L'allongement du métro dans le cadre de Paris 2024 est un immense chantier. Un détecteur, inventé par des lyonnais, y est utilisé pour cartographier les sous-sols parisiens et prévoir les vides et obstacles. Muodim est ainsi la 100ème start-up lancée avec succès par l'incubateur régional Pulsalys.
Déjà 100 ! L’incubateur régional de nouvelles jeunes entreprises innovantes qu’est Pulsalys semble connaître un vrai succès.
Cette structure, dans laquelle sont partenaires l’Université de Lyon Saint-Etienne, le CNRS, la BPI France, avec le soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a justement été créée pour favoriser la naissance et le développement de start-ups, nées à chaque fois sur une nouvelle découverte scientifique, réalisée par les meilleurs laboratoires de la région.
Ainsi sont arrivés Mecaware, Alice et Bob, La Tannerie Végétale et bien d'autres.
« Pulsalys » a été créée en 2014 dans le cadre du « Plan d’Investissement d’Avenir », explique sa présidente Sophie Jullian. « Notre métier, c’est vraiment de détecter, dans les laboratoires, les travaux de recherche qui sont capables d’aller rapidement fabriquer un produit, ou développer un service qui va rencontrer une attente du monde socio-économique. Il faut donc que ce besoin soit solvable à court-terme, pour permettre à une entreprise d’exister et de rémunérer des salariés. »
Une fois ce potentiel détecté, Pulsalys va accompagner le chercheur pour affiner son projet, éventuellement le tester, puis, surtout, de trouver un « talent » capable de créer une entreprise autour de cette innovation.
"Marier" un chercheur et un manager
Pour l’associer à un chercheur, Pulsalys se donne donc pour mission de dénicher, dans chaque cas, un manager. « On a ouvert un portail qui permet aux personnes qui recherchent une aventure entrepreneuriale de se présenter. Il y a des hommes et des femmes, qui ont eu plusieurs expériences dans des grands groupes et qui, à un moment donné, se sentent limités dans leurs ambitions personnelles. Ces gens sont souvent d’abord motivés par un projet de vie » raconte la présidente. « Mais on a aussi des serial-entrepreneurs, qui aiment lancer des concepts puis les revendre. Et puis des femmes qui, à un moment de leur vie, ont envie de se lancer dans un défi personnel » précise-t-elle.
A charge pour Pulsalys de jouer les marieurs : « Quand chacun voit en l’autre un complément de sa valeur c’est gagné » résume Sophie Jullian. « Quand le chercheur est bouche-bée devant les talents du manager pour séduire des investisseurs... Et, en face, quand ce même manager est bluffé par la découverte du chercheur… C’est là que ça devient une belle histoire » sourit-elle.
270 projets financés dans la région
Pulsalys apporte aussi des fonds pour permettre à cette future « start-up » de partir sur de bons rails.
Au total, la structure a investi 28 millions d’euros pour financer 270 projets. Une centaine de start-up ont été lancées, permettant la création d’environ 600 emplois. La majeure partie (52%) est issue du numérique, et en particulier la E-Santé. Mais aussi dans l’industrie, la biotech, la greentech, etc…
Pour porter ces jeunes start-ups, des levées de fonds sont réalisés (114 millions d’euros au total), ce qui a permis de cumuler autour de 6 millions de chiffre d’affaire, ce qui n’est pas négligeable en cette période de crise économique récente.
Détecter les muons à travers les roches
Illustration parfaite de ces « mariages » entrepreneuriaux, la start-up Néodim a unis dans une même aventure un chef d’entreprise issu de l’industrie, Christophe Pichol-Thievend, et Jacques Marteau, un chercheur de l’Institut physique des deux infinis, à l’Université Lyon 1.
Avec son équipe, ce dernier a mis au point un détecteur de particules très présentes dans l’atmosphère : les muons. « La terre est bombardée, en permanence, de ces gros électrons capables de traverser les roches. Le détecteur mis au point par Muodim est tout simplement apte à mesurer ces particules énergétiques et à en définir les contrastes de densité à travers les roches » résume le chercheur.
Grâce à une grande expertise en muographie, cette innovation permet, avec un savoir-faire unique au monde, d’analyser des grands volumes ou des structures enterrées. Muodim est donc capable, sans intrusion ni injection de rayonnements dangereux, de fabriquer une image de l’intérieur de volcans captifs, par exemple, ou de toute autre relief.
Détecter les vides et les obstacles dans le sous-sol du métro parisien
L’association avec Christophe Pichol-Thievend n’a pas tardé à porter ses fruits. Le développement de l'entreprise a été rapide. Le procédé unique de Muodim est déjà utilisé dans le cadre de l’allongement des lignes de métro du Grand Paris Express 2024.
« Le sous-sol de Paris est une sorte d’immense « gruyère » plein de surprises. Cette technologie permet d’y détecter, notamment, les poches de vide ou les obstacles dans les roches, pour permettre la progression des tunneliers » explique ce dernier.
Pulsalys misait sur cette « trouvaille » depuis 2016. L’arrivée en 2021 de Christophe Pichol-Thievend a permis d’exploiter commercialement cette nouvelle technique, et d’engager des discussions avec différents acteurs de la chimie, de l’agroalimentaire et même du nucléaire.
L’objectif de cette start-up est, désormais, de devenir l’acteur européen de référence en muographie.