Ce mardi 15 décembre, lors de la 11ème journée du procès de l’affaire Fiona à la cour d’Assises du Rhône à Lyon, l’avocat général Joël Sollier a requis 30 ans de prison pour les 2 accusés Cécile Bourgeon, la mère de la fillette, et Berkane Makhlouf, son compagnon de l’époque.
Ce mardi 15 décembre, à 14h30, lors de la 11ème journée du procès de l’affaire Fiona, l’avocat général Joël Sollier a commencé son plaidoyer. Face à une salle comble, il insiste d’abord sur une question : qui a tué Fiona ? « L’enfant est morte d’une mort violente, probablement après avoir vécu un calvaire pendant plusieurs jours. A-t-elle été victime d’un couple infernal fait de ruses et de rage ? Est-ce le geste infanticide de l’un des deux ? A-t-elle été victime de la ruse d’une mère manipulatrice ? », questionne l’avocat général. Joël Sollier s’est ensuite adressé aux jurés : « Je fais appel à votre discernement. La justice n’est pas que le droit, elle est son vecteur. Cette affaire n’est pas un simple fait-divers. Elle soulève des questions de société qui appellent des réponses. » Il revient ensuite sur la fausse disparition de la fillette, orchestrée par Cécile Bourgeon et son compagnon Berkane Makhlouf, et les moyens « énormes » qui ont été mis en place pour retrouver la fillette. Cécile Bourgeon donnait alors selon lui l’image d’une « mère éplorée », d’une « mère courage ». Il évoque ensuite le « manque d’affection et de remords, le détachement surprenant d’une mère qui perd sa fille sans manifester d’émotion ».
"L'un n'est pas moins coupable que l'autre"
« Ils sont solidaires dans la dissimulation. Pourquoi avoir dissimulé cette disparition s’il s’agit d’une mort accidentelle ? », demande ensuite Joël Sollier. Pour lui, la version de Berkane Makhlouf et Cécile Bourgeon, qui affirment qu’ils ont enterré le corps de la fillette près d’Aydat, n’est « pas crédible » et il y a selon lui une « forte probabilité » que le corps de l’enfant ait été jeté dans une décharge. Il ajoute qu’il ne croit pas à l’oubli du lieu où est enterré le corps. « Si l’un oublie, on le conçoit, mais si ce sont les 2 qui oublient, on aurait presque envie de rire. Elle se rappelle d’absolument tout sur le 12 mai, sauf le lieu de l’enterrement. » Les 2 accusés poursuivent selon lui un intérêt commun en dissimulant le corps : « empêcher d’identifier les causes de la mort ». Il considère Berkane Makhlouf comme l’auteur principal des coups portés à l’enfant et Cécile Bourgeon comme sa complice : « L’un n’est pas moins coupable que l’autre », martèle l’avocat général.
"Aujourd'hui, Fiona n'a que vous pour la défendre."
Il revient ensuite sur les « crises de folie » de Berkane Makhlouf : « C’est ce qui vous fait assommer les autres, les détruire », affirme Joël Sollier. Quant à Cécile Bourgeon, elle a, selon lui « participé activement au processus mortifère. Elle avait conscience de ce qui se passait. Qui Cécile Bourgeon aide-t-elle de cette manière ? Son enfant ou le tortionnaire ? Par son attitude elle a favorisé la perpétuation de la violence. Elle a isolé l’enfant et a empêché quiconque de mettre fin à son calvaire. C’est un comportement coercitif qui a pu favoriser les violences de Berkane Makhlouf », affirme Joël Sollier. Il parle ensuite d’une « indifférence face à la souffrance de l’enfant ». « Aujourd’hui, Fiona n’a que vous pour la défendre », dit-il, interpellant les jurés. Le ministère public a affirmé souhaiter une « peine lourde ». Trente ans de réclusion ont été requis à l’encontre des 2 accusés. Le verdict sera rendu le 16 décembre.