#OnVousRépond - Du 19 mai au 30 juin, une réouverture par étapes des casinos : la filière respire

Vous pourrez tenter votre chance aux machines à sous à partir du 19 mai, mais sous certaines conditions. La réouverture des casinos doit se faire par étapes. Soulagement des casinos et des écoles de formation. Les villes thermales vont aussi pouvoir souffler. Explications avec #OnVousRépond.

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A quelle date ouvrent les casinos, nous demande Dodo, un habitant de la région Occitanie. En France, les casinos et clubs parisiens de jeux sont fermés depuis six mois en raison du contexte sanitaire Covid. Après plus de six mois d'attente, l'avenir s'éclaircit enfin pour ce secteur : les casinos sont autorisés à reprendre leurs activités dans quelques jours. Un soulagement pour ces établissements installés majoritairement dans les villes thermales. La réouverture des casinos interviendra à la même date que celle des stations thermales. Ces dernières pourront à nouveau accueillir les curistes à compter du 19 mai 2021, avec une jauge de 50% de curistes, a annoncé le CNETh (Conseil national des établissements thermaux) dans un communiqué du 3 mai.

Une réouverture par étapes des casinos 

► Le 19 mai, les casinos français rouvriront leurs portes dans un premier temps uniquement pour les machines à sous et jeux électroniques et avec une jauge limitée à 35% de visiteurs, ont annoncé les deux principaux acteurs du secteur le mercredi 5 mai 2021, les groupe Barrière et Partouche.
   
►Le 9 juin, la jauge passera à 50%. Après les bandits manchots et jeux électroniques, ce sera au tour des tables de jeux d'être ouvertes. Le couvre-feu sera fixé à 23h. Les visiteurs pourront également accéder aux restaurants intérieurs des casinos, avec les mêmes restrictions que pour tous les restaurateurs. 

► Le 30 juin, les réouvertures des établissements de jeux devraient se faire normalement, sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire.

Soulagement dans les casinos ...

Le groupe Partouche a donc annoncé dans la foulée, la réouverture de ses 39 casinos, fermés depuis octobre 2020. "On voit le bout du tunnel après six mois et demi de fermeture. (...) On est très, très heureux d'avoir cette perspective de retour à la vie", s'est réjoui le 5 mai Fabrice Paire, président du directoire.

Son concurrent, le groupe Barrière, contacté par l’AFP, devrait également ouvrir ses casinos à la même date. Le  groupe Barrière s'est également dit "très content de ces annonces" et "prêt" à rouvrir ses 27 casinos français le 19 mai. "On est sereins, on a l'expérience sanitaire de l'année dernière où ça s'était bien passé, on espère que les clients seront heureux de retrouver leur rendez-vous dans le casino", a déclaré le directeur général des casinos du groupe, Eric Cavillon.

"Les seules éventuelles choses qu'on attend, c'est de savoir s'il y a des petites règles qui seront imposées en plus comme du +contact tracing+", a souligné Fabrice Paire. Selon les représentants des casinos, le pass sanitaire ne sera pas exigé.

... et les écoles de formation de croupiers

L'annonce de cette reprise d'activité est aussi un immense soulagement du côté des formations aux métiers des établissements de jeux. "On attendait cette annonce de réouverture avec impatience, et nos élèves aussi. Mais nous sommes surtout concernés par la date du 9 juin," déclare Damien Engels, responsable de la Cerus Casino Académy. Alors que le premier confinement a pris tout le monde de cours avec une fermeture stricte, " à l'annonce du 2e confinement, c'était l'incompréhension, mais au même titre que les restaurateurs ou les hôteliers," confie Damien Engels. L'Académie compte cinq écoles de formation aux métiers du casino en France. Ce réseau d'écoles, reconnu par la profession et labélisé, forme chaque année entre 100 et 120 professionnels des métiers du jeu, majoritairement des croupiers.

L'école dispense des formations intensives de huit semaines. Et l'emploi est assuré auprès des casinos français, selon Damien Engels : "avant mars 2020, nous avions trois fois plus d'offres d'emplois que de stagiaires. Avec l'annonce de la réouverture par le président fin avril, les casinos recommencent à venir vers nous." Les cinq écoles du réseau n'ont jamais fermé leurs portes lors du deuxième confinement. Essentiel pour les élèves car "il est impossible d'apprendre ce métier de croupier à distance", souligne le responsable. 

Les deux confinements et l'incertitude causés par la crise sanitaire ont largement rebattu les cartes : certains stagiaires préférant différer leurs projets de formation. Selon le directeur, trente candidats attendent la réouverture des casinos pour commencer leur formation. Si certaines des écoles de la Cerus Casino Académy ont perdu des stagiaires, le directeur a cependant foi en l'avenir : "on est impatient de repartir comme avant au deuxième semestre 2021 et en 2022". En revanche, les projets de créer des écoles et formations en interne avec certains groupes sont pour l'heure à l'arrêt.

Les casinos, "deuxième pilier des villes thermales"

C'est Alain Griset qui a confirmé ce mardi 4 mai 2021 la réouverture progressive des casinos dans le cadre du calendrier annoncé par le président de la République. Le ministre délégué aux PME était interrogé lors de la semaine de contrôle mensuelle à l'Assemblée nationale par la députée LREM de Savoie Typhaine Degois. Cette dernière est intervenue pour alerter le Gouvernement sur la situation des stations thermales, "toutes en grande difficulté", et sur la nécessité de renforcer les aides à destination des entreprises implantées dans les communes thermales. 

La filière thermale, dont la réouverture est aujourd'hui actée, a été particulièrement impactée par la crise sanitaire avec des pertes s'élevant à plus de 110 millions d'euros pour 2020. Typhanie Degois a notamment appelé à un élargissement du fonds de compensation des frais fixes aux hôtels, cafés et restaurants implantés dans les stations thermales, sans condition de chiffre d'affaires minimum ; ainsi qu'au renforcement du fonds de solidarité pour toutes les entreprises situées dans les villes thermales. De nombreuses communes ont été transformées en "ville fantôme" par la fermeture des cures.

Concernant les casinos, "deuxième pilier des villes thermales", "quand pourront-ils à nouveau rouvrir," a demandé Thiphaine Degois. Sur cette dernière question, Alain Griset a annoncé qu’un protocole de réouverture était en cours d’élaboration, prévoyant un accès aux machines dès le 19 mai, avant un élargissement aux jeux de table à partir du 9 juin.
"Ce qui concerne la partie machine à sous pourra reprendre assez rapidement", le 19 mai, "la partie jeux de table, quelques semaines après", le 9 juin, "avec les conditions de sécurité sanitaires, gestes barrières et tout ce que vous connaissez permettant d'assurer à l'ensemble des clients une sécurité suffisante pour être une activité normale", a expliqué le ministre. 

Le ministre a également évoqué le rapport Gouttebel, sur l'avenir des stations thermales, remis cette semaine.

Les casinos installés dans les villes thermales : on vous dit pourquoi

Les casinos représentent plus de 15.000 emplois directs, auxquels s'ajoutent environ 45.000 emplois indirects. Ils génèrent 1,4 milliards d’euros de taxes et impôts chaque année, dont 400 millions pour les collectivités locales, selon le syndicat professionnel des Casinos de France. L'hexagone compte aujourd'hui 202 casinos en activité et 8 clubs de jeux (à Paris). Ces établissements sont présents dans 63 départements, avec une très forte implantation le long du littoral, dans les stations touristiques ou les villes d'eau. 

L'ouverture de ces établissements dépend du ministère de l'Intérieur.  C'est au XIXe siècle que les stations thermales deviennent de véritables lieux de villégiature. Les villes d’eaux commencent alors à développer des aménagements afin de divertir la clientèle fortunée. Aujourd'hui, la fréquentation est variée.

Ce sont des textes législatifs anciens qui encadrent la répartition territoriale de ces lieux en France, notamment dans le but de lutter contre l'addiction aux jeux de hasard. Ainsi, la loi du 15 juin 1907 relative aux casinos, autorise l'ouverture d'un établissement de jeux uniquement dans "les communes classées stations balnéaires, thermales ou climatiques". Pour ce dernier cas, on peut citer par exemple, la commune ligérienne de Noirétable, aux confins de la Loire et du Puy-de-Dôme, qui n'est pas une ville thermale mais qui avait gagné son titre de station climatique en 1930 lorsque les Stéphanois venaient y prendre l'air !

La loi de 1920 stipulait également qu'"aucun casino ouvrant des salles de jeux ne pourra être exploité à moins de 100 kilomètres de Paris". La seule exception concerne encore à ce jour le casino d'Enghien-les-Bains, station thermale du Val d'Oise située à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Ce casino avait dû cesser son activité, avant de finalement rouvrir ses portes en 1931 grâce à une dérogation demandée par le député-maire de l'époque. Ce dernier insista sur la forte diminution des recettes que le casino apportait à sa ville. Un argument qui a fait mouche. 

La législation a cependant beaucoup évolué ces dernières décennies. C'est en vertu de la loi du 5 janvier 1988 que les casinos peuvent aussi s'établir dans "les communes classées stations de tourisme [...] qui constituent la ville principale d'une agglomération de plus de 500 000 habitants et participent pour plus de 40 %, le cas échéant avec d'autres collectivités territoriales, au fonctionnement d'un centre dramatique national ou d'une scène nationale, d'un orchestre national et d'un théâtre d'opéra présentant en saison une activité régulière d'au moins vingt représentations lyriques".  On trouve donc des casinos dans des villes comme Lyon, Bordeaux, Toulouse, Lille ou Nice. A Paris, les casinos ne sont toujours pas autorisés, alors pour combler ce vide dans la capitale, des cercles de jeux ont ouvert.

Les différents types de jeux autorisés dans ces casinos étaient également très encadrés. Les machines à sous ne sont autorisées dans les casinos que depuis 1987. Une révolution. 

Stations thermales et casinos fermés : quand rien ne va plus pour certaines communes

Les 202 casinos de France sont fermés depuis fin octobre 2020, soit depuis six mois. La crise sanitaire COVID avait déjà contraint ces établissements de jeux à baisser le rideau durant plus de trois mois, entre le 17 mars et le 22 juin 2020.  A la réouverture, ces établissements avaient dû se réorganiser pour respecter les mesures sanitaires. Après la première vague Covid-19, "les casinos ont été parmi les premiers acteurs économiques à mettre en place un protocole sanitaire strict dès le 2 juin (port du masque, plexiglas, désinfection fréquente…)... Les casinos n’ont d’ailleurs déploré aucun foyer de contamination dans leurs établissements", avait indiqué en novembre le syndicat professionnel des Casinos de France.

Les établissements de jeux contribuent au développement économique, culturel et touristique des communes. Pour les communes déjà pénalisées par la fermeture des établissements thermaux, l'absence d'activité des casinos rime aussi avec un important manque à gagner. Les villes qui disposent d'un casino perçoivent une taxe non négligeable issue d'un pourcentage sur le produit des jeux (PJB).  

Des casinos qui ne veulent pas prendre l'eau 

Les casinos sont dans le rouge à cause de la crise Covid et de la fermeture imposée. Des exploitants avaient tenté, en vain, de contester en justice les arrêtés préfectoraux de fermeture. Ainsi, les sociétés exploitantes du Grand Casino de Lyon, du Casino le Lyon Vert à La Tour-de-Salvagny et du Casino le Lion Blanc à Saint-Galmier, avaient saisi le juge des référés du tribunal administratif de Lyon le 12 octobre 2020. Les sociétés exploitantes demandaient la suspension de l’exécution des arrêtés du préfet du Rhône et de la préfète de la Loire. Ces arrêtés interdisaient aux casinos d’accueillir du public pendant une période de quinze jours, pour freiner l’épidémie de covid-19 dans leur département. L'argument avancé par les exploitants pour ces deux référés liberté : des pertes menaçant à brève échéance l'équilibre financier de leurs établissements. Les recours avaient été rejetés par le juge des référés. 

Quelques jours plus tard, toujours en octobre, les 200 casinos de France avaient également demandé au Conseil d’État la suspension de l'article 51 du décret adopté le 16 octobre imposant notamment la fermeture aux salles de jeux (établissement de type P). Les sociétés exploitantes des établissements de jeux dénonçaient notamment "une atteinte à la liberté d'entreprendre et à la liberté du commerce et de l'industrie", et évoquait son "caractère disproportionné par rapport à l'objectif de lutte contre la propagation du virus Covid-19". Dans son ordonnance rendue le 28 octobre 2020, le juge des référés du Conseil d'Etat avait rejeté la requête des demandeurs.

Début février 2021, c'était au tour de l’ANETT (Association Nationale des Elus Territoires Touristiques) de s'émouvoir et de tirer la sonnette d'alarme face à la fermeture prolongée des casinos. Alors que la situation s'éternisait, la commission casinos de l'ANETT s’était réunie et avait appuyé la demande de réouverture des casinos, "dans le plus strict respect des règles sanitaires et dans un esprit de justice et d’équilibre des différentes filières de jeux en France".
Une petite phrase glissée dans un communiqué qui faisait écho à des propos tenus quelques jours plus tôt, fin janvier, par Fabrice Paire, le Président du directoire du Groupe Partouche. Invité sur l'antenne de BFM Business le 27 janvier 2021, ce dernier avait notamment dénoncé une forme de distorsion de concurrence entre la FDJ et les casinos français. Pointés du doigt : les tickets à gratter, qualifiés de "machines à sous sur papier" et vendus "en toute impunité durant le mois d'octobre chez les buralistes alors qu'ils n'étaient pas sur la listes des biens essentiels".  

"Cette réouverture responsable (des casinos) est la seule solution viable pour sauver une filière aujourd’hui en grand péril", avait plaidé l’ANETT dans son communiqué de février. L'association a rappelé "le caractère indispensable" des casinos pour "la survie" des stations de tourisme. Appel entendu. Les villes concernées vont donc pouvoir pousser un "ouf" de soulagement.

 

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