La réserve du Chastreix-Sancy, dans le Puy-de-Dôme, est interdite à l’escalade et à l’alpinisme. L’Etat souhaite en protéger la flore et la faune. La Fédération Française de Montagne et d'Escalade a élaboré un recours pour modifier les règles de la réserve naturelle.
En juillet dernier, et malgré dix ans de combat, l’interdiction de l’escalade et de l’alpinisme a été confirmée dans la réserve naturelle nationale du Chastreix-Sancy. Depuis 2007, l'activité est interdite dans cette partie du massif du Sancy. L’Etat souhaite protéger sa flore et sa faune. La Fédération Française de montagne et d'escalade (FFME) a formé un recours auprès du premier ministre pour modifier les règles de la réserve naturelle nationale.
Ce site, à 500 mètres du parking de la station du Mont-Dore, était pourtant un lieu exceptionnel pour les grimpeurs en Auvergne. "Ce site est très important pour sa particularité. C’est une roche technique à grimper. On ne trouve pas cela beaucoup dans la région", explique Thierry Mompied, grimpeur.
L’interdiction de l’alpinisme désespère les professionnels comme Zsolt Osztian, guide de haute-montagne : "Pour moi ça veut dire ne plus travailler dans l’alpinisme, perdre une partie de ma clientèle, aller chercher du travail dans les Alpes, être plus souvent absent et d’être loin de ma famille ou d’arrêter mon métier."
Pourtant, à en croire Zsolt Oztian, un compromis pourrait permettre de renouer avec les souvenirs. Il suffirait d'autoriser l’escalade et l'alpinisme dans un périmètre restreint au milieu des 1 900 hectares de réserve.
Intransigeance de l’Etat
Mais leur voix est difficile à faire entendre auprès des services du Premier ministre.
La création de la réserve il y a bientôt onze ans s'appuie sur la nécessité de protéger la flore et la faune du Sancy, comme l’explique Thierry Leroy, gestionnaire de la réserve naturelle nationale du Chastreix-Sancy - Parc des volcans. "Vous avez un papillon qui s’appelle le Moire illustré qui vole de jour et qui est uniquement présent sur les crêtes du Sancy. Des espèces comme cela, très rares, il y en a autour de 300."
Face à ce constat, l'Etat a décidé de trier les activités autorisées dans la réserve. "L’argument est simple : l’escalade et la pratique de l’alpinisme hivernal portaient atteinte à la biodiversité" souligne Tristan Riquelme, sous-préfet d'Issoire.
La FFME veut modifier les règles de la réserve naturelle nationale
Une étude scientifique avait montré en 2013 l'impact réel mais limité de l'escalade et de l'alpinisme sur la biodiversité du site. Elle préconisait un encadrement des pratiques plutôt qu'une interdiction.
La FFME s'appuie sur ce document pour remettre en question le bannissement total de ces activités. "L’interdiction générale ne se justifie pas" s’exclame, catégorique, Jean Donnadieu, vice-président de la ligue FFME d'Auvergne-Rhône-Alpes.
La FFME a formé un recours auprès du premier ministre pour faire modifier les règles de la réserve naturelle nationale du Chastreix-Sancy. Les pratiquants aussi se mobilisent. Une manifestation pour contester l'interdiction est prévue le dimanche 28 avril au Mont-Dore.