Avec la vague Omicron qui déferle sur la France, nombreux sont ceux qui souhaitent se procurer un autotest pour savoir s'ils ont contracté le virus du COVID. A Clermont-Ferrand, 60 000 autotests seront livrés par le leader des distributeurs des produits de santé aux pharmacies dans les prochains jours, soit 10 fois plus qu’il y a quelques jours.
« Plus d’autotests » : c’est une affiche que vous avez sans doute remarqué chez de nombreux pharmaciens en ce début d’année. En raison de la progression de la vague Omicron, nombreux sont les Français qui ont voulu se procurer un autotest pour savoir s’ils étaient porteurs du virus du COVID. Dans le Puy-de-Dôme, la situation semble revenir à la normale. Nicolas Verdier, président du syndicat des pharmaciens du Puy-de-Dôme, raconte : « Chez certains de mes confrères, il y a encore des tensions. J’en ai reçu ce matin. Ca commence à se décanter au niveau des autotests. Le souci est que depuis plusieurs mois nos amis de la grande distribution se sont constitués un trésor de guerre. Or nous avons les mêmes fournisseurs. Lorsqu’on s’est tournés vers eux, ça devenait difficile. Le retour à la normale est progressif ».
"On est très réactifs"
Il poursuit : « On vend une centaine d’autotests par jour. La règles est d’en fournir deux par personne, cas contact, testée négative. Donc ça peut aller très vite. On est très réactifs. Nos fournisseurs ont été surpris par la demande. Ils mettent davantage de ressources en personnel en face pour nous répondre. Ils produisent beaucoup ». Le pharmacien explique qu’il subit parfois des pressions des clients, mécontents de ne pas trouver d’autotests dans les officines : « Quand vous allez chez le fromager et que vous voulez un type de fromage, mais que vous ne l’avez pas, vous arrivez à le concevoir. Vous allez dans une officine, vous voulez un produit qui n’y a pas, généralement vous repassez le matin et l’après-midi. Les patients ont du mal à comprendre qu’on n’a pas d’autotests. On a tous les mêmes fournisseurs donc malheureusement, on a tous été en manque ». Selon le pharmacien, si des tensions sont apparues c’est aussi parce que les fournisseurs ont mis l’accent sur les tests antigéniques et pas sur les autotests.
Une cellule de crise chez un grossiste
En amont des pharmacies, se trouve OCP, une structure nationale qui fait office de grossiste pour les officines. Clotilde Larrose, directrice des affaires publiques et de la communication d’OCP, souligne : « OCP est le principal répartiteur en France, on a 39 établissements qui couvrent tout le territoire. On est le leader du marché et on approvisionne 14 000 pharmacies en France, deux fois par jour. On représente 32 % de part de marché en France et on a six autres concurrents. On distribue à peu près 2 millions de boîtes de médicaments en France par jour ». Clotilde Larrose confirme que la situation a été très tendue sur la question des autotests : « Chez OCP on est organisés depuis fin novembre en task force, c’est-à-dire qu’on a une cellule de crise dédiée sur la situation. Les mois de novembre et de décembre ont été très difficiles car il y a eu énormément de demandes. On constate, depuis la semaine 45, une évolution rapide de la demande. La semaine suivante, on avait 105 % d’évolution de la demande, puis 42 % par rapport à la semaine précédente. A Clermont-Ferrand, on écoule en ce moment 6 000 autotests par semaine. Pour les autotests, notre mission est de compléter les commandes des pharmaciens car ils s’approvisionnent aussi directement auprès de fabricants et d’importateurs. Le rôle d’OCP est de compléter, d’apporter une commande d’appoint dans une situation d’urgence. En moyenne, 70 % des pharmacies commandent directement auprès du fabricant ».
"Clermont-Ferrand sera doté d’au moins 60 000 autotests cette semaine"
Elle poursuit : « Durant le mois de décembre, on a dû faire face à une difficulté d’approvisionnement. Nos fournisseurs n’étaient pas en capacité d’augmenter significativement leur production et de nous livrer davantage d’autotests. On s’est retrouvés avec des tensions d’approvisionnement, avec des ruptures de stock dans de nombreux établissements. Durant les fêtes, il y a eu un pic de demandes de la part de nos clients. On est parvenu, entre Noël et le jour de l’An, à acheter davantage d’autotests. Maintenant, depuis quelques jours, la situation est un peu plus satisfaisante. On a livré 500 000 autotests sur toute la France la semaine dernière. Cette semaine, on va pouvoir proposer à nos pharmaciens environ 5 millions d’autotests. Clermont-Ferrand sera doté d’au moins 60 000 autotests cette semaine. On a du stock pour faire face à la demande. La situation est en train de se stabiliser. C’est un branle-bas de combat dans la profession ».
Répartir les stocks
OCP commande en France la moitié de ses autotests et le reste est complété par des approvisionnements étrangers, principalement en Asie. Chez OCP, la répartition est au cœur du métier : « On essaie de faire en sorte que tous nos clients soient alimentés correctement. On dit à ceux qui nous passent d’énormes commandes qu’il faut peut-être qu’ils revoient à la baisse. Notre métier est la répartition, ce n’est pas le premier arrivé qui est le premier servi. Il faut que toutes les pharmacies aient un stock minimum. Il n’y a pas de sites prioritaires ». Si la situation s’arrange, c’est parce que OCP a fait appel à de nouveaux fournisseurs : « On est confiants car on a diversifié notre sourcing. On ne distribue pas n’importe quel autotest, on s’assure que tout est bien conforme et que la qualité est au rendez-vous. On a identifié plus de fournisseurs. Pour s’assurer que tous les besoins exprimés sont satisfaits, on a un hub national, situé près d’Orléans. Il est capable en 24 heures d’approvisionner tous nos établissements. Dès que nos fournisseurs nous livrent, ça part en pharmacie ».
Le rôle de la grande distribution
Pour expliquer des tensions sur les autotests, la directrice des affaires publiques et de la communication met en cause la grande distribution : « Au mois de décembre et début janvier, il y a eu une désorganisation du circuit : notre logistique et nos approvisionnements ont été perturbés par les commandes de la grande distribution. Le marché va se stabiliser et se réguler. Tout va rentrer dans l’ordre ». Pierre-Alexandre Aubignat, responsable d’exploitation OCP à Clermont-Ferrand, confirme que la situation rentre dans l’ordre : « Il y a eu des tensions d’approvisionnement en décembre avec une demande multipliée par trois. OCP s’est mobilisé assez tôt sur le sujet. Dès demain, nous pourrons au niveau national distribuer 500 000 autotests par jour et à Clermont-Ferrand on devrait en recevoir 60 000. Le problème est en passe de se résorber ».
"Une demande qui a été croissante depuis mi-novembre"
A Clermont-Ferrand, OCP fournit environ 200 pharmacies du Puy-de-Dôme. Pierre-Alexandre Aubignat indique : « A Clermont-Ferrand, il y a une forte demande de la part des pharmacies. C’est une demande qui a été croissante depuis mi-novembre. Vu que notre métier est de répartir, on a essayé de répartir au mieux les stocks que nous avions ». Il met en avant la grande réactivité de son entreprise : « Le service réception est ouvert de 7 heures à 11 heures, sur les produits à forte demande. Ils sont réceptionnés en 5 à 10 minutes, codifiés dans le magasin et en une heure, une heure et demie, ils sont préparés chez le client ». Selon OCP, le répartiteur a connu les mêmes difficultés l’an passé avec les tests antigéniques. La situation était alors, selon le grossiste, revenue à la normale en moins d’un mois.