La ministre de l'Environnement a présenté ce samedi 10 décembre en Conseil des ministres une série de mesures anti-pollution, dont l'application généralisée du système vignettes anti-pollution et l'extension aux véhicules utilitaires légers d'un bonus pour l'achat de modèles électriques.
Les pics de pollution, qui ont affecté plusieurs régions ces derniers jours, sont "un problème pris au sérieux par le gouvernement", a dit la ministre dans la cour de l'Elysée, rappelant aussi l'impact désastreux de la pollution au quotidien.
Le gouvernement a décidé "l'extension de la prime de conversion de 10.000 euros aux véhicules utilitaires, y compris aux taxis", a-t-elle dit, soulignant que "c'était une décision attendue depuis longtemps".Les professionnels, qui pouvaient déjà bénéficier d'un "bonus écologique" de 6.000 euros, voient ainsi, à partir de 2017, la subvention rallongée de 4.000 euros s'ils mettent au rebut leur vieux diesel.
Autre mesure, annoncée par la ministre, "l'obligation d'apposer sur tous les véhicules le "certificat qualité de l'air"", ces vignettes de couleur différente selon le niveau de pollution du véhicule, dans les zones à pics de pollution réguliers. Ce dispositif est pour la première fois appliqué ce week'end à Grenoble.
Les préfets pourront, en cas de pic, prendre des mesures de restriction du trafic en fonction du niveau d'émission des véhicules, et non plus seulement sur la base des plaques d'immatriculation (pairs/impairs).
En revanche pour ce qui est d'instaurer au quotidien des limitations d'accès ou des zones à circulation restreinte, notamment dans les centres-villes, cela reste du ressort des collectivités, comme le permet la loi depuis 2015.
"J'ajoute qu'il y a 1.000 euros pour l'achat d'un scooter électrique à partir du 1er janvier", a aussi rappelé Mme Royal. Une aide de 200 euros pour l'acquisition de bicyclettes à assistance électrique est mise à l'étude. La loi de 2015 encourage la conversion des flottes publiques, avec obligation d'achat de véhicules à faibles émissions par l'Etat et les entreprises nationales (50% minimum), les collectivités territoriales (20% minimum), lors de leur renouvellement. Mais les décrets d'application restaient attendus: ils seront finalement publiés la semaine prochaine pour une application à paqrtir du 1er janvier 2017.
"J'ai demandé aussi aux sociétés d'autoroute la gratuité des péages pour les véhicules électriques", a ajouté Mme Royal. "C'est en discussion," "Ce qu'il faut maintenant, c'est la révolution du transport propre, des villes responsables, le transport électrique en ville, des modes de locomotion différents".
La circulation alternée, mise en place depuis mardi à Paris et dans 22 communes de la petite couronne à cause de la pollution aux particules fines et au dioxyde d'azote, n'est pas reconduite ce week-end, en raison du retour d'un petit vent permettant de disperser les concentrations.L'organisme de surveillance de la qualité de l'air, Airparif, reste cependant prudent pour la semaine prochaine.
"Bonus étendu aux utilitaires: satisfaction des défenseurs de l'électrique"
Les partisans de la mobilité électrique ont fait part de leur satisfaction après l'annonce par Ségolène Royal de l'extension aux véhicules utilitaires d'un bonus pour l'achat de véhicules zéro émission et l'abandon d'un vieux diesel.
La ministre de l'Environnement a officialisé, après quatre jours de circulation alternée en Ile-de-France en raison d'un pic de pollution, "l'extension de la prime de conversion de 10.000 euros aux véhicules utilitaires, y compris aux taxis". Cette prime, dite "superbonus", s'appliquait depuis avril 2015 aux acheteurs de voitures particulières électriques, moyennant la mise au rebut d'un vieux véhicule fonctionnant au gazole, actuellement âgé de plus de dix ans.
"Pour nous c'était une mesure qu'il était important de prendre dans le cadre de l'accompagnement du développement des zones de circulation restreinte", a déclaré la secrétaire générale de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique Marie Castelli.
Le 16 janvier seront rendues obligatoires à Paris les vignettes "Crit'air" qui permettront de restreindre l'accès des voitures les plus polluantes à la capitale. "Pour éviter que cela ait des conséquences économiques importantes sur l'activité des professionnels, il faut que ce soit accompagné de mesures qui leur permettent de faire leur transition énergétique", a noté Mme Castelli.
Pour elle, cette mesure peut concerner "les petits artisans, les maraîchers, tous ces gens qui aujourd'hui ont des camionnettes diesel de plus de dix ans. Cela leur permet d'acquérir un véhicule neuf à un prix vraiment réduit et de penser à l'électrique". Si les constructeurs ont développé de petits utilitaires électriques ces dernières années, ce marché, pour l'instant, "est surtout porté par de gros acteurs comme La Poste", a souligné Mme Castelli.
Sur les 11 premiers mois de 2016, les livraisons de véhicules utilitaires électriques ont crû de 24% par rapport à la même période de 2015, avec 5.104 immatriculations, selon l'Avere-France. Une progression comparable à celle des véhicules particuliers électriques: +25,8% sur 11 mois, pour un total de 18.932 unités. Leur poids reste marginal: 1,04% du marché neuf et 0,25% du parc roulant.
Le Mondial de Paris début octobre a vu apparaître des véhicules électriques à l'autonomie améliorée, comme la Renault Zoé désormais donnée pour 300 kilomètres réels entre deux recharges, de quoi, espèrent ses partisans, accélérer l'adoption de cette technologie tributaire des aides publiques et qui ne rivalise pas encore en coût ou en polyvalence avec les autos thermiques.