En condamnant Anthony Bonnefoy à 15 ans de réclusion pour tentative de meurtre, les jurés n'ont pas reconnu l'abolition de son discernement. Mais en assortissant cette peine d'une injonction de soin, ils ont aussi estimé que le jeune homme souffrait bien d'une maladie mentale.
C'était l'enjeu de ce procès, et Anthony Bonnefoy l'avait bien compris. Au moment de délibérer, les jurés de la cour d'assises ont dû répondre à une question essentielle: son discernement était-il aboli ou altéré au moment de son passage à l'acte, le 30 novembre 2012 au petit matin, lorsqu’il a assené 26 coups de couteau à une jeune femme rencontrée quelques heures plus tôt dans un bar de Clermont, des coups portés essentiellement dans la région de la tête et du cou?
Une scène d'épouvante qui s'est déroulée dans la chambre universitaire qu'occupait le jeune homme et qui aurait pu être fatale à la victime mais qui pour les jurés n'est donc pas l'acte d'un homme qui aurait à ce moment la perdu la raison.
A l'issue de trois jours de débat, les jurés ont donc suivi le réquisitoire du procureur général, qui leur avait demandé de le condamner à 15 ans de réclusion criminelle, et ont même été au-delà concernant l'injection de soin, puisqu'ils l’ont fixée à 20 ans, contre les 15 requis.
Comme l’avocat général, les jurés ont donc estimé que les nombreuses déclarations faites par l’accusé tout au long des débats, et notamment celle où il a expliqué avoir agi poussé par la voix d'un ange, relevait de la « majoration utilitaire des symptômes ». Si aujourd’hui, sa maladie mentale ne fait plus guère de doute, ce n’est donc pas elle qui est à l’origine de ce passage à l’acte ultra-violent qui aurait pu coûter la vie à une jeune femme de 30 ans, sans aucun mobile.