En matière de performances, de santé ou simplement de tenue vestimentaire, la question des règles n'est plus un tabou dans le sport. Les athlètes, les entraîneurs et les instances dirigeantes sportives s'emparent enfin d'un sujet longtemps cantonné au secret des vestiaires.
"Porter un short blanc, ce n'est pas pratique quand on a ses règles..." Une petite phrase toute simple, une vérité que toutes les femmes connaissent, mais prononcée publiquement en plein Euro féminin de football par Beth Mead, attaquante de l'équipe d'Angleterre. Un constat immédiatement relayé par d'autres sportives de haut niveau dont la footballeuse lyonnaise Wendy Renard, capitaine des Bleues qui réclament elles aussi à leur équipementier de changer la couleur de leurs shorts.
Bien au-delà d'une simple question vestimentaire, la question des règles chez les sportives n'est désormais plus un tabou. L'INSEP, l'Institut National du Sport, a même publié en avril dernier un guide complet sur la question intitulé "Les cycles, les règles, la contraception et la performance". Il répond très concrètement aux questions que se posent toutes les sportives, de la baisse des performances à certaines périodes du cycle à l'interruption volontaire des règles en période de compétition.
Un danger pour la santé des sportives
Ce guide évoque aussi un problème plus grave qui concerne environ 5% des athlètes féminines de haut niveau : la "triade de la sportive". Une pathologie qui résulte de troubles du comportement alimentaire, en particulier dans les sports d'endurance, et qui entraîne une disparition des règles. Ce qui peut ensuite provoquer ostéoporose et augmentation du risque d'infarctus.
La question des règles ne concerne pas que la santé des sportives. Curieusement, elle influe aussi sur la vie de groupe.
Durant les deux mois où les joueuses sont ensemble 24h sur 24, on constate que des groupes de filles ont leur règles en même temps
note Emmanuel Fouchet, manager de l'équipe de France féminine de volley-ball.
Virginie Nicaise est enseignante-chercheuse au laboratoire VIS (Vulnérabilité et Innovation dans le Sport) à l'UFR STAPS de Lyon. "La parole des sportives s'est libérée et l'écoute des staffs, notamment masculins, s'est nettement améliorée" constate-t-elle. "Mais ça reste plus facile pour une sportive de parler tampons ou douleurs menstruelles avec une femme qu'avec un homme." D'où l'importance de la mixité dans les encadrements techniques.