Le gouvernement veut faire "pleinement confiance aux régions" pour l'aider à mettre en oeuvre sur le terrain son plan d'urgence pour l'emploi, après une première rencontre mardi avec les nouveaux patrons de région. Une rencontre boycottée par un seul président de région, Laurent Wauquiez.
Laurent Wauquiez a tenu sa promesse : il a dit qu'il n'irait pas à la réunion organisée à Matignon entre le gouvernement et les présidents de région concernant la mise en place du plan d'urgence pour l'emploi... Et il n'y est pas allé. Au micro d'Europe1, mercredi matin, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes persiste et signe à propos de ce boycott.
"Participer à une mascarade ne grandit personne", a justifié Laurent Wauquiez. "Je ne veux pas cautionner le plan de François Hollande sur l'emploi." "Ce plan consiste à prendre le maximum de demandeurs d'emploi, les bourrer dans des formations n'importe où, sur n'importe quel sujet, n'importe quand pour le moins cher possible. Le seul objectif est de dégonfler les statistiques du chômage avant l'élection présidentielle."
En un mot, cette réunion servait simplement, selon Laurent Wauquiez, à présenter des mesures qui relèvent de "l'assistanat", et non du "retour à l'emploi". "Je refuserai des sommes destinées à cautionner un plan qui ne consiste qu'à mentir à des demandeurs d'emploi", a annoncé le président de Rhône-Alpes-Auvergne. "Dans notre région, on va construire un vrai plan."
Le plan de François Hollande en régions
"L'Etat doit faire confiance aux régions, c'est-à-dire à la proximité, au terrain, à ceux et celles qui connaissent parfaitement le monde économique, les entreprises, les PME, les TPE, les start-up", a affirmé le Premier ministre Manuel Valls sur le perron de l'Élysée à l'issue des discussions.
Entamée le mardi matin à Matignon, cette première réunion du chef du gouvernement et des ministres concernés avec les présidents de région - en majorité de droite - élus en décembre, s'est poursuivie par un échange avec François Hollande au cours d'un déjeuner à l'Élysée.
L'exécutif compte sur les patrons de régions pour préparer la mise en oeuvre du plan d'urgence pour l'emploi annoncé le 18 décembre, qui doit notamment porter de 150.000 à 500.000 le nombre de chômeurs supplémentaires bénéficiant d'une formation en 2016.
Dans les domaines du développement économique, de la formation ou de l'apprentissage, "il y a une très grande volonté de notre part de faire confiance aux régions, qu'elles assument pleinement leurs responsabilités voire de nouvelles responsabilités", a insisté Manuel Valls.
Une volonté partagée par le président de l'Association des régions de France (ARF), Philippe Richert (LR), pour qui l'État, comme les régions, doivent travailler avec "le souci de regarder comment on peut gagner en efficacité". Le président de la région Grand Est s'est notamment félicité d'un "engagement très net" de l'exécutif, favorable selon lui à ce que "les régions puissent être les pilotes" de la formation de ces 500.000 chômeurs.
Une nouvelle donne entre l'État et les Régions
Première condition à la "nouvelle donne" dans les relations entre l'État et les régions qu'il appelle de ses voeux, Manuel Valls a souhaité que les lois en vigueur, notamment la loi NOTRe, qui donne de nouvelles compétences aux régions en ce qui concerne la formation et l'apprentissage, soient "pleinement appliquées". Mais il s'est également dit prêt à soutenir les expérimentations des régions contre le chômage.
Parlant d'une "volonté" partagée d'"avancer ensemble", il a insisté : les régions devront "assumer pleinement leurs responsabilités voire de nouvelles responsabilités". Dans quelques semaines, a indiqué Manuel Valls, "un document précis" devra être établi "sur la base du travail entre les régions et le gouvernement", "pour aller encore plus loin dans ces domaines-là". Selon l'ARF, cette "plate-forme commune" sera rédigée "d'ici le mois de mars pour préciser les engagements des deux parties".
Les régions qui aident actuellement environ 20.000 PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) souhaitent notamment accroître leur aide pour passer à 40.000 entreprises. Mais si les nouvelles régions ont gagné en taille et en compétences, leur budget reste limité et la question du financement doit être discutée.
A l'issue de la rencontre à l'Élysée, Christian Estrosi (LR), président de la région Paca, a salué l'"écoute particulièrement attentive" de l'exécutif. Mais il attend, a-t-il dit, des réponses aux demandes des régions "et que nous soyons tout simplement les vrais pilotes des politiques et de la formation et de l'emploi".
Outre le Premier ministre et les présidents de région, huit ministres ont participé aux discussions à Matignon : Marylise Lebranchu (Décentralisation), Emmanuel Macron (Économie), Myriam El Khomri (Travail), Najat Vallaud-Belkacem (Éducation), Alain Vidalies (Transports), Christian Eckert (Budget), André Vallini (Réforme territoriale) et George Pau-Langevin (Outre-mer).
Sur les 18 présidents de régions invités (13 de métropole, cinq d'outre-mer), seul Laurent Wauquiez (LR, Auvergne-Rhône Alpes), a boycotté la réunion.
Le 18 février, une réunion sur le plan emploi doit cette fois se tenir au ministère du Travail avec les régions, les partenaires sociaux et Pôle emploi.