'une grave hémorragie cérébrale lors d'un voyage en Inde. En visite à Stockholm en mars 2012, il avait été hospitalisé cinq jours à la suite d'un malaise et les médecins avaient dû résorber un caillot sur la partie droite du cerveau.

Michel Rocard travaillait à la rédaction d'un livre-testament, "Le dictionnaire amoureux de Matignon", selon Jean-Paul Huchon, son ancien directeur de cabinet.

Dans un entretien la semaine dernière au Point, il fustigeait la gauche française, "la plus rétrograde d'Europe" à ses yeux.

Licencié ès lettres, diplômé de Sciences-Po et du Centre d'études des programmes économiques (CEPE), il était sorti en 1958 de l'ENA, où il avait côtoyé Jacques Chirac, pour rejoindre l'Inspection des finances.

Hostile à la guerre d'Algérie, il était devenu en 1967 patron du PSU (Parti socialiste unifié). Il dirigea jusqu'en 1973 ce "laboratoire d'idées" pour la gauche. En mai 68, il s'opposa à la tendance "dure" et parvint à faire condamner le recours à la violence.
Il obtint 3,6% des suffrages à la présidentielle de 1969 et  devint député des Yvelines (il fut réélu plusieurs fois), puis maire (1977-94) de Conflans-Sainte-Honorine.

En 1980, il avait annoncé sa candidature à la candidature du PS pour la présidentielle de 1981 mais dut s'effacer devant François Mitterrand. Une fois la gauche au pouvoir, il fut nommé ministre, notamment de l'Agriculture, avant de démissionner en 1985, en pleine nuit, par hostilité à la proportionnelle aux législatives de 1986.

A Matignon en 1988, il pratiqua l'ouverture, ramena la paix en Nouvelle-Calédonie et instaura le RMI. En mai 1991, M. Mitterrand lui demanda de démissionner. En 1993, il devint brièvement premier secrétaire du PS. Mais, à nouveau, il ne parvint pas à se mettre en position favorable pour représenter le parti à la présidentielle de 1995.

Ces dernières années, il fut notamment ambassadeur chargé de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information