Dans la plaine de Bièvre, un apiculteur perd la moitié de ses abeilles

Dans la plaine de Bièvre, en Isère, Nicolas Guintini, apiculteur, vient de perdre la moitié de ses ruches. En cause, les grosses chaleurs de ces derniers jours mais surtout certains pesticides utilisés par les agriculteurs des alentours.

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"C'est un véritable charnier. J’ai retrouvé une épaisseur de 4 à 5cm d’abeilles mortes dans les ruches", lance Nicolas Guintini. L'homme de 45 ans, apiculteur depuis plus de 20 ans, vit, cette année encore, un véritable calvaire.

Il vient de perdre la moitié des 60 ruches qu'il possède dans son rucher situé au Nord Ouest de Grenoble. Une nouvelle intoxication rappelant celle du mois d'avril de l'an dernier, et intervenant en pleine période de floraison des châtaigniers. La perte, pour le producteur n'en est donc que plus conséquente. "J'estime mon préjudice à plus de 15.000 euros. C'est énorme pour moi. Ça représente une bonne partie de mon bénéfice pour l'année", regrette-t-il.

Chaleur et pesticides: le cocktail mortifère

Ce sont les grosses chaleurs de ces derniers jours ajoutées aux molécules utilisés par les agriculteurs qui ont sans doute constitué un cocktail des plus mortifères pour les abeilles. "Avec les températures du moment et l'humidité, c'est comme si vous déversiez des couches et des couches successives de pesticides par jour. Plus il fait chaud, plus ces molécules dangereuses stagnent." 

Autour du rucher de Nicolas Guintini existe une majorité d'exploitation de céréales à paille. Leurs agriculteurs utilisent des néonicotinoïdes, un type de molécule extrêmement nuisible selon l'apiculteur, mais en aucun cas interdit.

"Le véritable problème se trouve dans l'évaluation du risque et dans l'homologation de certains produits par l'État. Pour résoudre les difficultés, ils n'ont rien trouvé de mieux que de planter des fleurs au bord des routes comme le propose Ségolène Royal. Ces gens se moquent de nous! Ce qu'il faudrait, c'est revoir toute la politique d'homologation de certains produits ", estime le producteur. "Les agriculteurs ne font que ce qu'on leur demande. Mais il faut que chacun soit responsable. Ils pourraient l'être car ils ont une véritable conscience du risque à utiliser ce genre de produit. Mais ne le veulent pas", s'agace Nicolas Guintini. 

Deux fois moins de miel fabriqué qu'il y a 20 ans

Il réalise, avec une coopérative de plusieurs apiculteurs, des prélèvements pour l'ADARA, l'Association pour le Développement de l'Agriculture en Rhône-Alpes. Le bilan des analyses pour la période 2012-2014 est impressionnant. Plus de 3.000 colonies ont été impactées soit par une surmortalité, soit par des troubles comportementaux poussant, par exemple, certaines abeilles à rester, de façon complètement incompréhensible, à l'extérieur des ruches.

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©INA
De plus, 42% de ces analyses contenaient au moins un néonicotinoïde. En mars, les députés ont bien voté l'interdiction de ce pesticide. Mais cette loi ne devrait prendre effet qu'en 2016. D'ici là, "la plaine de Bièvre continue à être désertée par les apiculteurs", regrette le producteur.

En 2013 en France, 15.000 tonnes de miel ont été fabriquées. C'est deux fois moins qu'en 1995. Au fil des ans, les abeilles trouvent de moins en moins de fleurs sauvages et non traitées pour récolter le pollen. À la condition que les végétaux ne soient pas tondus ou coupés par des jardiniers en quête de propreté, les jardins des particuliers pourraient devenir des lieux de pollinisation idéaux. 
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