Pour les sans-abri, il est souvent difficile de prendre une douche. A Clermont-Ferrand, le camion "douche en vadrouille" installé tous les mardis après-midi, leur permet de réaliser ce geste du quotidien si essentiel.
A Clermont-Ferrand, tous les mardis après-midi, un camion prend place aux Salins depuis septembre. Il s’agit d’un camion baptisé « douche en vadrouille », qui permet aux plus démunis de se laver. Le camion est confié au "Collectif partage et projets" mais reste propriété de la mairie de Clermont-Ferrand. Maxime Romeuf, chef de service pôle premier accueil du "Collectif partage et projets", explique : « Toutes les personnes qui souhaitent prendre une douche à Clermont-Ferrand et qui sont en difficulté peuvent venir au camion tous les mardis à partir de 14 heures. C’est sans rendez-vous. L’information a été donnée à tous les partenaires. Les collègues la diffusent lors des maraudes car on vise un public qui est loin de tout. Ce sont des personnes qui ne souhaitent pas aller dans des centres d’hébergement, qui ne veulent plus aller à l’accueil de jour parce qu’il y a trop de monde ».
Un lien social
Sans ce camion, les personnes allaient à l’accueil de jour ou utilisaient aussi quelques douches situées rue Auger, gérées par le CCAS. Le camion douche répond à une nécessité sanitaire et constitue une première étape pour créer du lien. Maxime Romeuf indique : « C’est un service qui fonctionne. Cela joue son rôle pour ceux qui ont besoin de prendre une douche mais ce n’est pas que cela. Le camion douche a une mission de support pour un lien social. Cela fait venir des gens autour du camion et les travailleurs sociaux en profitent pour créer du lien social et pour certains, commencer à engager des démarches administratives. C’est pour cela qu’on a mis un barnum, avec des tables, avec un chauffage, pour que les personnes puissent rester et que ces gens loin de tout aient un lieu repère au moins une fois par semaine à Clermont-Ferrand ».
Un service qui fonctionne
Le service a été inauguré par la mairie ce mardi 23 novembre. Ce projet solidaire est celui qui a reçu le plus de votes lors de la première édition du budget participatif. Un outil qui remporte déjà un net succès. Maxime Romeuf précise : « Les personnes qui sont venues au camion douche ont apprécié ce service. Il faut qu’elles se l’approprient, que la nouvelle se diffuse. C’est encore très récent. Aujourd’hui, malgré l’inauguration, il y a eu 4 douches de prises, en sachant que le camion peut en faire 10 sur une sortie. C’est déjà pas mal ». Le membre du Collectif partage et projets salue le fait qu’un tel projet ait pu émerger du budget participatif : « Ce que je trouve bien dans ce genre de projet c’est qu’on laisse place à la relation et à l’humain. On n’est pas dans du chiffre, à se dire qu’il faut tant de douches pour rentabiliser le camion ».
Un camion sur-mesure
L’utilisation de ce camion autonome en eau et en électricité pourrait évoluer. Maxime Romeuf indique : « Dans l’idéal, on aimerait que cela fonctionne aux Salins les mardis et les vendredis. C’est un outil très spécifique. Il n’existe en France que 2 camions comme celui-là. C’est le seul avec ce service le plus professionnel possible, avec désinfection, qui existe. Il y en a un de la sorte à Marseille, mais à l’heure actuelle, il ne fonctionne plus ». Dans un communiqué publié mardi 23 novembre, la mairie de Clermont-Ferrand indique : « Clermont-Ferrand est la seule ville de France à s’équiper de ce modèle sur-mesure et breveté. Certes, il existe d’autres véhicules de ce type en France. Mais ils ne disposent pas d’un tel niveau de sécurité et de confort. Ce modèle breveté est en effet assez grand pour proposer des espaces bureau, vestiaire, sanitaire et douche. Il dispose également d’un système de désinfection automatique. Son autonomie est de 400 litres d’eau, soit environ 10 douches ».
Un service qui peut évoluer
Maxime Romeuf nourrit de grands espoirs pour la suite : « Je pense que ce camion fonctionnera si on peut l’ouvrir à d’autres publics. Il pourrait s’ouvrir à d’autres associations du social, comme pour les gens du voyages, des personnes en squat, des mineurs non accompagnés ». Le coût de l’opération pour la Ville de Clermont-Ferrand est de 220 000 € TTC. Un mécénat de la Fondation SNCF a permis à trois employés du "Collectif partage et projets" de passer le permis-remorque, obligatoire pour conduire ce genre de véhicule.