Invité de France 3 Alpes lundi 2 mai, Jean-Claude Borel-Garin, ancien directeur de la sécurité publique (DDSP) de l'Isère, s'est confié sur sa vision de l'affaire Michel Neyret, au soir du premier jour de procès, lequel a été marqué par un premier aveu de l'intéressé à la barre...
"Pour dîner avec le diable, on utilise une grande cuillère." Une expression qu'adore Jean-Claude Borel Garin. Parce que cette maxime, l'ancien inspecteur de Grenoble et flic de haut rang (il a été DDSP de l'Isère, numéro 2 du Raid ou directeur départemental de la sécurité publique et fait chevalier de la légion d'honneur) se l'est souvent appliquée. Pour lui, le "diable", c'est l'indic' : "L'informateur est nécessaire pour un policier, mais il se manipule à distance". Une distance qui, suppose Jean-Claude Borel-Garin, a manqué à Michel Neyret, ancien numéro 2 de la police judiciaire de Lyon, aujourd'hui jugé à Paris pour corruption et trafic de stupéfiants notamment.
Extrait du 19/20 de France 3 Alpes, lundi 2 mai 2016.
"Il a perdu le sens de la mesure"
Lundi 2 mai, à la barre, Michel Neyret a pour la première fois admis avoir été "d'une imprudence absolue" avec deux escrocs qu'il avait pour informateurs, Gilles Benichou et son cousin Stéphane Alzraaqui. Il avoue leur avoir donné des informations, mais aucune qui ait "empêché une enquête de se développer."
Intervenants : Me Yves Sauvayre, Avocat de Michel Neyret ; Philippe Dehapiot, Avocat de Gilles Bénichou ; Richard Schittly
Journaliste auteur de "Commissaire Neyret, chute d'une star de l'anti-gang".
Jean-Claude Borel-Garin "attend la vérité judiciaire", mais voici son sentiment :
Michel Neyret avait l’habitude à travailler avec des braqueurs et des trafiquants de stupéfiants. Là, il s’est retrouvé avec un garçon qui est un escroc. Les escrocs sont manipulateurs. Je pense qu’il a été séduit par ce garçon.
Pourquoi ? "Neyret a beaucoup investi pour la police, il a passé des weekends, des nuits, des jours, il a sacrifié sa vie personnelle, familiale, fait valoir Jean-Claude Borel-Garin. Cet homme lui a montré une autre vie, il s’est trouvé là au milieu et il a perdu le sens de la mesure."
"La faute de l'administration"
La relation des policiers avec leurs informateurs est délicate à gérer et le temps n'arrange pas forcément les choses. Un commissaire de police a interdiction de rester plus de six ans au même poste, ce qui limite les risques de connivence voire d'amitié avec les agresseurs. Michel Neyret lui, est resté 23 ans dans le même service. Enfin muté en 2004, à Nice, il reviendra à Lyon dès 2007.
"Le tort de l’administration a été d’accepter qu’il revienne à Lyon, estime Jean-Claude Borel-Garin. Même s’il insistait, je ne l’aurais jamais fait revenir." D'autres observateurs du dossier pensent à l'inverse que c'est la vie niçoise, loin de sa famille, qui a fait glisser Michel Neyret sur la mauvaise pente...