Le XV de France retrouvera jeudi en Coupe du monde face au Canada Jamie Cudmore, infatigable guerrier de Clermont depuis 10 ans qui mettra cette fois son ardeur au combat et son expérience au service des "Canucks", dont il est l'incontestable fer de lance.
Le deuxième ligne canadien a forcément "coché ce match excitant dans (son) calendrier depuis longtemps". Une rencontre en forme de jubilé à 37 ans, pour sa quatrième et dernière Coupe du monde, face à des Bleus qu'il côtoie ou affronte depuis longtemps sur les pelouses françaises. Vincent Debaty a, lui, la chance d'être dans son camp avec Clermont et il connaît trop la bête pour la réveiller: "Je n'ai pas trop eu de contacts avec lui, j'ai coupé le téléphone. Il ne faut pas, ça va se brancher sinon. Ça fait un an qu'il a coché ce match de toute manière! Si on se croise, on sait qu'on aura droit à un gros plaquage l'un ou l'autre".
Damien Chouly a lui eu Cudmore "au téléphone pendant la préparation et juste avant d'arriver sur Londres" et "pense qu'on va s'envoyer quelques messages cette semaine". Mais le troisième ligne se prépare forcément à une rude bataille. "J'ai vu quelques photos sur Internet, il a l'air très affuté. C'est un leader de combat, donc il sera à la pointe du combat ce jeudi. Si tous les Canadiens sont à l'image de Jamie, il va falloir s'accrocher en défense !"
"Il peut faire peur"
A l'image de Jamie ? "Du solide, du costaud. Cela motive d'entrée de match. C'est sûr qu'il ne faudra pas arriver la fleur au fusil face à lui", résume Pascal Papé. Comme Papé, Yoann Maestri est habitué à ferrailler, voire plus, avec le colosse de Squamish (ouest du Canada) depuis de nombreuses années. "Cela fait partie de ces joueurs qui aiment l'affrontement et aident leur équipe à dominer l'adversaire. C'est extrêmement important, les joueurs comme ça", souligne le deuxième ligne de Toulouse. "Quand il arrive dans l'angle mort et qu'il te prend dans les côtes, oui, il peut faire peur. Après, tu n'as pas trop envie d'y retourner", estime pour sa part Eddy Ben Arous.Cudmore (1,96 m pour 117 kg), qui aurait pu mal tourner à l'adolescence lorsqu'il était à l'occasion homme de main pour un dealer local, aime même un peu trop le combat.
Avant de s'assagir avec le temps, il a ainsi collectionné les semaines de suspension pour brutalité: 110 jours, rien qu'en 2010-2011, par exemple. "Personne ne veut passer pour une brute, un homme de main, n'est-ce pas ?" rétorque l'intéressé. "Mon pedigree parle de lui-même. Bien sûr que j'ai fait des choses stupides sur un terrain, mais comme beaucoup d'autres", ajoute Cudmore, qui joue de cette image de "bad boy" puisqu'il a nommé sa cuvée issue des vignes achetées dans les environ de Clermont-Ferrand "Sin bin" ("carton
jaune").
"Un mec hyper simple"
Toujours prêt à venir à la rescousse d'un partenaire chahuté sur le terrain, Cudmore est aussi ce coéquipier modèle une fois les crampons ôtés. "Pour ceux qui le connaissent mal, Jamie, c'est un téméraire mais aussi un des meilleurs mecs que vous pourriez rencontrer. Si vous aviez besoin de quelqu'un à Clermont pour faire quelque chose, comme un acte de bienfaisance, une manifestation populaire, il était fantastique pour ça", confie ainsi Joe Schmidt, actuel sélectionneur de l'Irlande et ancien entraîneur-adjoint de Clermont."C'est quelqu'un qui m'a aidé quand je suis arrivé. Il a toujours été derrière moi", abonde Morgan Parra. Ce rôle de papa, il l'endosse aussi évidemment chez les "Canucks", une sélection formée de nombreux amateurs à qui il apporte "sa tonne d'expérience", note l'ouvreur Nathan Hirayama. "Sur ou en dehors du terrain, c'est un mec hyper simple, super ouvert, qui essaie de nous pousser vers l'excellence à chaque fois, explique Benoît Pieffero, talonneur français du Canada. C'est un leader charismatique, que tout le monde aurait envie d'avoir dans son équipe. C'est un peu la marche à suivre, c'est le modèle pour tout le monde dans l'équipe du Canada". Et un redoutable adversaire pour les Bleus.