Le ministère public a requis un an d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de Patrice Ciprelli, mari et entraîneur de Jeannie Longo, jugé à Grenoble pour importation d’EPO ce jeudi 19 janvier 2017. Mais il pourrait bien être relaxé pour une question de droit.
C'est une audience sportive où la métaphore n'a cessé d'être filée qui s'est tenue au tribunal correctionnel de Grenoble, cinq ans et demi après le début de l'enquête.
Et où planait l'ombre de "Mme L.", comme l'a qualifiée le ténor du barreau Eric Dupond-Moretti, venu assurer une défense-éclair de Patrice Ciprelli.
Il n’a plaidé que cinq minutes, l'affaire est entendue : "Vous vous êtes tous plantés, je suis navré de vous le dire: nous sommes devant une infraction sans fondement juridique".
Pour lui, l'EPO n'est pas une marchandise prohibée au sens du code des douanes car l'exigence de produire une ordonnance médicale date de 2012, soit après les faits poursuivis.
Patrice Ciprelli, col roulé noir et veste sombre, comparaissait à 62 ans pour avoir acheté à l'étranger et importé "en contrebande" de l'érythropoïétine (EPO). Cette hormone est utilisée illégalement pour accroître le volume d'oxygène dans le sang par la stimulation des globules rouges, augmentant ainsi l'endurance des sportifs.
Des faits contestés d'abord, reconnus une fois en garde à vue au motif d'un usage personnel pour "accélérer sa guérison suite à différentes chutes de vélo", puis systématiquement niés, Patrice Ciprelli parlant de "piratage informatique" de ses courriels et de ses cartes bancaires ainsi que d'un "complot destiné à atteindre son épouse".
Une version que cet ancien champion de ski a maintenue à l'audience.
la peste des sportifs »
"Si Patrice Ciprelli est un champion, c'est bien en matière de mauvaise foi", a déclaré le procureur Olivier Royer, pour qui le prévenu "place tout le monde en position d'accusé pour échapper à ses responsabilités".
Contre Patrice Ciprelli, au casier judiciaire vierge, expert en ski actuellement suspendu par le ministère de Sports et retiré des circuits, le procureur a requis un an de prison avec sursis, "une peine d'avertissement" pour qu'il n'ait "pas le bénéfice de faire traîner" son dossier en utilisant tous les recours possibles.
Pour l'administration douanière, Corine Blanchard a requis une amende de 5.800 euros, soit le double de la valeur des produits importés, rappelant au passage que M. Ciprelli avait été - "ironie de l'histoire" - sous contrat avec les douanes quand il était skieur de haut niveau.
Au nom de la FFC, le bâtonnier du barreau de Grenoble Jean-Yves Balestas a tancé Patrice Ciprelli: "cet EPO, ce n'est pas bien; on sait à quoi ça sert dans le cyclisme. C'est la peste des sportifs". L'avocat a reproché à l'ancien entraîneur de ne "pas avoir la loyauté sportive de dire « j'ai fait un faux pas »", notamment pour ne pas entacher "le talent" de son épouse de championne.
Un an d'emprisonnement avec sursis comme l'a requis le ministère public ou relaxe pure et simple sur un point de droit comme le plaide la défense ? Patrice Ciprelli sera fixé le 9 mars sur son sort.