Du nouveau dans le traitement de la douleur au CHU de Grenoble, avec une nouvelle technique: le pupillomètre. Cet appareil indique le niveau de douleur en auscultant la pupille. Il est expérimenté actuellement par l'équipe du Professeur Payen, responsable du pôle d'anesthésie-réanimation.
Le pupillomètre est une petite caméra infrarouge ultra-précise : elle permet de mesurer la dilatation de la pupille des yeux. Cette dilatation est liée à la douleur. Le pupillomètre indique donc l'intensité de la douleur ressentie par le patient. L'appareil est particulièrement adapté aux patients dits « non-communicants ». Non-communicants parce que sous anesthésie générale, ou dans un coma artificiel, ou encore en réanimation.
La douleur, un signal d'alarme de l'organisme
La douleur est un signal d'alarme neurologique. Il est transmis par un réseau complexe: nerfs, fibres nerveuses, moëlle épinière… jusqu'au cerveau où sont stimulés des neurones sensoriels. La douleur suscite une foison de recherches scientifiques, pour mieux comprendre ses mécanismes et pour la soulager.Prix de l'appareil: 8 000 €
Le CHU de Grenoble mène des études cliniques avec le pupillomètre depuis 2012. La réactivité de la pupille est connue depuis un siècle et demi. Mais il manquait la technologie. Il a fallu enfin trouver le financement auprès d'une fondation. En effet, chaque appareil côute 8 000€. Six sont actuellement en test.Cette équipe médicale est réputée pour la prise en charge des grands traumatismes crâniens. Le professeur Payen est l'un des médecins qui a pris en charge l'ex champion de Formule 1, Michaël Schumacher après son accident de ski à Méribel fin Décembre 2013.
Un outil pour mieux doser les médicaments anti-douleurs
Elle avait déjà mis au point une échelle internationale de douleur pour les patients non-communicants. Le pupillomètre ouvre de nouveaux champs d'applications. Il sert à mieux doser les antalgiques, comme la morphine et ses dérivés. C'est aussi un outil précieux pour les comas avec lésions cérébrales.Grâce à lui, les médecins espèrent améliorer le traitement global de la douleur : douleur provoquée par la maladie ou les lésions, mais aussi douleur provenant des actes médicaux. C'est un enjeu de santé publique : il s'accroît avec l'allongement de l'espérance de vie.
Reportage de Xavier Schmitt et Dominique Semet. Intervenants: Dr Marc Vinclair, Anesthésiste-réanimateur; Nathalie Aulnette, Directrice de la fondation Apicil contre la douleur; Pr Jean-François Payen, Responsable du pôle anesthésie-réanimation