Pourquoi les agriculteurs se mobilisent en Auvergne et ailleurs

Diverses actions dans les 4 départements auvergnats ont été menées ce mardi 8 octobre par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA). Les syndicats agricoles veulent alerter la population sur leurs difficultés et envoyer un signal au gouvernement sur les accords de libre-échange à l'étude.

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Déviation sur l’A75, banderoles déployées et barrages filtrants mis en place sur des ronds-points à Aurillac, Riom ou encore Thiers. Les agriculteurs auvergnats ont décidé de faire entendre leur mal-être ce mardi 8 octobre entre 11h et 14h. Une mobilisation suite à un appel national lancé par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA).
 

 

Sensibiliser les Français

Les agriculteurs veulent jouer la carte de la pédagogie. Expliquer le malaise qui traverse la profession. Les prix bas, la sécheresse, les accords bilatéraux de libre-échange, les normes toujours plus nombreuses, le dénigrement de leur profession… Les paysans profitent de cette journée d’action pour échanger avec les automobilistes sur les ronds-points. « L’idée ce n’est pas forcément de mettre nos concitoyens en difficulté parce qu’ils ont aussi besoin de travailler aujourd’hui. Mais nous on a besoin de faire passer des messages » explique Joël Piganiol, le président de la FDSEA du Cantal.
  

Une sécheresse dévastatrice

La météo sèche et chaude de cet été a causé d’important dégâts dans les cultures. Elle a aussi coûté chère aux agriculteurs. Manque à gagner d’un côté avec des baisses de productions, dépenses supplémentaires de l’autre (pour acheter du fourrage pour les bêtes par exemple), les finances des paysans sont mises à mal. Certains éleveurs ont même dû se séparer d’une partie de leurs troupeaux faute de pouvoir les nourrir. Et pas au meilleur prix. Des aides ont été annoncées par le gouvernement, mais aussi au niveau régional pour répondre à cette crise, mais les agriculteurs attendent d’en voir la couleur.
   

Des prix trop bas

Deux ans après les Etats généraux de l’alimentation (EGA ou Egalim), les paysans disent ne pas en voir les effets. Ces discussions avaient pourtant bien diagnostiqué le problème de la rémunération des agriculteurs, mais rien n’a changé selon eux. « On vend à perte. J’ai un coût de production de mes céréales à 200 euros la tonne et je les vends à 140 euros la tonne. Les céréales ne sont pas parties de chez moi que j’ai déjà perdu des sous. Et c’est le même principe pour l’élevage allaitant », détaille Rémy Petoton, éleveur bovins et céréalier à Saint-Clément-de-Régnat dans le Puy-de-Dôme.
« On n’a pas de prix en face de nos produits. C’est l’espoir des états généraux de l'alimentation qui est en train de s’évaporer au fur et à mesure que le temps passe. On espérait construire autour de la démarche portée par le président Macron. Aujourd’hui, on n’en voit pas la concrétisation. Y a beaucoup de paroles. Pas d’actes », abonde Joël Piganiol.
La grande distribution est pointée du doigt. Selon les agriculteurs, la répartition des marges est largement en leur défaveur. Ils dénoncent des intermédiaires qui s’enrichissent pendant qu’eux vendent leurs productions à perte.
  

Une concurrence internationale

Les paysans craignent que leur situation ne s’aggrave dans un futur proche. Objet de leurs inquiétudes : des accords de libre-échange avec le Canada d’un côté via le CETA, mais aussi avec les pays du Mercosur, le marché commun d’Amérique du sud. Ces accords suivent pour le moment leur parcours législatif. « On peut nous rayer de la carte du jour au lendemain parce qu’on sera jamais à la hauteur de cette viande qui sera sûrement bien moins chère », analyse Joël Piganiol. « On va nous mettre en concurrence avec les accords du CETA et du Mercosur alors que nos filières des allaitantes et d’élevage sont déjà en difficultés. C’est la goutte de trop » résume Rémy Petoton.
Les législations et les normes agricoles au Canada et dans les pays du Mercosur différent en effet de celles en vigueur en France, souvent plus contraignantes. Les agriculteurs redoutent donc que des produits moins encadrés et moins chers à fabriquer atterrissent sur les étals français. Le gouvernement assure pourtant que les denrées importées devront respecter les mêmes contraintes que les produits fabriqués en France.
  

Une image dégradée

Autre sujet de mal-être pour les agriculteurs, le dénigrement constant dont ils se disent victimes. Pointés du doigt pour l’usage des pesticides, pour la pollution de l’environnement ou encore pour la maltraitance animale, de nombreux paysans vivent mal ces attaques.
« On a aujourd’hui l’impression  qu’une incompréhension s’est menée au sein de la société. Elle est plutôt minoritaire mais elle remet en cause toutes les pratiques agricoles (…) Ca porte fortement sur le moral des agriculteurs » regrettait Yannick Fialip, le président de la chambre d’agriculture de Haute-Loire sur le plateau de dimanche en politique le 6 octobre dernier. Le président de la République a lui-même tenu à défendre les paysans à ce sujet à plusieurs reprises, lors du Sommet de l’élevage de Cournon d’Auvergne et sur les réseaux sociaux notamment.
 
Après cette première journée de mobilisation, les agriculteurs espèrent obtenir des réponses de la part du gouvernement. Ils préparent néanmoins déjà d’autres actions pour la journée du 22 octobre.
 
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